Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 6 novembre 2024

Limogeage du ministre de la Défense Gallant par Netanyahou

 

Des milliers d’Israéliens sont descendus dans les rues suite à l’annonce du limogeage du ministre de la Défense Yoav Gallant par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, dans ce que les manifestants appellent déjà la « Nuit Gallant 2 », en référence aux manifestations similaires de mars dernier.

À Tel-Aviv, des milliers de manifestants ont bloqué l’autoroute Ayalon dans les deux sens, allumant des feux et érigeant des barricades avec des centaines de blocs de béton provenant d’un chantier voisin. La police a utilisé des canons à eau et, fait inhabituel, du « skunk » (liquide malodorant) pour disperser les manifestants, y compris des familles d’otages présentes sur place.

Gallant, qui avait déjà fait l’objet d’une tentative de limogeage en mars 2023, a réaffirmé que « la sécurité d’Israël a été et restera toujours la mission de ma vie », attribuant son renvoi à son opposition à la loi d’exemption du service militaire et à sa position sur l’accord des otages.

israelvalley.com

 

Nouveau char allemand pour l'armée suisse


10x10-Radhaubitze: Artillery Gun Module auf Piranha-IV-Plattform
 

Son choix se porte sur le système AGM Artillery Gun Module sur Piranha IV de l'entreprise KNDS Deutschland. Le Parlement devra approuver cet achat dans le cadre du message sur l'armée 2025

L'Office fédéral de l'armement (armasuisse) a évalué diverses offres et essais. Le système choisi correspond à l'offre la plus avantageuse, indique-t-il mardi dans un communiqué. Un autre système de la même entreprise allemande ainsi qu'un constructeur suédois étaient aussi sur les rangs.

Les montants exacts de l'acquisition n'ont pas été divulgués, ils seront préparés en vue du message sur l'armée. Le système d'artillerie actuellement utilisé avec l'obusier blindé M109 arrivera en fin d'utilisation dans les prochaines années.

ATS

Des soldats nord-coréens en Ukraine à la décrispation Inde-Chine : vents contraires en Indo-Pacifique

 Si Pékin et New Delhi ont posé les armes à leur frontière, si l’Inde et le Pakistan ont cessé les invectives pour un instant diplomatique, une dynamique infiniment plus préoccupante, porteuse d’une infinité de craintes, est aussi à l’œuvre en Indo-Pacifique : de la mer de Chine du Sud à la péninsule coréenne, en passant par la Russie et l’Ukraine, et le détroit de Taïwan.

Bien sûr, comme toujours, les images fortes. Poignées de mains scénarisées à défaut d’être chaleureuses. Sourires de circonstance figés devant une batterie de drapeaux soigneusement disposés. Belles déclarations et autres communiqués conjoints joliment tournés à l’issue de réunions bilatérales ou collégiales « historiques » .Effet garanti. Encore et toujours. En Asie-Pacifique pas moins qu’ailleurs en cet automne 2024 aux tonalités exceptionnellement dissonantes, pour le meilleur, espère-t-on naïvement, ou pour le pire – quand bien même ce dernier ne serait jamais certain, dit-on.

Naturellement, il ne saurait être question de tourner le dos aux si rares bonnes nouvelles (parlons plus prudemment peut-être de développements positifs impromptus et bienvenus) émaillant le quotidien tortueux de cette région du monde davantage exposée aux tempêtes politiques, sécuritaires et diplomatiques, et autres maux encore, qu’aux plus apaisantes conditions anticycloniques.

Quand le dragon et l’éléphant desserrent quelque peu les dents

Parmi les dernières surprises en date et non des moindres, les prémices d’une bien improbable détente sino-indienne. Confirmation in vivo le 23 octobre devant les flashs des photographes et autres caméras des médias : le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi prennent la pause protocolaire face aux objectifs en marge du sommet des BRICS organisé dans la ville russe de Kazan. Deux jours plus tôt, New Delhi et Pékin le faisaient savoir : d’un commun accord – une authentique rareté plaisante à signaler -, le principe d’une désescalade des tensions aux frontières a été décidé, par le biais d’un retour sur le terrain à la situation avant les hostilités de 2020, avec notamment une réduction parallèle des troupes respectives postées de part et d’autre de la frontière.

Cette rare dynamique sino-indienne aux tonalités positives n’était pas même trop durement remise en cause du côté de Pékin par l’ouverture à Mumbai d’un nouveau bureau de représentation taiwanais, le 17 octobre.

Inde-Pakistan : le chef de la diplomatie indienne au « pays des purs », une première depuis 2009

De même, l’Inde s’illustrait une semaine plus tôt là encore au niveau diplomatique sur un autre théâtre hautement sensible : le chef de la diplomatie indienne était présent au 23ème sommet annuel de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), les 15 et 16 octobre à Islamabad, la capitale du voisin pakistanais avec lequel la patrie de Gandhi et Nehru partage depuis trois générations d’homme une noria de différends, contentieux, conflits et autres désaccords en tous genres. La rencontre en marge du sommet entre le ministre indien des Affaires étrangères et le chef de gouvernement pakistanais, les propos étonnamment apaisants, encourageants de certaines personnalités politiques de premier plan du « pays des purs » – dont l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, frère ainé du titulaire actuel du poste, et Bilawal Bhutto Zardari – relayés dans la presse de ces deux voisins autrefois d’un seul bloc, auront pu agréablement surprendre l’observateur, déjà légitimement étonné par cette première visite d’un émissaire indien d’importance au Pakistan depuis neuf ans. Le même observateur des tortueuses affaires d’Asie méridionale aura hélas moins été pris de court par l’attentat meurtrier frappant peu après, le 21 octobre, la partie indienne du Cachemire administrée par New Delhi, attribué à une structure terroriste pakistanaise. Trois jours plus tard, le fléau terroriste s’abattait encore sur la région, près de Baramulla (50 km au nord-ouest de Srinagar), faisant quatre nouvelles victimes. Cette recrudescence du chaos aveugle ne devait certainement rien au hasard : elle sanctionnait encore et encore, comme observé tant de fois, la moindre esquisse de décrispation potentielle entre New Delhi et Islamabad.

Japon–Corée du Sud : à la recherche d’une détente durable ?

En Asie orientale, du côté du « pays du matin calme » et de l’ancien « Empire du soleil levant », l’appel ou la nécessité d’une décrispation face aux incertitudes régionales – défiance sans fin de la Corée du Nord, rapprochement Pyongyang-Moscou, a également trouvé dernièrement quelque écho favorable au plus haut niveau de l’État, à Séoul comme à Tokyo. Des augures plaisants n’allant pourtant pas si aisément de soi dans les deux pays, ont été applaudis des deux mains par Washington, l’allié stratégique commun à ces deux voisins aux relations souvent ombrageuses, lestées par un douloureux chapitre colonial difficile à oublier au sud du 38ème parallèle.

Ainsi, un mois après l’ultime réunion entre le Premier ministre japonais sortant Fumio Kishida et le président sud-coréen Yoon Seok-youl début septembre, le nouveau chef de gouvernement nippon Shigeru Ishiba rencontrait Yoon le 10 octobre en marge du sommet de l’ASEAN au Laos, confirmant la bonne autant qu’inédite dynamique de dialogue du moment entre Séoul et Tokyo.

Chine–Japon : la dynamique nippo-sud-coréenne créé-t-elle une émulation entre similaire entre Pékin et Tokyo ?

On ne pourrait bien sûr que se féliciter d’une telle bonne inspiration, participant alors, à sa mesure, à un élan régional plus porteur d’espoir que de craintes. Alors certes, le 23 octobre, dans la capitale japonaise, lors d’une 17ème session du mécanisme de consultation de haut niveau sur les affaires maritimes, les délégations chinoise et nippone se sontaccordées « à gérer correctement » leurs différences, à maintenir une « communication étroite » sur les affaires maritimes, à « déployer des efforts positifs pour faire de la mer de Chine orientale une mer de paix, de coopération et d’amitié ». De nobles intentions naturellement à saluer, et surtout à traduire sur le terrain après l’avoir si aisément rédigé sur le papier. Le doute est cependant permis.

Il suffit de se remonter à peine une semaine plus tôt, le 16 octobre. Le ministère chinois de la Défense critiquait alors en des termes univoques l’évocation par le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba du projet de création d’une « version asiatique de l’OTAN », une initiative selon lui « essentielle pour dissuader la Chine ». Et du reste, le lendemain, troublante coïncidence, Tokyo déplorait en mer de Chine de l’Est un nouvel accrochage avec Pékin près des îles disputées Senkaku/Diaoyu.

Voilà une dynamique infiniment plus préoccupante, porteuse d’une infinité de craintes : de la mer de Chine du Sud à la péninsule coréenne, en passant par la Russie et l’Ukraine, et le détroit de Taïwan.

Nuages sur l’Asie-Pacifique

L’Asie conserve une série de zones fébriles dont chaque soubresaut, chaque secousse, se prolonge aujourd’hui, d’une manière ou d’une autre, au reste du concert des nations.

Corée du Nord-Corée du Sud. En procédant le 15 octobre à la neutralisation symbolique, la destruction par explosions d’axes routiers et ferroviaires reliant techniquement le Nord au Sud, puis en multipliant depuis lors les messages belliqueux ces derniers jours, la dictature kimiste maintient sa posture hostile et résolue à l’endroit du voisin du Sud. Séoul s’émeut légitimement, comme une majorité de nations occidentales du reste, des informations confirmant l’envoi de troupes nord-coréennes vers la Russie pour, à terme, être déployées aux côtés des forces russes combattant en Ukraine.

Japon-Russie. Le 17 octobre, le ministre japonais de la Défense faisait part sa double inquiétude au sujet de la coopération militaire sino-russe, ces manœuvres conjointes début septembre à proximité de l’archipel, et face au renforcement des liens russo-nord-coréens. Il a également confirmé le soutien de Tokyo à Kiev dans sa guerre contre les forces de Moscou.

Chine-Taïwan. Les 13 heures de manœuvres militaires chinoises aussi massives – 153 appareils chinois, une vingtaine de navires – que suggestives menées le 14 octobre tout autour de Taïwan ont « sanctionné » selon Pékin le discours « provocateur » du président taïwanais formulé plus tôt, le 10 octobre. Elles illustrent à elles seules l’état on ne peut plus sinistré des rapports entre Pékin et Taipei.

Mer de Chine du Sud. Le 13 octobre, la visite à Hanoï du Premier ministre chinois a marqué un renforcement tous azimuts de la coopération bilatérale sino-vietnamienne décidé, en matière de défense et de sécurité notamment. Mais ce déplacement ne saurait naturellement occulter l’ensemble des tensions électrisant les multiples contentieux territoriaux en mer de Chine du Sud, tant s’en faut. Ce ne sont pas les témoignages récents qui font défaut, hélas : deux jours plus tôt, le 11 octobre, un navire de la milice maritime chinoise heurtait délibérément un navire civil philippin du Bureau de la pêche et des ressources aquatiques patrouillant à proximité de Thitu Island. Fin septembre, le Vietnam accusait les forces chinoises d’avoir battu violemment des pêcheurs vietnamiens opérant près des îles Paracels. Au même moment ou presque, le 27 septembre, près d’un autre atoll contesté, Half Moon Shoal, un navire des garde-côtes chinois et deux lance-missiles entravaient deux bâtiments civils philippins en route pour ravitailler des navires de pêche. Et on en passe. Le monde, observateur impuissant, quasi inaudible, s’inquiète. Chaque jour un peu plus, redoutant le pire. Non sans raison ?

Olivier Guillard

asialyst.com

mardi 5 novembre 2024

Économie mondiale : l’Asie plafonne, les États-Unis rebondissent

 

Dans les dernières prévisions du FMI sur l’économie mondiale, l’Asie reste le continent dont la croissance est la plus robuste, avec un net rééquilibrage entre la Chine et les autres pays asiatiques émergents. Mais globalement, l’Asie cesse de progresser en part du PIB mondial depuis 2020. Dans le match Chine/États-Unis/zone euro, l’économie américaine connaît un rebond spectaculaire. Un flash-back depuis 1980 montre clairement une succession de pays clés pour la croissance asiatique : le Japon jusqu’en 1995, la Chine de 1995 à 2021 et désormais une double dynamique Inde-Asean.

Le dernier World Economic Outlook du Fonds monétaire international (FMI) publié le 22 octobre dernier comprend les prévisions de court terme habituelles couvrant 2024 et 2025, mais il s’accompagne aussi d’une base de données considérable couvrant les quarante-quatre dernières années de l’économie mondiale depuis 1980 et des projections à cinq ans jusqu’en 2029 fondées sur l’analyse du FMI sur le potentiel de croissance des différents pays. Un zoom sur les économies asiatiques et sur la compétition internationale avec l’Occident donne des résultats inattendus.

L’économie mondiale est en phase de ralentissement structurel

Premier constat du FMI : la croissance mondiale s’est durablement ralentie après le choc de 2020 et le rebond temporaire de 2021. À l’horizon 2029, les économistes du FMI tablent sur une croissance annuelle limitée à 2,5 %, soit un demi-point de moins que durant la décennie 2010. Ce ralentissement a des facteurs multiples : une progression plus lente de la productivité en dépit des révolutions technologiques en cours, un moindre rattrapage des pays émergents (et en particulier de la Chine), le vieillissement de la population, un rythme d’urbanisation moins rapide et l’impact des aléas climatiques.

Source : FMI WEO octobre 2024

L’Asie reste dynamique, l’amorce d’un rééquilibrage interne

Le FMI prévoit à court terme une certaine stabilité de la croissance mondiale, estimée à 2,7 % en 2024 et 2,8 % en 2025. Si l’on décompose cette moyenne par continent, l’Asie en développement reste la composante la plus dynamique de la croissance mondiale (5,3 % en 2024), nettement devant l’Afrique subsaharienne (3,6 %), le Moyen Orient (2,4 %) et l’Amérique Latine (2,1 %). L’analyse à cinq ans du FMI montre une érosion de cet avantage asiatique : la croissance pourrait se limiter à 4,5 % en 2029 alors que les autres régions en développement rattraperaient pour partie leur retard. Or l’avantage de l’Asie en développement était beaucoup plus spectaculaire dans la période 2006-2015 : la croissance annuelle frôlait les 8 % alors qu’aucun autre continent ne parvenait à dépasser une moyenne de 5 %.

L’autre changement structurel que constate le FMI est le rééquilibrage interne de la croissance asiatique au détriment de la Chine et au profit du couple Inde-Asean.

Source : FMI WEO dataset octobre 2024

Si la Chine caracolait largement en tête jusqu’en 2014, l’Inde atteint un rythme de croissance comparable sur la période 2015-2019, puis nettement supérieur après le choc économique provoqué par le Covid-19 (très violent pour l’Inde). Le différentiel de croissance Chine-Inde atteindrait plus de trois points par an au profit de l’Inde à l’horizon 2029, avec une croissance chinoise qui se rapprocherait de la moyenne mondiale. L’Asean 5 (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande et Vietnam) dépasse à son tour le rythme de croissance de la Chine à partir de 2024. Au sein même de l’Asean, deux pays – Vietnam et Philippines – ont un potentiel comparable à celui de l’Inde, tandis que la Thaïlande freine la progression du bloc Asean 5 avec une croissance molle (2,7 % en 2029).

Le poids de l’Asie dans l’économie mondiale a reculé depuis 2019

Si l’Asie poursuit son rattrapage économique en volume, elle a cessé provisoirement de le faire en valeur. Sa part dans le PIB mondial mesurée en dollars courants a temporairement régressé. C’est un paradoxe car, sur le long terme, le rattrapage des pays émergents s’est opéré par une addition d’effets/volume et d’effets/prix, soit parce que les prix intérieurs augmentaient plus vite que la moyenne mondiale, soit parce que le taux de change de la monnaie nationale progressait, soit une combinaison de ces deux facteurs.

Or sur la décennie 2014-2023, les États-Unis ont connu à la fois une monnaie forte – le dollar a progressé de 13 % par rapport au yuan chinois et de 25 % par rapport au yen japonais –, mais également une économie plus inflationniste que les économies asiatiques depuis 2020. L’indice des prix à la consommation des États-Unis sur la période 2020-2023 a augmenté de 18 % contre seulement 3 % en Chine et 6 % au Japon. Ces deux effets vont très probablement s’atténuer ou disparaître dans les années à venir. L’inflation aux États-Unis revient à sa tendance de long terme et l’effet refuge que joue toujours le dollar en périodes de crise va diminuer (sauf nouveau choc géopolitique ou sanitaire).

Toujours est-il que le poids relatif de l’Asie, et particulièrement de la Chine dans l’économie mondiale, a subi un choc sensible en dollars courants depuis 2020.

Source : FMI World Economic Outlook Database octobre 2024


Les douze principales économies asiatiques, qui représentent 90 % du PIB de l’Asie-Pacifique, ont vu leur part du PIB mondial en dollars courants plafonner à 33 % en 2020-2021 avant de retomber à 30 % en 2024. Dans les prévisions actuelles du FMI, cette part remonterait à un peu plus de 32 % en 2029. Le « trou d’air » du rattrapage en dollars courants pourrait donc durer une décennie.

En parités de pouvoir d’achat, le panorama est évidemment différent. La Chine a dépassé les États-Unis en 2015 et l’Inde se situe déjà à la moitié du PIB américain. L’écart de richesse entre les Asiatiques et les Occidentaux continue à se réduire. Mais l’évaluation en dollars courants est déterminante pour comparer le poids international des économies et leur capacité d’influence mondiale.

Par ailleurs, le retour sur quarante-quatre ans et la projection à cinq ans à laquelle nous invite le FMI dans sa base de données font clairement ressortir les pays clés dans l’histoire du rattrapage des économies asiatiques.

La première vague de ce rattrapage est déterminée par le Japon entre 1980 et 1995. L’économie japonaise représentait 10 % de l’économie mondiale en 1980 et presque 18 % en 1994-1995, avant d’entamer un déclin structurel qui ramène son poids relatif à 3,6 % en 2024.

La deuxième vague est déterminée par le rattrapage de la Chine entre 1995 et 2021, année où le PIB chinois atteint 18,3 % du PIB mondial, soit l’équivalent du poids de l’économie japonaise en 1995. La bascule Japon-Chine intervient à partir de 2010.

La troisième vague intervient depuis 2021. Le poids relatif de l’Inde entame une progression plus soutenue et la part du PIB mondial de l’économie indienne pourrait passer selon le FMI de 3,1 % en 2020 à 4,5 % en 2029. L’Asean 5 poursuit une progression plus lente (3,35 % du PIB mondial en 2029) et la Chine devrait revenir à une tendance positive à partir de 2025, davantage par un rééquilibrage de l’inflation mondiale que par sa propre dynamique économique. Cette troisième vague est donc plus dispersée et moins puissante que les précédentes.

L’étonnante résistance de l’économie américaine

Si l’on s’intéresse au match Chine/États-Unis/zone euro, la capacité de rebond de l’économie américaine saute aux yeux. Les États-Unis ont en 2024 un PIB en dollars courants représentant 26,5 % de l’économie mondiale, soit un point de plus qu’en 1980. Ce n’est pas le cas de la zone euro qui rivalisait avec l’économie américaine au moment de sa création en 1992, mais dont le poids dans l’économie mondiale a chuté de moitié aujourd’hui, avec une bascule zone euro/Chine qui s’opère à partir de 2018. La France pesait le quart de l’économie américaine en 1980. Elle n’en représente plus que 11 % aujourd’hui.

La Chine a certes opéré un rattrapage spectaculaire. Elle représentait les trois quarts de l’économie américaine en 2021 contre 11 % en 1980. Mais les chocs conjoncturels successifs des dernières années ont ramené son poids relatif par rapport aux États-Unis à 63 % en 2024, les prévisions du FMI pour 2029 se situant autour de 70 %.

Source : FMI WEO Database octobre 2024


Comme on l’a vu, une part du rebond américain est artificielle, avec une combinaison d’effets de change et de différentiels d’inflation. Mais une autre part est structurelle. La croissance américaine se situait au double de celle de la zone euro entre 2006 et 2015. Elle frôlait les 3 % en 2023 et devrait atteindre 2,8 % en 2024 contre respectivement 0,4 et 0,8 % pour la zone euro. Le potentiel de croissance du pays devrait rester supérieur à 2 % par an d’ici 2029, selon le FMI, alors qu’il se situe à 1,2 % pour la zone euro et à 3,3 % pour la Chine. Le fort ralentissement de l’économie chinoise anticipé par le FMI pourrait renvoyer aux calendes grecques la perspective d’une Chine devenue la première économie mondiale devant les États-Unis.

Ce contexte mondial souligne l’importance cruciale du résultat de l’élection présidentielle américaine. Une économie toujours centrale dans le monde, une empreinte géopolitique et environnementale globale, qui coexistent avec des fractures politiques et sociales sans précédent, le vertige du repli sur soi et côté Trump, la tentation fasciste.

Hubert Testard

Le Premier ministre tchèque sceptique à l’idée d’un service de renseignement européen

 

Un service de renseignement commun à l’échelle de l’Union européenne (UE) n’est pas réaliste, a affirmé le Premier ministre tchèque Petr Fiala (ODS, Conservateurs et Réformistes européens) au cours d’un débat sur la préparation de l’UE à de futures crises sécuritaires.

Le nouveau plan de sécurité de l’UE présenté la semaine dernière par l’ancien président finlandais Sauli Niinistö prévoit la création d’un service de renseignement entre les états membres de l’UE.

Mais, les autorités tchèques se sont montrées sceptiques à l’idée d’un service de renseignement commun aux 27, préférant privilégier une coopération plus accrue.

« Je soutiens l’approfondissement de la coopération mutuelle entre les services de renseignement, mais je ne pense pas qu’il soit réaliste de construire un service commun véritablement fonctionnel », a déclaré Petr Fiala à Euractiv République tchèque.

Le ministre tchèque des Affaires européennes, Martin Dvořák (Maires et Indépendants, Parti populaire européen) a également exprimé son soutien à une coopération accrue en matière de renseignement, mais a réfuté l’idée d’un service commun européen.

« La création d’un service de renseignement européen commun sur le modèle de la CIA américaine n’est pas à l’ordre du jour et le rapport de [Sauli] Niinistö n’aborde cette question que de manière marginale », a expliqué Veronika Lukášová, une porte-parole de Martin Dvořák.

Le Service tchèque de sécurité et de renseignement (BIS) est également sceptique quant à l’intégration dans ce domaine, rappelant les tentatives précédentes.

« Des propositions similaires ont été évoquées à plusieurs reprises dans le passé, mais elles n’ont jamais été adoptées », a affirmé Ladislav Šticha, un porte-parole du BIS.

Selon Ladislav Šticha, les services de renseignement en Europe coopèrent déjà très étroitement par le biais de diverses plateformes. Il a également souligné que la sécurité nationale était une compétence des états membres, et que la mise en place d’une agence de renseignement de l’UE serait « très problématique ».

 Aneta Zachová 

Dávid Pásztor

euractiv.fr