Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 21 novembre 2006

LE PROJET L.R.V.

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L'élaboration d'une navette spatiale militaire, pour le bombardement et la reconnaissance.

Ce programme a été lancé le 12 décembre 1962 par l'US Air Force (projet n° 6146) pour la conception d'un engin spatial, qui serait capable de mission de bombardement, en tirant des missiles nucléaires depuis l'orbite terrestre et qui pourrait aussi effectuer des missions de reconnaissance. Ce programme qui sera classé "Secret" est important, dans le sens où il sera la véritable première tentative de militarisation de l'espace, de la part des Etats-Unis. Et le projet ne figurera pas dans le budget officiel de la Défense, les fonds proviendront de ce que l'on appel les "budgets noirs". Le programme s'arrêtera en 1975.

La désignation de cet engin était le LRV, "Lenticular Reentry Vehicle", "Vehicule lenticulaire de rentrée" (sous entendu "de rentrée atmosphérique") et il était précisé qu'il s'agirait d'un "système d'arme offensif".

Il avait été conçu par les ingénieurs de la Division de Los Angeles de North American Aviation, sous contrat avec l'Air Force (contrat n° AF 33 (616)-8323). Le projet était dirigé par le "Flight Accessories Laboritory Aeronautical System Division", lui-même sous les ordres directs du "Air Force Systems Command" de la Wright-Patterson Air Force Base, de Dayton (Ohio).
Les différentes possibilités envisagées au départ.

Pour le développement d'un possible véhicule spécifique, il y aura plusieurs propositions concrètes pour déterminer quel serait ce que l'on appel le système de contrôle atmosphérique et de contrôle thermique (sa résistance à la chaleur pour la rentrée dans l'atmosphère), qui devrait équiper un tel engin, transportant des charges nucléaires.

Il fallait impérativement respecter plusieurs critères et faire cohabiter plusieurs problèmes:

1) Identifier les facteurs environnementales (tel la chaleur solaire et aérodynamique) ayant une influence sur le rejet de la chaleur de la cabine d'équipage;

2) Établir les exigences environnementales de l'équipage et de son équipement;

3) Trouver une intégration pour le système de contrôle thermique et atmosphérique, dans un véhicule réutilisable;

4) Développer des données techniques pouvant aboutir à des réalisations brevetées (dans un but commercial) dans le choix et la dimension du système de contrôle thermique et atmosphérique.

La majorité des études se baseront sur le savoir accumulé par tous les programmes spatiaux entre 1962 et 1975, comme les projets Mercury, Dyna Soar et par la suite Gemini et Apollo.

Le principal intérêt immédiat pour les militaires, était de posséder un véhicule orbital de rentrée capable d'assurer des missions de surveillance mondiale et/ou, de bombardement.

Les différents designs étudiés.

Il y aura plusieurs études sur plans pour des prototypes. Avec différentes configurations, selon la durée de vol, le type de mission et le nombre de membres d'équipage. Ils seront subdivisés en plusieurs types, selon qu'ils devaient servir à la reconnaissance ou au bombardement, les voici:

- Vehicule 1A, équipage de 5 hommes, 6 semaines de mission, version "de surveillance complète";

- Vehicule 1B, équipage de 2 hommes, 1 semaine de mission, version "de surveillance complète";

- Vehicule 2A, équipage de 5 hommes, 6 semaines de mission, version "de surveillance complète";

- Vehicule 3A, équipage de 4 hommes, 6 semaines de mission, version "de bombardement".


Ces quatre versions étaient toute à rentrée atmosphérique, dont la trajectoire devrait être contrôlée par le pilote.

Ces différents concepts devaient obligatoirement respecter trois "comportement orbital" de base.
Premièrement, pour obtenir un véhicule de bombardement habité, dont la cabine de pilotage devait pouvoir gérer les contrôles de base pour voler dans l'espace. Deuxièmement, le local d'armement (la soute à missiles) qui était bien-sûr indispensable, devait se trouver éloignée au maximum de la cabine de pilotage, et devait aussi pouvoir combiner et intégrer plusieurs types d'armes, devant chacune pouvoir être lancées sans problèmes depuis une position en orbite. Et aussi afin d'en faciliter la manipulation et l'entretien. Le troisième étant le type d'armement lui-même.

En fait, l'engin devait être en trois parties: L'appareil proprement-dit, qui contenait tout: l'équipage, la cabine de pilotage et le local d'armement; La cabine de pilotage, qui devait être indépendante, devant absolument pouvoir s'éjecter, pour servir en même temps de module de survie en cas d'incidents; et le compartiment d'armement, qui devait être amovible, pour faciliter le chargement des missiles et aussi la sécurité.

Le LRV devait être un engin réutilisable, qui serait lancée à partir d'une fusée à plusieurs étages, et revenir sur Terre après chaque mission. La forme arrondie aiderait à dissiper la chaleur lors de la rentrée, et pourrait alors agir comme une aile planante une fois dans l'atmosphère. La structure aplatie à l'arrière assurant une stabilité directionnelle et de contrôle. Une minute ou deux avant l'atterrissage, des patins s'étendraient et le LRV atterrirait sur un tronçon de lac asséché. Les missions se déroulant toutes en quatre phases: lancement, mise en orbite, reconnaissance ou bombardement, puis retour sur Terre.

Mais il devait pouvoir servir également de différentes manières. Ainsi, la cabine de pilotage devait avoir un double emploi et pouvoir aussi s'éjecter pour devenir une capsule de survie et procéder à une rentrée dans l'atmosphère terrestre, par plusieurs parachutes (comme toutes les capsules spatiales à l'époque). Il était donc bien précisé que "les critères de conception pour cet élément du système étaient beaucoup plus sévères que celles imposées aux critères des autres véhicules" (l'appareil en entier et le local d'armement). L'appareil pourrait ainsi rester en orbite et être ravitaillé en armement (et d'autres éléments indispensable à la survie: oxygène, nourriture, carburant...) et recevoir un nouvel équipage, par le lancements d'autres vols spatiaux.

La configuration de la navette LRV.

Deux configurations seront choisies au départ, durant la première phase de l'étude, chacune de forme lenticulaire mais avec des ailerons arrières et une cabine de pilotage différentes. C'était les véhicules 2A "de reconnaissance" et 3A, "de bombardement" (plans ci-dessous).











Le choix de cette forme était parce que c'était celle qui donnait le plus de volume utilisable pour le stockage de l'armement, et entre autre, se trouvait être plus accommodant pour l'équipage. Le diamètre était de 40 pieds et le maximum de charges utiles au moment du lancement était de 45000 livres (dont 8056 livres pour quatre armes embarquées). Ce véhicule de bombardement orbital avait une capacité d'armement interne de quatre armes de rentrée atmosphérique dans la soute, qui pourraient aussi se comporter comme un système de contrôle orbital et de maintenance pour recevoir des rangées d'armes téléguidées supplémentaires (au niveau du type de missiles, le local d'armement devait être le plus polyvalent possible).

Ce dernier pouvant être aussi largué et mis en orbite indépendamment, puis téléguidé pour le positionner précisément et qui pourrait alors servir en quelques sortes, de "plate-forme de tir orbitale", sans être obligé de devoir lancé les missiles depuis le LRV lui-même. De plus, toujours dans un souci de polyvalence, le local d'armement pouvait être reconvertit et remplacé par un réservoir de carburant supplémentaire, une fois les missiles largués (qu'ils soient tirés du LRV ou que le local d'armement soit largué pour être mis en orbite).

Plusieurs compartiments se trouvaient dans le LRV: le quartier de vie, la zone de travail, la soute d'armement, et la cabine de pilotage (servant de navette séparable et de capsule de survie). Chacun de ces compartiments pouvaient être isolés des trois autres (pour des raisons de sécurité, à cause du vide spatial) ou bien qui serait devenu inutilisable (le temps de faire d'éventuelles réparations, l'équipage pouvant utiliser les autres compartiments entre-temps).

La décision sera prise, que la durée maximale de chaque mission devait être de six semaines, se dérouler à une altitude de trois cent miles nautiques, avec un équipage de quatre hommes. Ce sera donc en définitive la version 3A qui sera retenu et voici ce qui deviendra alors la réalisation finale (illustration ci-dessous).





La cabine de pilotage pouvant toujours servir de capsule de secours (pour un retour sur Terre avec des parachutes, après sa rentrée dans l'atmosphère) et aussi de petite navette spatiale, pour avoir un véhicule pour faire l'inspection et la maintenance du système d'armes présent dans la soute du LRV (plan ci-dessous).






Le matériau du fuselage était constitué d'une structure en nids d'abeilles composite recouverte de titane. Le bord d'attaque et le dessous étaient recouverts d'un matériau à base de résine phénolique comparable aux boucliers thermiques équipant les capsules spatiales. Cette résine phénolique devrait être remplacée après chaque mission.

En plus des deux boosters de propulsion principaux, il y avait des stabilisateurs horizontaux et verticaux équipaient l'appareil, sur des zones du fuselage, capables de fournir une certaine poussée par de petits moteurs, pour pouvoir contrôler exactement l'inclinaison et la position de l'appareil (comme les capsules en orbite de l'époque). Pour cela, l'engin emportait environ quatre tonnes de tétroxyde d'azote et d'hidrazine pour ces moteurs-fusées de manoeuvre orbital.

Le procédé de lancement du LRV.

Le LRV devait être lancé par une fusée à plusieurs étages, de type "Titan 3 D" (dérivée des fusées "Titan 2", utilisées dans le programme Gemini, mais il est possible qu'ils aient utilisé durant les années suivante la fusée "Saturne V"). En 1964-1965, plusieurs essais en vol auront lieu, pour des retours au sol en vol plané, en larguant le démonstrateur de vol d'une altitude de quarante mille mètres d'altitudes, depuis un ballon stratosphérique. Il y aura une première mise en orbite en 1966 qui était un vol automatique sans équipage qui échoua, la navette s'écrasera au retour dans le désert Australien au sud de Brisbane.

Ce que l'on ignore, c'est comment il avait été prévu de faire parvenir l'appareil à son point de départ, dans son hangar de stockage, une fois son retour au sol effectué. Mais comme un ballon avait été utilisé pour les essais, une possibilité a suggérée qu'il aurait pût étre convoyé, une fois son retour au sol, en le soulevant et le transportant par un ballon lourd, gonflé à l'hélium. Une fois camouflé pour le cacher des regards, un ballon aurait alors permis des trajets de plusieurs centaines de kilomètres, pour ramener le LRV à sa base.

L'armement embarqué du LRV.

Bien que les missiles n'ont pas reçu la dénomination du terme militaire "MRIV", "véhicules multiples de rentrée indépendante", cela correspond à la description du dispositif de missiles nucléaires à ogives multiples, qui existait à l'époque. Avec le LRV, les Etats-Unis aurait alors été en mesure de procéder à des frappes nucléaire dans n'importe quel endroits de la planète, depuis l'espace.

Les sources d'énergies du LRV.

En dehors d'un système de propulsion de module classique alimenté au fuel, il y avait une autre étude pour d'autre source d'énergie orbitale. Deux modes d'énergie séparés avaient été prévu, l'un pour la propulsion et la phase de rentrée et un autre, pour les besoins des six semaines de la mission, qui pourrait être d'origine nucléaire et/ou solaire.

Pour le réacteur nucléaire, il pouvait être activé uniquement en orbite et pouvait aussi être relié dans l'espace à un autre réacteur, pour le recharger en énergie. Et aussi être largué en orbite, pour éviter qu'il s'écrase sur Terre, par mesure de sécurité.

Pour le réacteur solaire, qui sera dénommé "Sunflower", c'était une parabole retractable que l'on pouvait déployée à l'arrière et la pointer vers le soleil (plans ci-dessous), pour collecter l'énergie solaire et la rediriger vers un moteur turboélectrique solaire, qui lui ne pourrait pas être éjecté en orbite. Etant donné qu'en cas de crash, il n'était d'une part non radioactif et aurait été facilement désintégré lors d'une rentrée dans l'atmosphère, en cas d'accident du LRV, d'autre part. Ce système énergétique solaire ne pouvait être intégré dans la cabine de pilotage, du fait de sa grande taille. Il ne devait pas excéder 27 pieds de diamètres et ne pas dépasser 800 livres. L'estimation donnait un rendement avec des orbites de 90 minutes (dont 35 minutes de l'autre côté de la Terre, sur la face caché au Soleil). Durant la phase ou il ne pouvait pas y avoir d'alimentation par les rayons solaires, l'alimentation en électricité devait être fournie par des batteries au Lithium (les autres batteries du système auxiliaire, étaient à l'oxyde de zinc d'argent). L'énergie solaire était transformé par un alternateur en énergie électrique.









La capacité électrique de ses modes de production d'énergie devaient fournir une puissance approximative de sept kilowatts. Avec un système triphasé, pour trois système de courant indépendants de 110 Volts chacun.

La fin du programme.

Ce programme aura été tellement tenu secret qu'on ne sait pas exactement combien il y aura eu de lancement et de mise en orbite. Toujours est-il qu'en 1975, année de la fin du programme, Jean Fraser a trouvé un fragment en forme de nid d'abeille, qui faisait penser à des débris sur le terrain du ranch de sa famille au sud de Brisbane. La région était dans le voisinage de ce qui était alors une zone d'essais secrets en Australie, où les Britanniques et les Américains menaient certaines expériences dans le domaine des armes atomiques. A l'époque, croyant à des débris d'origine extraterrestre, Dick Smith, un homme d'affaires de Sydney, prendra en charge à titre privé une demande auprès de l'Université de New South Wales pour effectuer une analyse chimique. Les débris minéraux contenues découverts dans les débris sont couramment présents dans les plaques de fuselage de qualité aéronautique. On a remarqué une similitude entre la forme en nid d'abeilles et un schéma de coupe transversale, figurant dans l'étude d'ingénierie du programme LRV. Et il y avait la présence de petites quantités de titane.

Dans la région, d'autres débris auraient été récupérés par les militaires Australiens et auraient été renvoyés aux Etats-Unis.

Alors, ces débris retrouvés en 1975, sont-ils ceux provenant de la première mise en orbite du LRV en 1966, ou s'agit-il d'un autre essai plus récent qui aurait eu lieu dans l'intervalle ? Toujours est-il que ces débris en structure de nid d'abeille correspondent aux matériau de construction pour le fuselage du LRV et que cette découverte coïncide curieusement avec l'année de l'arrêt du programme.

La documentation officielle disponible.

Les informations disponibles, proviennent de quelques documents accessibles, suite à la déclassification du projet en mai 1999. Suite à une enquête mandatée par le Congrès sur les projets financés par des "budgets noirs", non approuvés officiellement. Malgré que le Congrès obtiendra la levé du secret, le Pentagone avait toutefois réussi à limiter la distribution des documents aux seuls entrepreneurs de la défense. Par la suite, des enquêteur et des journalistes obtiendront une copie des documents à la suite d'une demande par la loi FOIA.
Actuellement, très peu de documents officiels déclassifiés sont disponibles au sujet de ce programme. Il y a un rapport technique sur le projet LRV, qui fera l'objet d'une publication publique le 28 décembre 2000. Une copie de celui-ci sera obtenu le 3 mai 2001, suite à une longue correspondance avec la base de Wright-Paterson (Ohio), par le biais de la loi FOIA, par le CUFON, "The Computer UFO Network". L'original est archivé au NTIS/DTIC, "National Technical Information Servise/Defense Technical Information Center".

Le gouvernement Américain déclare que l'ensemble de ses dossiers liés aux programmes nucléaires ont tous été déclassifiés, mais une recherche au Département de l'Energie, dans la base de données de l'étude des rayonnements radioactifs sur la santé, indique le contraire. Bon nombre de dossiers, compilées entre 1956 et 1975, sont stockés dans un emplacement sécurisé (le Bâtiment 1001) au Los Alamos National Laboratory à Los Alamos (Nouveau Mexique). Un porte-parole du DOE dira que la raison pour laquelle ces dossiers sont encore classés, était qu'ils avaient tous un rapport avec un système opérationnel militaire.


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