«Il a eu plusieurs projets d'ampleur différente ce vendredi-là», a déclaré l'avocat Geir Lippestad, cité par le quotidien «Aftenposten». «Des choses se sont produites ce jour-là, sur lesquelles je ne veux pas revenir, qui ont fait que les choses se sont déroulées différemment de ce qu'il avait prévu», a-t-il ajouté.
Interrogée en conférence de presse vendredi après-midi, la police norvégienne a dit qu'elle «ne souhaitait pas commenter».
«Ce qu'on peut simplement dire au niveau opérationnel, c'est qu'avec les renseignements obtenus au stade initial de l'enquête et aux éléments publiés (par Behring Breivik ndr), nous avons inspecté une dizaine d'endroits pour voir s'il y avait une quelconque menace, et nous n'avons pas trouvé quoi que ce soit», a dit un responsable de l'enquête, John Frederiksen.
Placé en détention provisoire, Anders Behring Breivik, 32 ans, a avoué être l'auteur de la fusillade le 22 juillet contre des jeunes travaillistes sur l'île d'Utoeya, près d'Oslo, et de l'attentat à la voiture piégée qui a visé juste auparavant le siège du gouvernement. Selon le dernier bilan de la police, 76 personnes sont mortes dans ces deux attaques.
Expertise psychiatrique avant novembre
Deux psychiatres norvégiens ont été chargés d'une expertise de l'homme qui a avoué les attaques perpétrées la semaine dernière en Norvège, pour déterminer s'il est pénalement responsable, a annoncé la police vendredi.
Les deux experts-psychiatres nommés par le tribunal d'Oslo «commenceront leur travail dans une semaine et devront le rendre d'ici le 1er novembre», a déclaré le procureur de la police Paal- Fredrik Hjort Kraby lors d'une conférence de presse.
Si le meurtrier présumé peut aller ou non en justice, «nous devrons laisser les professionnels décider. Quand ils auront fini, nous en saurons plus», a dit le juriste de la police.
Bilan inchangé
Concernant les victimes des drames, son collègue John Frederiksen a indiqué que l'ensemble des corps retrouvés avaient été identifiés et que la police était en contact pour informer les familles, la situation restant «inchangée» pour le bilan lui-même.
Le dernier bilan des deux carnages est de 8 morts dans l'explosion d'une voiture piégée en plein coeur du quartier du gouvernement à Oslo et de 68 morts dans la fusillade sur l'île d'Utoeya où se tenait un camp d'été de la jeunesse travailliste.
Janne Kristiansen, la chef des services secrets norvégiens fait des confidences au journal «El País»
«Il a passé 12 ans à planifier le massacre. Il a été très pointilleux pour ne pas éveiller les soupçons de la police et des services secrets. Il faisait tout dans la légalité. Il achetais tout en petites quantités et par internet. Il a parcouru l’Europe pour se procurer les produits nécessaires. Il était très méticuleux. Donc il est possible qu’il ait tout préparé seul», a expliqué Janne Kristiansen, au journal «El País».
«Nous continuons d’enquêter mais nous n’avons pour le moment aucune piste indiquant qu’il ait eu des complices, ni qu’il existe des cellules terroristes, comme il l’affirme», a-t-elle ajouté.
«Même avec les méthodes de la Stasi nous n’aurions pas pu détecter Breivik »
La cheffe des services secrets norvégiens a précisé que leur tâche était bien évidemment d’éviter que de telles choses se passent. Ils surveillent les groupes d’extrême-droite de Norvège, qu’elle décrit comme peu nombreux, mal organisés et sans leader. «Breivik n’a pas attiré notre attention dans le cadre de cette surveillance. Même en utilisant les méthodes de la Stasi [la police politique de la RDA] nous n’aurions pas pu le détecter», a-t-elle affirmé.
Personne ne suspectait qu’il allait accomplir de tels actes
D’après Kristiansen, il était impossible de prévoir les événements: «Personne, pas même ses amis proches, ne suspectait cet aspect de sa personnalité. Je ne crois pas qu’il soit malade. C’est à un psychiatre de le déterminer, mais n’a encore parlé avec aucun. Je ne crois pas non plus qu’il veuille que son avocat plaide la démence. S’il est déclaré fou, tout son projet de propagande est anéanti .»
Il ne se suicidera pas
«Je pense qu’il est trop lâche pour se tuer, trop amoureux de lui-même pour le faire. Mais nous le surveillons de près vingt-quatre heures sur vingt-quatre», a conclut la cheffe des services secrets.
AFP