Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 25 avril 2024

L'aide américaine ne permettra que de maintenir les lignes de défense ukrainiennes

 

L'Ukraine manque de munitions et de soldats. La Russie, en face, a le vent en poupe, conquiert depuis le début de l'année village après village sur le front à l'est et détruit de plus en plus l'infrastructure énergétique ukrainienne. Avec le déblocage du paquet d'aide d'un montant de 61 milliards de dollars par la Chambre des représentants américaine, un répit se dessine en ce qui concerne les munitions d'artillerie et la défense antiaérienne. Mais selon l'expert militaire Markus Reisner, colonel de l'armée autrichienne, l'Ukraine aurait besoin d'aides supplémentaires pour pouvoir passer à l'offensive.

«L'aide qui arrive actuellement permet seulement à l'Ukraine de tenir le front», a déclaré Markus Reisner à n-tv. «Mais on a besoin de bien plus – et surtout de systèmes de défense antiaérienne à l'intérieur des terres du pays. Car l'Ukraine est confrontée à un dilemme.» D'un côté, l'Ukraine a besoin de beaucoup plus de défense aérienne pour pouvoir se défendre contre les attaques des Russes par les airs, explique l'expert militaire. De l'autre, elle aurait également besoin de systèmes lui permettant de contrer les attaques des Russes avec des bombes planantes sur le front.

D'autres batteries de Patriot seraient nécessaires

«La défense antiaérienne est nécessaire de toute urgence aussi bien sur le front que dans les villes. De mon point de vue, il serait très avisé de la part des États-Unis de livrer également une, deux ou trois batteries Patriot supplémentaires.» Selon Markus Reisner, cela permettrait à l'Ukraine de protéger le pays en profondeur. Ce n'est qu'à cette condition qu'elle pourrait poursuivre la guerre.

Pour le moment, la défense antiaérienne de moyenne et haute portée est surtout déployée autour des villes et des centres industriels, explique Markus Reisner. «En raison de la pression massive à laquelle les soldats ont été soumis sur le front par l'utilisation des bombes planantes russes, on a toutefois été contraint à plusieurs reprises ces derniers mois de réduire la défense aérienne autour des villes et d'amener des batteries sur le front afin d'y tendre des embuscades.»

Les armes arriveront-elles à temps?

L'expert fait en outre remarquer que les Russes ont réussi à détruire «pas mal» de lance-roquettes et de radars. Pour les Ukrainiens, une telle perte pèse bien plus lourd que du côté russe.

Comme de nombreux autres experts, Markus Reisner part du principe que la Russie lancera prochainement une offensive. L'aide renouvelée arrivera-t-elle à temps pour la contrer? «Il y aura des ressources qui arriveront assez rapidement, par exemple des obus d'artillerie ou même des missiles sol-sol ATACMS». D'autres armes, comme la défense antiaérienne supplémentaire, viendront dans un second temps. «Les avions de combat F16 déjà promis en août dernier ne sont toujours pas arrivés en Ukraine.»

Georg Nopper

blick.ch

Le Hamas détiendrait trente officiers israéliens

 

La source, qui a souhaité garder l’anonymat, a indiqué dans une interview accordée à Al-Araby al-Jadeed qu’« il n’est bien sûr pas possible de déterminer avec précision le nombre de prisonniers vivants, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est supérieur aux chiffres annoncés par les médias hébreux ». 

« Le mouvement détient, à lui seul, environ 30 généraux et officiers du Shin Bet, qui ont été capturés le 7 octobre. Ces prisonniers sont détenus dans des endroits hautement sécurisés et hors de portée des forces d’occupation, et leur accès est impossible en toutes circonstances », a noté ce responsable du Hamas avant de préciser que Benjamin Netanyahu et ses ministres cachent de nombreuses informations sur l’identité de certains prisonniers pour éviter de provoquer la colère des militaires.

La seule façon de libérer les prisonniers israéliens est de passer par des négociations sérieuses qui conduisent à un cessez-le-feu complet et à la reconstruction de la bande de Gaza. « La reprise des opérations du régime sioniste dans le nord et le centre de la bande de Gaza après avoir déclaré ces zones « nettoyées et sûres » est un signe de son échec », a-t-il indiqué.

mondafrique.com

mardi 23 avril 2024

Le secret qui a fait exploser la droite française

 


Egger Ph.

Diffusion et diversification des aéronavales

 

Les marines sont actuellement engagées dans un double mouvement de diffusion et de diversification de la puissance aéronavale. Le secteur se montre donc particulièrement dynamique, mais connaît aussi un certain nombre de limites, liées à l’industrie, au financement, mais aussi à des facteurs doctrinaux. En ce sens, la période impose de revenir aux fondamentaux, afin de voir quels sont les développements potentiels.

L’affaire est entendue : un porte-­avions est prestigieux, attire l’attention – notamment des auteurs : environ 60 articles les concernant ont été publiés dans nos pages –, mais ses fonctions sont souvent oubliées. Historiquement, il est d’abord un instrument de guerre navale, avec un rôle de capital-­ship s’articulant autour d’une série de fonctions telles que la supériorité aérienne, l’éclairage (trouver la flotte adverse) et la lutte antinavire. Avec le temps et le développement des technologies adaptées, d’autres s’y adjoindront : guerre navale évidemment, avec la lutte anti-­sous-­marine (ASM), mais aussi de frappe terrestre, qu’il s’agisse d’attaquer des bases dans la profondeur, y compris des bases navales, ou bien plus loin. De ce point de vue, le tournant est nucléaire, mais il ne va pas de soi. La fin des années 1940 et le début des années 1950, aux États-­Unis, correspondent à un moment où l’atome est vu comme la solution stratégique la plus simple. Dans pareil cadre, le porte-­avions ou les forces amphibies deviennent superfétatoires.

En Europe, la situation est différente : les guerres de décolonisation le rendent toujours utile, mais on sent également qu’elles ne dureront pas toujours et que justifier la présence de ces bâtiments ne sera pas aisé. Deux situations différentes, mais une réaction similaire. Cependant, l’US Navy entend bien jouer elle-­même la carte du nucléaire stratégique et, contexte international faisant, on s’aperçoit rapidement que l’engagement conventionnel continue d’avoir toute sa place – notamment en Corée – et que le porte-­avions y est un instrument essentiel. Même constat en Europe : dès 1956, dans le cadre de la crise de Suez, Londres et Paris s’aperçoivent que les porte-­avions, même lorsque l’on dispose de bases terrestres, conservent là aussi une utilité. Par ailleurs, il apparaît rapidement que la flexibilité du porte-­avions est un outil déclaratoire particulièrement précieux : que le message soit de soutien ou d’intimidation (1), le porte-­avions a une sémiotique propre. Des deux côtés de l’Atlantique, on s’aperçoit par ailleurs que les ambitions navales soviétiques imposent aussi de disposer d’une capacité de combat en haute mer, ainsi que d’une capacité d’escorte des convois américains devant renforcer le front européen. C’est encore sans compter le fait de devoir faire face aux marines d’autres perturbateurs (2).

À cela s’ajoute l’évolution de l’aviation elle-­même : les performances s’accroissent, comme la gamme des armements. Le porte-­avions devient un véritable couteau suisse, entre guerre navale, frappe terrestre, voire dissuasion nucléaire – un rôle assumé jusqu’à la fin de la guerre froide aux États-­Unis et encore de nos jours en France. Attribut, donc, de grande puissance navale, mais attribut également coûteux : mettre en place un groupe aéronaval impose de disposer de plusieurs types de bâtiments, de gros volumes de personnels et d’importants budgets consacrés à l’entraînement. S’ajoute également l’évolution des menaces : le porte-avions partage un destin proche de celui du char de bataille, à la mort souvent annoncée du fait de l’arrivée de nouvelles technologies.

Mines et sous-­marins étaient déjà problématiques, mais l’apparition du missile antinavire, tiré depuis des avions ou des bâtiments de surface, a renforcé les craintes, d’autant plus lorsqu’il est devenu supersonique, puis hypersonique, voire encore balistique (3). Reste aussi que lors de la guerre des Malouines, aéronavale entre toutes, les porte-­aéronefs britanniques n’ont pas été atteints en dépit de quelques tentatives argentines – l’Argentine qui elle-­même n’osa pas faire sortir le Veinticinco de Mayo du port. Reste également que les pays qui développent des capacités anti-­porte-­avions développent eux aussi leurs propres capacités aéronavales, à commencer par l’URSS, mais aussi la Chine. Une fois de plus, le développement capacitaire est additif et cumulatif et non pas séquentiel (4).

Au bilan, la diffusion des aéronavales était rampante : aux puissances historiques qui se sont maintenues – États-­Unis, Royaume-­Uni, France, Inde, Brésil – il a fallu ajouter la Russie, la Chine, l’Inde. Encore que cette diffusion se soit faite dans le contexte de dynamiques partiellement contradictoires. D’un côté, Londres et Delhi revoyaient à la baisse leurs ambitions dans les années 1970 et 1980, en s’appuyant sur des Sea Harrier ouvrant la voie au concept de Sea control ship (5) (SCS), ce qui leur permettait de conserver des capacités d’aéronavales embarquées moins importantes, mais surtout moins coûteuses. D’un autre, la Russie ou, bien plus tard, la Chine, allaient adopter un porte-­avions STOBAR (Short take-­off but arrested recovery), lui aussi moins coûteux – un tremplin remplace la catapulte –, avec pour conséquence de voir les options réduites à des missions de guerre navale, la solution retenue excluant la frappe terrestre…

La diffusion s’accompagne donc d’une diversification des modalités de mise en œuvre. Elle se poursuit de nos jours, et fait, là aussi, montre de dynamiques spécifiques, voire contre-intuitives :

• les États-­Unis et la France renouvellent leurs capacités CATOBAR (Catapult assisted take-­off but arrested recovery), qu’il s’agisse des bâtiments ou des appareils embarqués – la France expérimentant des systèmes de sixième génération alors que le F/A‑XX américain est encore dans les limbes ;

• l’Inde passe au STOBAR, à l’instar de la Chine, laissant augurer un gain capacitaire… en attendant que Pékin passe au CATOBAR avec sa troisième unité. En outre, avec le passage au STOBAR, l’Inde désire s’équiper du Rafale, appareil qui n’était initialement pas destiné à ce type de bâtiments ;

• les utilisateurs d’appareils à décollage court et atterrissage vertical connaissent une réelle progression, avec l’arrivée du F‑35B, supérieur aux Sea Harrier et autres AV‑8B Harrier II… et parfois avec des bâtiments aux tonnages plus importants que ceux des porte-avions STOBAR, comme les Queen Elizabeth. Le « porte-­aéronefs » devient ainsi, parfois, supérieur au porte-avions… ;

• de nouvelles puissances tentent d’apparaître. Au développement des capacités japonaises – lesquelles étaient dans une logique de seuil depuis la fin des années 2000 –, il faut ajouter les ambitions sud-­coréennes, qui pourraient être déjà mort-nées…

• des acteurs de troisième rang (Brésil, Thaïlande) abandonnent leurs capacités. La Russie fait face à des difficultés qui font s’interroger sur l’avenir non seulement du Kuznetsov, mais aussi sur la mise sur cale d’un successeur ;

• enfin, de nouveaux concepts apparaissent, centrés sur l’usage de drones. Ces derniers vont intégrer bon nombre d’aéronautiques navales, y compris les plus anciennes, mais fourniront aussi à certains pays – comme la Turquie par exemple – l’occasion de se doter d’une aéronautique navale embarquée. L’avenir dira si cette option, où la sécurité des liaisons de données conditionne la conduite des missions, se révèle pertinente ou si elle est encore trop avant-gardiste.

Finalement, il faut aussi se garder d’essentialiser la plateforme et ses appareils : elle n’a de sens que dans une représentation géostratégie du Soi et de l’Autre, et dans une conception doctrinale affinée, qu’il s’agisse d’opérations navales ou d’opérations aériennes ambitionnant la frappe dans la grande profondeur. À bien y regarder, les États qui ont su faire prospérer leurs forces aéronavales sont aussi ceux qui ont été capables de réfléchir à leur emploi. Après tout, Hervé Coutau-­Bégarie ne disait-il pas que « plus l’investissement matériel est grand, plus l’investissement intellectuel doit suivre » ? 

Notes

(1) Typiquement, le déploiement du Clemenceau en protection du jeune État djiboutien, ou celui d’un bâtiment britannique face au Koweït, menacé par l’Irak… en 1962. Dans les deux cas, la manœuvre déclaratoire a produit les effets stratégiques souhaités. On pourrait ajouter les déploiements américains dans le golfe de Syrte ou le détroit de Taïwan, en plus de la mer de Chine méridionale. Reste aussi que ces déploiements, s’ils ne débouchent pas fréquemment sur des ouvertures de feu, ne sont stratégiquement pertinents que par la crédibilité d’un groupe aéronaval en cas d’ouverture de feu…

(2) En 1988, l’opération américaine « Praying Mantis » touche directement les capacités navales iraniennes et est dans une large mesure de nature aéronavale.

(3) Voir notamment Joseph Henrotin, « Faut-il envoyer les porte-­avions à la ferraille ? », Défense & Sécurité Internationale, no 93, juin 2013 ; Benoist Bihan, « Les porte-­avions dans la tourmente du débat stratégique américain » et « Les groupes aéronavals américains face au défi du déni d’accès », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 33, décembre 2013-janvier 2014

(4) Joseph Henrotin, « Le futur des technologies militaires n’est plus ce qu’il était », Défense & Sécurité Internationale, hors-­série no 81, décembre 2021-­janvier 2022.

(5) Joseph Henrotin et Philippe Langloit, « Les Sea Control Ships et les concepts dérivés : quels obstacles ? », Défense & Sécurité Internationale, hors-­série no 20, octobre-novembre 2011.

Joseph Henrotin

areion24.news

lundi 22 avril 2024

En matière de dépenses militaires, l’Ukraine a presque fait jeu égal avec la Russie en 2023

 

L’an passé, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI] avait expliqué que les dépenses militaires mondiales venaient de connaître leur plus forte progression depuis au moins trente ans [+ 3,7 % en termes réels], pour s’établir à 2240 milliards de dollars en 2022 [soit 2,2 % du PIB mondial]. Évidemment, la guerre en Ukraine n’était pas étrangère à cette évolution, tout comme les tensions observées dans l’Indo-Pacifique. Mais on n’avait encore rien vu…

En effet, dans la dernière étude qu’il vient de publier, le SIPRI a déterminé que les dépenses militaires mondiales ont atteint le niveau record de 2443 milliards de dollars en 2023, après avoir connu une hausse significative de 6,8 % en termes réels par rapport à l’année précédente. Cette fois, toutes les zones géographiques sont concernées, avec des augmentations « particulièrement importantes » en Europe, en Asie, en Océanie et au Moyen-Orient », souligne l’institut suédois.

« L’augmentation sans précédent des dépenses militaires est une réponse directe à la détérioration de la paix et de la sécurité internationales », a commenté le Dr Nan Tian, chercheur principal au programme dépenses militaires et production d’armement du SIPRI. Il avait dit exactement la même chose dans l’édition 2022 de cette étude… « Les États donnent la priorité à la force militaire, ce qui risque d’alimenter la spirale ‘action-réaction’ dans un contexte géopolitique et sécuritaire de plus en plus instable », a-t-il ajouté.

Cette neuvième hausse consécutive des dépenses militaires depuis l’annexion de la Crimée est en grande partie due à la guerre en Ukraine ainsi qu’à la défiance entre les pays membres de l’Otan et la Russie.

Ainsi, avec un montant de 109 milliards de dollars, le budget militaire russe a augmenté de 24 % en 2023 [et 57 % depuis 2014]. Il représente 16 % des dépenses gouvernementales et 5,9 % du PIB. C’est ce qui a permis au Kremlin de passer à une « économie de guerre » et, partant, de reconstituer ses forces plus rapidement que ne l’avaient prévu les services de renseignement occidentaux.

Sur ce point, le Commandant suprême des forces alliées en Europe [SACEUR], le général américain Christopher Cavoli, a récemment souligné que le budget militaire russe allait dépasser les dépenses sociales pour la première fois depuis la fin de la Guerre Froide. Et d’ajouter que les perspectives de croissance de l’économie russes sont solides, avec une hausse attendue du PIB de 2,6 % en 2024, selon les projections du Fonds monétaire international.

Quant à l’Ukraine, ses dépenses militaires ont augmenté de 51 % en 2023, pour s’élever à 64,8 milliards de dollars, ce qui représente 58 % de budget général et 37 % de son PIB. Toutefois, a relevé le SIPRI, l’aide militaire reçue par Kiev a presque rééquilibré les deux plateaux de la balance.

« L’Ukraine a également reçu au moins 35 milliards de dollars d’aide militaire au cours de l’année, dont 25,4 milliards de dollars des États-Unis. Ensemble, cette aide et les dépenses militaires de l’Ukraine équivalent à environ 91 % des dépenses militaires russes », a calculé l’institut. Cependant, cette quasi-parité budgétaire n’empêche pas que le rapport des forces reste favorable à la Russie, du moins sur le plan quantitatif.

Quant à l’Otan, certains de ses membres ont fait le nécessaire pour porter leurs budgets militaires à au moins 2 % du PIB, conformément aux engagements pris lors du sommet de Newport, organisé en 2014. Cet effet s’est accentué depuis le début de la guerre en Ukraine.

Ainsi, en 2023, l’effort de défense des Alliés a atteint le total de 1341 milliards de dollars, soit 55 % des dépenses militaires mondiales. Ce chiffre devrait encore augmenter cette année, étant donné que l’Otan compte désormais la Finlande et la Suède parmi ses membres.

Porté à 916 milliards de dollars en 2023 [+ 2,3 %], le budget militaire des États-Unis a représenté 68 % des dépenses totales de l’Otan. Quant aux membres européens de l’Alliance, « leur part combinée dans le total » de ces dépenses « est de 28 % ». Soit le chiffre le plus élevé depuis dix ans. « Les 4 % restants proviennent du Canada et de la Turquie », a précisé le SIPRI.

À noter que la Pologne se distingue des autres membres européens de l’Otan, son budget militaire – 31,6 milliards – ayant progressé de 75 % d’une année sur l’autre, ce qui est « de loin la plus forte augmentation annuelle » de tous les pays du Vieux Continent.

« Pour les États européens de l’Otan, ces deux dernières années de guerre en Ukraine ont fondamentalement modifié leurs perspectives en matière de sécurité. Cette nouvelle perception de la menace se traduit par le fait qu’une part croissante du PIB est consacrée aux dépenses militaires, la règle des 2 % de l’Otan étant de plus en plus considérée comme une référence plutôt que comme un objectif à atteindre », a expliqué Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme dépenses militaires et production d’armement du SIPRI.

À noter toutefois que seulement 11 membres de l’Otan ont atteint, voire dépassé, le seuil des 2 % du PIB. Mais plus important encore est sans doute la part des dépenses militaires dédiée aux investissements, laquelle a été fixée à 20 %. Sur ce plan, ils sont 28 à avoir atteint cet objectif [contre seulement 7 dix ans plus tôt].

Cela étant, le budget du Pentagone ne concerne pas la seule Otan, les États-Unis ayant fait de l’Indo-Pacifique une de leurs priorités. Dans cette région, la Chine, dotée du second budget militaire au niveau mondial, a alloué environ 296 milliards de dollars à ses forces armées.

Cependant, les chiffres avancées par le SIPRI sont différents de ceux livrés par Pékin, sachant que, en 2023, le montant des dépenses militaires chinoises devait s’établir officiellement à 225 milliards de dollars. Comment expliquer ce delta de 71 milliards ?

Quoi qu’il en soit, pour le SIPRI, « les dépenses de la Chine représentent la moitié du total des dépenses militaires de la région Asie et Océanie ». Et elles justifient l’effort de défense des pays de l’Indo-Pacifique qui s’estiment menacés par les visées chinoises.

Ainsi, le Japon a augmenté le budget de ses forces d’autodéfense de 11 % en 2023, celui-ci ayant dépassé les 50 milliards de dollars. Même chose pour Taïwan, qui a porté ses dépenses militaires à 16,6 milliards de dollars [+ 11 %]. L’Inde n’est pas en reste, avec une hausse de 4,2 % de son budget militaire, celui-ci approchant désormais les 84 milliards de dollars.

Enfin, les tensions au Moyen-Orient ont incité la plupart des pays de la région à renforcer leurs capacités de défense. Ce qui s’est traduit par une hausse globale de leurs budgets militaires de 9 %. « Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle jamais enregistrée dans la région au cours des dix dernières années », a noté le SIPRI.

L’Arabie saoudite occupe la première marche du « podium régional », avec un budget militaire 27,7 milliards de dollars [+ 24 %], Israël arrivant en seconde position. Quant à l’Iran, il reste le « 4e plus grand dépensier militaire au Moyen-Orient », avec 10,3 milliards de dollars. Plus du tiers de ce montant [37 %] est « absorbé » par le Corps des gardiens de la révolution.

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