Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 1 décembre 2025

Les robots humanoïdes : le rêve démiurgique réalisé

 

Associés à la robotique, les systèmes d’intelligences artificielles rendent actuel ce qui relevait jusqu’alors de la science-fiction : l’avènement des robots humanoïdes, mais surtout leur démocratisation et leur généralisation. Avec quelles conséquences ?

Dans sa Théorie générale de la population, l’économiste et démographe français Alfred Sauvy affirmait : « Despote conquérant, le progrès technique ne souffre pas l’arrêt. Tout ralentissement équivalant à un recul, l’humanité est condamnée au progrès à perpétuité. » (1)

Certes, il serait nécessaire de s’entendre sur ce que veut dire « le progrès », mais la sentence tombe comme une condamnation sans appel, à l’heure où l’humain est toujours plus près d’atteindre son vieux rêve démiurgique de créer un être artificiel qui serait, selon la formule religieuse, « à son image ».

La longue tradition de rationalisme scientifique qui nous porte à croire que l’humain n’est rien d’autre qu’un composé d’une substance matérielle et d’une substance immatérielle, toutes deux duplicables par des artifices techniques, associée à une croyance profondément ancrée dans le progrès technique comme panacée des maux de l’humanité, nous ont amenés à développer des technologies souvent fascinantes, et parfois inquiétantes.

On prête à Albert Einstein l’affirmation selon laquelle « le progrès technique est comme une hache qu’on aurait mise dans les mains d’un psychopathe ».

Au vu des avancées récentes en matière d’intelligence artificielle (IA), on serait tenté de lui donner raison.

En octobre 2022, à l’occasion du Tesla AI Day, Elon Musk présentait deux prototypes du robot humanoïde Optimus, dont Tesla envisage de produire « des millions d’unités », avec pour objectif assumé de « transformer la civilisation », d’offrir « un avenir d’abondance, un avenir où il n’y a pas de pauvreté, où les gens auront ce qu’ils veulent en termes de produits et de services ». Vaste projet s’il en est, qui démontre à quel point la robotique est entrée dans certaines cultures et témoigne de notre acculturation lente mais irréversible à la cohabitation programmée avec ces humains artificiels. Cohabitation qui ne peut qu’interroger, tant ses impacts — au moins ceux prévisibles — sont préoccupants.

Produits de la foi dans le progrès technique et d’une certaine forme d’hédonisme d’une partie de l’humanité, les machines anthropomorphes dupliquant tant le corps que l’esprit humain sont ainsi en passe d’investir le quotidien de millions de personnes. En 2024, le même Elon Musk annonçait d’ailleurs la production de 10 000 unités d’Optimus d’ici fin 2025, robot rendu de plus en plus accessible par l’industrialisation de la production qui permettrait de le commercialiser en dessous de 20 000 dollars.

Vous avez dit « robot humanoïde »?

Le robot humanoïde, c’est-à-dire « ressemblant à l’humain » (qu’il soit androïde, avec l’apparence d’un homme, ou gynoïde, avec l’apparence d’une femme), est né dans les années 1990 au Japon, avec pour objectif de remplacer l’humain dans l’accomplissement de certaines tâches répétitives et dangereuses.

Rendus célèbres par la pop culture, notamment américaine, les robots d’apparence humaine (anthropomorphes) font désormais partie de notre univers mental. Du célèbre Terminator aux « réplicants » de Blade Runner, en passant par les hôtes biomécaniques de Westworld, le robot Sonny du film I, Robot, ou encore les humanoïdes de la série Real Humans : 100 % humain, de Goldorak du studio Toei Animation à Astro Boy d’Osamu Tezuka, ces duplications physiques et intellectuelles de l’humain sont sujettes à tous les fantasmes.

Pour autant, le robot humanoïde n’est pas un fantasme récent. L’idée même d’un être artificiel semblable, au moins physiquement, à l’humain est ancienne. On le retrouve 2000 ans avant l’ère chrétienne dans le Mythe d’Atrahasis, également appelé Poème du Supersage, dans lequel les dieux créent l’humain, sous forme de figurines masculines et féminines, pour exécuter les tâches laborieuses (2). Les humains sont alors conçus pour être les objets servant des dieux, comme l’automate puis le robot humanoïde seront des objets servant des humains.

On retrouve cette même idée de l’homme créé à partir d’eau et de terre par Prométhée dans la mythologie grecque, auquel Athéna insufflera la vie, ainsi que dans la tradition judéo-chrétienne (Genèse 2:4-25).

Puis ce sera au tour de l’humain de créer un être pour le libérer de certaines tâches et le servir. Ce seront les fameux automates du dieu Héphaïstos, servantes en or et autres tripodes animés destinés à servir les mets aux dieux de l’Olympe, mentionnés dans l’Illiade d’Homère dès le VIIIe siècle avant l’ère chrétienne.

L’histoire de l’humanité sera ainsi traversée par cette volonté de créer un être artificiel, pour servir l’homme, mais aussi pour le divertir, comme ce fut le cas à la Renaissance avec l’apparition de machines extraordinaires aux rouages obscurs et qui laissaient à penser que leurs actions relevaient d’une forme de magie ou de l’aboutissement d’un processus intelligent. On ne peut ici s’exempter de faire une comparaison avec l’intelligence artificielle, tout aussi obscure pour le commun des mortels, et porteuse du même mythe de l’intelligence.

Des automates d’Héron d’Alexandrie au robot Nao, en passant par Al-Jazari et son Livre de la connaissance des mécanismes ingénieux ; le Lion d’Or de Léonard de Vinci ; les karakuri ningyō [poupées mécaniques] japonaises ; les automates de Vaucanson ou de Pierre Jacquet-Droz ; les robots de Karel Čapek ; la thaumatopoeïque, branche de la mécanique qui imite les mouvements du vivant, a toujours fasciné l’humain au point de lui faire créer ces machines humanoïdes aujourd’hui sur le point d’envahir nos vies.

De multiples impacts sur la scène internationale

Cette incursion massive des robots humanoïdes dans nos univers n’est évidemment pas sans conséquence. Sans se perdre dans un exercice de futurologie hasardeux, et bien que de manière générale, vu la vitesse à laquelle évoluent les technologies, tout devient envisageable, il est tout de même possible d’identifier, sans prétention d’exhaustivité, quelques-uns de ces impacts. 

Sur le plan militaire, la possibilité de remplacer les soldats par des machines ne peut laisser indifférent. Que des robots humanoïdes puissent se substituer aux humains pour affronter les risques de la guerre permet autant d’épargner des vies humaines que d’offrir aux politiques un moyen confortable d’abaisser le seuil d’entrée en guerre, mais aussi de se soustraire aux responsabilités inhérentes à l’envoi de troupes combattantes. Il ne faudra pas longtemps pour que des robots tels le célèbre Atlas de Boston Dynamics, aujourd’hui propriété de Hyundai, soient équipés d’armes et envoyés au combat.

Pour autant, la possibilité de conflits entre robots ne semble pas réaliste, étant entendu que la guerre doit, pour faire plier l’adversaire, toucher à l’humain. En contrepartie, l’utilisation de robots humanoïdes contre des humains est envisageable mais serait couteuse financièrement.

Par ailleurs, l’utilisation de telles machines permettrait de s’affranchir du cadre actuel du droit international, notamment des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels, qui, à l’image des discussions en cours depuis vingt ans au sujet des systèmes d’armes létales autonomes, ne prévoient pas l’utilisation de ces technologies.

Autre risque à envisager, la prise en charge de la défense et des affaires militaires par les grandes entreprises technologiques et les acteurs privés fournissant les équipements et logiciels nécessaires au fonctionnement des soldats humanoïdes. La dépendance de certains États à ces entreprises privées nous ferait glisser toujours plus avant vers une privatisation de la guerre et la perte de contrôle des États sur les activités réga-liennes de défense.

Dans le même temps, le recours à des robots de combat humanoïdes permettrait, dans certains cas, de garantir une supériorité stratégique sur certains acteurs non ou moins pourvus.

Enfin, il serait à craindre, dans certains pays, une perte de l’esprit de défense qui pourrait s’avérer problématique.

Au-delà de la dimension militaire, sur le plan diplomatique, les robots humanoïdes alimentés par de l’intelligence artificielle pourraient être utilisés pour siéger en lieu et place d’humains dans des instances internationales, réalisant le rêve japonais porté notamment par le roboticien Iroshi Ishiguro doublé de son avatar robotique Geminoid, que chaque être humain puisse disposer d’un robot à son image pouvant le suppléer. 

Là encore, le risque de voir les acteurs de la sphère technologique derrière ces robots s’emparer des questions diplomatiques ne peut être ignoré.

Une cohabitation dont les modalités restent à définir

Nous sommes désormais, au moins dans certaines parties du monde, acculturés à la présence des robots. À tel point que nous ne nous inquiétons au mieux que très rarement de leur impact sur nos existences. Il est à parier que les générations à venir n’y prêteront même plus attention et que les robots humanoïdes seront pleinement intégrés dans leurs vies, comme l’est l’IA.

La multiplication de ces machines dans tous les secteurs d’activités tend à les démocratiser autant qu’à les banaliser. Cette acculturation sera d’autant plus facile que, culturellement, la relation au robot est dans certains cas, comme au Japon, déjà normalisée. Qu’il s’agisse de pallier une main-d’œuvre vieillissante ou une démographie en perte de vitesse, de s’affranchir de tâches contraignantes ou à risques, ou simplement de réaliser le rêve démiurgique de la création d’un être artificiel utile ou divertissant, les raisons ne manquent pas pour dynamiser la robotique humanoïde.

Aujourd’hui déjà, et parfois sans même que nous ne nous en rendions compte, ces robots humanoïdes sont très présents. Les robots Phoenix de l’américaine Sanctuary AI — qui s’est fixé pour mission de « créer et déployer des millions de robots humanoïdes de qualité industrielle pour aider à relever les défis croissants en matière de main-d’œuvre » — ; Ameca de la société anglaise Engineered Arts, « concepteur et fabricant de robots humanoïdes de divertissement » ; Figure 02 de la société californienne éponyme qui prétend « ramener enfin des robots à la maison » ; le H1 du chinois Unitree Robotics ; ou encore les célèbres Pepper et Nao du français Aldebaran, sont autant d’exemples parmi d’autres de la dynamique du secteur. 

Tous les secteurs d’activité sont désormais concernés : sécurité et défense ; soins médicaux et rééducation ; assistance aux personnes âgées ou en situation de handicap ; éducation ; industrie et service client ; recherche et développement ; logistique… Les robots humanoïdes font désormais partie de notre monde.

Encore reste-t-il à déterminer les modalités de cette cohabitation portée et poussée par certains acteurs, privés comme publics, parfois peu enclins à envisager les impacts négatifs d’une telle incursion de ces machines dans nos vies. 

Conclusion

Aucune technologie n’est neutre. Les robots humanoïdes ne font pas exception.

La voie est désormais ouverte et avec l’arrivée progressive des agents IA, la société 5.0 telle qu’imaginée par le Japon point à l’horizon. La prédiction du professeur Ishiguro selon laquelle « à l’avenir, tout le monde au Japon aura un androïde » semble devoir s’étendre inexorablement au-delà de l’archipel nippon. Que l’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, le vieux rêve démiurgique de l’humain créant un être à son image est en passe de se réaliser.

La question demeure de savoir si à terme, ces machines pourraient échapper à notre contrôle et devenir des menaces. Là encore, tous les scenarii sont possibles. 

Ainsi que Heidegger l’écrivait, la volonté d’être maitre de la technique « devient d’autant plus insistante que la technique menace davantage d’échapper au contrôle de l’homme » (3). Avec les robots humanoïdes, le risque que notre désir de puissance démiurgique soit défié par ces êtres mêmes que nous prétendons créer pour nous servir, semble se profiler à l’horizon… pour le meilleur et pour le pire.

Notes

(1) Alfred Sauvy, Théorie générale de la population, volume 1 : « Économie et croissance », Presses Universitaires de France, 1963, p. 358.

(2) Ipiq-Aya, Mythe d’Atra-Hasis, Sippar, – 1635 av. J.-C. Traduction de Jean Bottéro et Samuel N. Kramer, Lorsque les dieux faisaient l’Homme : mythologie mésopotamienne, Paris, Gallimard, 1989.

(3) Martin Heidegger, « La question de la technique » [1953], Essais et conférences, Gallimard, trad. André Préau, 1958, p. 9-48.

Emmanuel R. Goffi

areion24.news

Le SRC surveille 922 personnes qui diffusent des idées djihadistes en ligne

 

Ce jeune homme de 18 ans fait partie des «utilisateurs suspects», comme les qualifie le Service de renseignement de la Confédération (SRC). Cela désigne les personnes qui diffusent des idées djihadistes sur Internet et se mettent en réseau avec des personnes partageant les mêmes opinions. Au printemps, la police a arrêté le jeune Argovien qui s'était radicalisé via les réseaux sociaux. Comme l'a rapporté le «Tages-Anzeiger», le double national suisse et turc avait téléchargé sur le web un mode d'emploi pour fabriquer des explosifs. Le Bureau du procureur fédéral mène l'enquête, le suspect est en détention préventive.

La plupart des «utilisateurs suspects» ne sont pas radicalisés: ils ne représentent pas une menace et ne nourrissent pas des projets d'attentats. A ce jour, 922 personnes font l'objet d'une surveillance par le SCR dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Cela représente 30 personnes de plus qu'en mai dernier. Le SRC a publié les dernières statistiques il y a quelques jours sur son site web.

En déplacement sur Internet

Le monitoring existe depuis 2012 et identifie les utilisateurs de sites Internet djihadistes, de réseaux sociaux et de forums de groupes terroristes. Le nombre de personnes enregistrées augmente constamment, principalement parce que les jeunes ont facilement accès aux réseaux concernés, analyse le SRC.

Ces plateformes permettent aux utilisateurs d'accéder à d'autres mondes, d'échanger avec des personnes partageant les mêmes idées et de créer des réseaux virtuels au-delà des frontières nationales. Pour le SRC, ce sont ces incitations qui motivent les jeunes à fréquenter de tels canaux TikTok ou Telegram.

Depuis début novembre, Serge Bavaud est à la tête du SRC. Le nouveau directeur doit restructurer le service, motiver un personnel mécontent et lutter contre les conséquences des troubles géopolitiques. Les menaces et les tensions ne diminuent pas avec son entrée en fonction.

Andreas Schmid

blick.ch

Des messages du Hamas diffusés dans des arrêts de bus israéliens

 

Mercredi, la signalisation numérique à plusieurs arrêts de bus en Israël a été piratée et a diffusé des messages, à commencer par des enregistrements audio du porte-parole du Hamas, Abu Obeida, et des critiques du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du président américain Donald Trump, a confirmé l’entreprise de signalisation aux médias israéliens.

L’incident a été rapporté par la Quatorzième chaîne, un média pro-Netanyahu, qui a diffusé les images du passager d’un bus à Modiin, mercredi soir. Dans cette vidéo longue d’une minute, on entend une voix dire en anglais : « Au diable Trump et Netanyahu. »

La voix semble sortir d’un écran LED de la station de bus qui indique normalement l’heure d’arrivée des bus et permet aux passagers de recharger leur carte de transport Rav Kav.

Le message en langue anglaise est suivi de brefs enregistrements d’Abu Obeida, commençant par l’invocation coranique « Au nom d’Allah, le plus gracieux, le plus miséricordieux », renforcée par divers effets sonores et accompagnée de sons stridents semblables à des sirènes et des battements, avant un appel aux armes des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas : « Al-Qassam — à Allah, l’unique, le tout-puissant… » pour la bien-aimée Jérusalem. » et de la musique arabe.

« On dirait que des hackers iraniens ont piraté l’écran de la station de bus. J’en reste sans voix », dit le passager, Tamar Boaron, à la Quatorzième chaîne, laquelle précise que la Direction nationale de la cybersécurité a été informée de l’incident.

Abu Obeida – nom de guerre de Hudayfa Samir Abdallah al-Kahlout – a été tué par une frappe israélienne dans Gaza-City en août dernier, près de deux ans après le pogrom commis en Israël par le Hamas, le 7 octobre 2023, ce qui a déclenché la guerre à Gaza.

Toujours masqué, le porte-parole d’al-Qassam était très connu et apprécié dans le monde arabe.

Dans d’autres images relayées par la chaine N12, jeudi, tournées non loin du centre commercial Ayalon de Ramat Gan, on a pu entendre des sons semblables à ceux diffusés par la Quatorzième chaine.

Une passagère du nom de Hila, qui a signalé l’incident à la municipalité, a déclaré que ses trois amis et elle avaient eu très peur.

« Nous étions effrayés et sous le choc. Il nous a fallu du temps pour réaliser que c’étaient des chants arabes et des imprécations contre le gouvernement et Netanyahu », explique-t-elle. « Quand nous avons réalisé ce qui se passait, nous nous sommes dit qu’il fallait le signaler. Il n’y avait personne d’autre à la gare, et lorsque les gens passaient, personne ne répondait. »

Israël a connu un regain des cyberattaques pendant la guerre à Gaza et est aujourd’hui le deuxième pays le plus victime d’attaques, après l’Ukraine, selon la Direction de la sécurité nationale.

Oren Naveh, le PDG d’IM Segev, la société propriétaire de l’opérateur de signalisation des arrêts de bus Urban Digital, a confirmé à la chaine N12 que quelques écrans « dans plusieurs villes, dont Ashkelon et Modiin », avaient été touchés par un piratage entre 8:30 h et 21 h 40, heure à laquelle Urban Digital a fermé ses serveurs.

« J’ai fait venir des cyber experts pour s’en occuper. Une centaine de personnes sont restées éveillées toute la nuit pour s’en occuper. L’incident fait toujours l’objet d’une enquête, mais à notre avis, il s’agit de hackers d’un pays hostile qui ont à leur actif le piratage de plusieurs organisations israéliennes », a expliqué Naveh à la chaine N12.

En raison de l’arrêt du serveur, le site Internet d’Urban Digital était hors ligne au moment de la mise sous presse.

Selon Naveh, les serveurs seront rétablis dès lors qu’une équipe technique se sera assurée « qu’il ne reste plus aucune trace d’un pays hostile ».

L’Autorité nationale des transports publics a déclaré à la chaîne N12 que, « suite à une cyber-attaque contre un fournisseur de panneaux d’affichage électroniques », le ministère des Transports a donné l’ordre que toute signalisation numérique dans les gares routières soit suspendu « jusqu’à ce que la sécurité de l’information du fournisseur ait été renforcé et la menace, supprimée. »

fr.timesofisrael.com

Les désastres causés au Sénégal par l’élevage intensif du Saumon

 

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La France est le pays d’Europe où l’on consomme le plus de saumons. En serait-il de même si chacun savait comment ils sont élevés, comment leur production est un défi au bienêtre animal (densité, maladies) ? Si l’on avait idée de la façon dont travaillent les multinationales qui possèdent l’essentiel des « fermes » salmonicoles, des fjords norvégiens au Chili, en passant par les lochs écossais ? Il est loin le temps où les saumons sauvages s’ébrouaient dans nos rivières et dans les mers. Dans ce livre, dense et fouillé, Maxime Carsel nous dévoile la face cachée de ces élevages où pesticides, hormones et manipulations génétiques se cumulent.

Sans compter les effets nocifs induits pour les nourrir : de la pêche intensive au large des côtes du Sénégal – au détriment des populations locales – de crustacés et petits poissons pour fabriquer la farine animale avec laquelle sont nourris les saumons d’élevage, à l’utilisation intensive de soja, l’une des causes de la déforestation en Amazonie…

Maxime Carsel est un documentariste spécialisé en environnement et société. Journaliste free-lance, il a travaillé pour M6 et a signé plusieurs films documentaires pour Arte, Public Sénat ou France 3 et des reportages dans l’émission La Terre au carré sur France Inter. Il a également écrit pour Siné Mensuel, Blast et Reporterre.

On connaissait l’accaparement des terres, mais il existe aussi l’accaparement des mers. En Afrique, certains pays maritimes en payent le prix fort. C’est le cas du Sénégal où la pêche est pratiquée par plusieurs communautés. Plus qu’une activité économique, c’est une tradition héritée et transmise aux nouvelles générations. La pêche est la première activité du pays.

A l’horizon, flottant sous drapeaux étrangers, les chalutiers se comptent par dizaine. Ils pillent les côtes sénégalaises et expédient leur chargements vers les marchés étrangers. Pourtant 600000 sénégalais, soit 20% de la population, vivent du poisson qui fournit 70% des protéines du pays à lui seul. La petite sardine appelée yaboye vient chaque année se reproduire et pondre au large de la Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie. Aujourd’hui ce poisson est surexploité. Les pêcheurs traditionnels rentrent les filets vides et regardent au loin les chalutiers dévorer la mer. Leur pays est passé de la pêche de consommation à la pêche de commercialisation.

Un « détournement de poisson »

 

Un rapport dénonce les impacts du chalutage de fond sur la pêche artisanale au Sénégal La flotte sénégalaise de chalutiers de fond, l’une des plus importantes d’Afrique de l’ouest avec un total de 99 navires titulaires d’une licence de pêche en 2019, est essentiellement contrôlée par des acteurs étrangers provenant de l’UE et de la Chine, par le biais d’accords de sociétés mixtes jugés opaques 


Pour l’ONG Greenpeace Afrique, il s’agit d’un « détournement de poisson » (stolen fish). « Chaque année, les grandes entreprises volent plus d’un demi-million de tonnes de poisson aux populations d’Afrique de l’Ouest. Cela suffit à nourrir 33 millions de personnes. Mais au lieu de cela, ce poisson est transformé et donné à manger aux animaux en Asie et en Europe. Les scientifiques prédisent que les stocks de poissons au large de l’Afrique de l’Ouest seront bientôt définitivement détruits. » écrit l’association dans une pétition en ligne[1] qui n’a rapporté que 10 000 signatures. Sans poisson, c’est la famine qui se profile. En seulement dix ans, les prises de petits pélagiques est passée de 18 kg par personne et par an à 9 kilos ![2]

Depuis 2019, la Mauritanie s’est engagée dans l’Initiative pour la Transparence des Pêches (FiTi) pour accroître la transparence dans le cadre d’une gestion plus durable des pêches. Le Sénégal n’y est pas. Les bacchanales peuvent donc continuer.

Alors, courageux et bien décidés à se défendre, les pêcheurs artisanaux sénégalais vont, à bord de leurs 17 000 pirogues à moteur, chercher le poisson bien au-delà de la frange des six milles nautiques que la loi de 1970 leur réserve. Dans une zone entre le Sénégal et le Cap vert, ils tentent de grappiller ce que les chaluts ont bien voulu leur laisser. Mais les prises restent faméliques et la misère s’installe. « La consommation de poissons au Sénégal seul a diminué de 50 % au cours de la décennie 2009-2018, en raison d’une réduction de la disponibilité de petits poissons pélagiques », reprend le rapport de l’ONG française Seastemik[3]. Cette cohabitation forcée provoque des accidents et les trois quarts des pêcheurs indiquent que leurs lignes ou leurs filets ont été endommagés par un chalutier.

Comble de la malchance, plusieurs centaines d’entre eux ont été touchés par « la maladie des pêcheurs » en 2021 après avoir manipulé des filets dérivants. Ils ont développé des inflammations et des lésions cutanées aux mains, avant-bras et même sur les jambes. En cause, une algue toxique qui a proliféré à cause notamment du dérèglement climatique mais aussi du fait de de l’accroissement des flux liés au transport maritime ![4] Les chalutiers endossent donc ici une double responsabilité.

Les migrations des pêcheurs

Bon nombre de pêcheurs du Sénégal, de Gambie ou de Guinée désœuvrés et impuissants décident finalement de fuir cet enfer pour rejoindre l’Europe. En juillet 2023, un bateau transportant 150 personnes s’est perdu dans les eaux bleues foncées de l’océan Atlantique. Parmi elles, 50 pêcheurs sénégalais originaires de la ville de Fass Boye. Un mois plus tard, le bateau a été retrouvé au large du Cap-Vert avec à son bord la moitié des personnes mortes de faim et de soif, dont plusieurs enfants. [5]

Parmi les « pilleurs de mer », plusieurs entreprises mondiales sont aux manettes : EWOS/Cargill (USA), Olvea (France), BioMar (Danemark) et Skretting (Norvège). Leur objectif est simple, pêcher le plus possible. Cinq tonnes de poissons sont nécessaires pour produire une seule tonne de farine.

Depuis novembre 2024, le Sénégal n’autorise plus les bateaux-usines de l’Union Européenne de pêcher dans leurs eaux.

« Le navire de l’enfer »

Parmi eux, « le navire de l’enfer », le plus gros chalutier du monde qui mesure plus de 145 mètres de long. Il peut stocker 7000 tonnes poissons à son bord en pêchant 400 tonnes de poissons par jour[6].  Son nom : L’Annelies Ilena. Propriété française de la Compagnie des pêches de Saint-Malo depuis 2024, il ne peut pas rentrer dans le port de la ville à cause de sa taille imposante. Aujourd’hui il racle le Golfe de Gascogne à la recherche de merlans bleu pour la fabrication de surimis.

Si les bateaux de l’UE ont été priés de rentrer chez eux, il reste sur place les nombreux bateaux chinois qui détiennent le record mondial de la pêche non-réglementée selon la Global Initiative Against Transnational Organized Crime[7]. La Chine et le Sénégal n’ont signé aucun accord. Pour se servir discrètement, les chinois ont plusieurs techniques dont celle de renommer leurs bateaux avec des noms locaux. « À chaque fois qu’on est en mer, on voit des Chinois dans des bateaux » s’est insurgé Mor Mbengue, le Président du Comité Local des Pêches Artisanales de Kayar[8], ville côtière située à 50 kilomètres au nord de la capitale. Pour la première fois, l’ensemble de la flotte chinoise de pêche lointaine chinoise a été localisé et identifié[9] dans un rapport. Les auteurs sont tombés sur le chiffre colossal de 16 966 navires sillonnant le monde, qu’ils pensent même en-dessous de la réalité. Le long des côtes d’Afrique de l’Ouest, de Gibraltar au Cap, le pays du Milieu disposerait à lui seul une flotte de six cents bateaux.

Si les autorités parviennent parfois à stopper les chalutiers chinois comme en 2017 lorsque sept navires ont été arraisonnés alors qu’ils pêchaient sans autorisation dans les eaux sénégalaises[10], chacun tente, avec ses moyens, de stopper l’hémorragie. C’est le cas de Nyang Njie, un citoyen gambien qui envoie régulièrement des photos et des vidéos stupéfiantes sur sa page FaceBook[11] où l’on voit les bateaux de pêches chinois foncer sur les pirogues des petits pêcheurs trop curieux.

La farine sera vendue pour les saumons mais aussi les animaux terrestre ou utilisée également comme engrais grâce à sa forte concentration en azote et phosphore.

Des tonnes de petits poissons

De retour sur Terre, les pirogues déchargent leur contenu. Dans les filets, outre la sardinelle on y trouve des tonnes de bongas, petit poisson riche en acide gras que les pêcheurs appellent Cobo ou Fassou caba en dialecte Wolof. Il est très présent dans les eaux océaniques en bordure d’Afrique de l’Ouest et représente un ingrédient idéal dans la recette pour fabriquer la précieuse farine et les huiles animales. Une fois capturés et triés, ces bongas partiront sans doute dans l’une des huit usines de fabrication de farine du Sénégal ou des trois de Gambie voire des trente-cinq situées en Mauritanie. Parmi elles, Omega Fishing basée à Joal-Fadiouth au Sénégal, ville natale du poète et ancien président Léopold Sédar Senghor, et qui abrite le plus grand centre de transformation de produits halieutiques. En d’autres termes, Joal-Fadiouth est la capitale sénégalaise du poisson.

Installée au cœur de la commune, l’usine Oméga fait grincer des dents. Un collectif d’habitant s’est formé et dénonce « l’odeur de mort » qui est répandue dans toute la ville. Leur revendication est simple : faire sortir l’usine loin de la ville. Le collectif a rejoint la Coalition nationale contre l’implantation des usines de farine et d’huile de poissons qui demandent, entre autres, d’appliquer les recommandations issues des concertations sur la problématique des usines de farine et d’huile de poisson en octobre 2019 et de fermer toutes les usines de farine et d’huile de poisson ouvertes après ces concertations[12].

Un rapport[13] explosif du la Direction des Industries de Transformation des Pêches du Sénégal en  2022 a démontré que les exportations de farine de poisson ont augmenté de 86 % et celles d’huile de poisson de 129% sur une seule année. Le pays est devenu le deuxième fabricant de farine d’Afrique de l’Ouest après la Mauritanie. Le gouvernement de jeune président Diomaye Faye encourage «la production d’aliments pour poissons au niveau local par la création d’unités industrielles ». Pour l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (APRAPAM), c’est absurde car il faut d’abord nourrir les populations locales au lieu de les donner à mange aux poissons d’élevage des pays riches[14].

Examen de conscience 

Ce livre est un plaidoyer pour un changement de modèle, une prise de conscience urgente sur l’avenir des écosystèmes aquatiques, et un examen de conscience sur notre rapport à la consommation.

[1]« Protect the Oceans – Protect fishing communities »  https://pages.greenpeaceafrica.org/protect-west-africa-fish

[2]«Mise en marché des petits pélagiques côtiers au Sénégal : Formes de valorisation et enjeux autour de la ressource » University of Portsmouth, El Hadj Bara Deme, Moustapha Dème. 12/2021

[3]https://seastemik.org

[4]«La mystérieuse maladie des pécheurs sénégalais la coupable es une microalgue marine toxique » IRD.fr. 13/02/2025

[5]« Sénégal : le village de Fass Boye pleure ses fils morts en mer » AfricaNews.com, 13/08/2023

[6]«« Le navire de l’enfer”, le plus grand chalutier du monde » La Charente Libre, 31/01/2024

[7]https://globalinitiative.net

[8]«Le Sénégal publie une liste de 151 bateaux de pêche agréés, polémique sur les équipages étrangers » RFI, 08/05/2024

[9]«China Distant Water Fishing Fleet – Scale, impact and governance » Overseas Development Institute, Miren Gutierrez, Alfonso Daniels, Guy Jobbins, Guillermo Gutierrez Almazor, Cesar Montenegro, 06/2020

[10]« Pêche illégale : sept chalutiers chinois aux mains de la marine sénégalaise » AfricaNews.com, 13/08/2017.

[11]https://www.facebook.com/Daddy.Njie

[12]« Coalition contre les usines de farine de poisson : Memorandum contre les usines de farine et d’huile de poissons », maritimafrica.com, 07/06/2024

[13]«Rapport statistique annuel des exportations de produits de la pêche année 2022 » Direction des Industries de Transformation de la Pêche

[14]«Senegal’s exports of fishmeal and fish oil « explode » » Coalition For Fair Fisheries Arrangments. 13/06/2024

Nicolas Beau 

mondafrique.com

L'agence de renseignement de l'Union européenne, un instrument au service de la sécurité du continent

 

Connu sous le nom de "Centre de l'Union européenne pour l'analyse des renseignements" (EU-Intcen), cet organe est placé sous l'autorité du Service européen pour l’action extérieure (SEAE).

Espion. Selon le Financial Times, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a l'intention de créer son propre service de renseignement, pour rassembler les informations des services secrets nationaux des États membres. Objectif : mieux coordonner les informations stratégiques des Vingt-Sept et renforcer la sécurité du continent face à des menaces croissantes.

Renfort. Or l'UE dispose déjà d'une agence spécialisée dans le renseignement. Connu sous le nom de "Centre de l'Union européenne pour l'analyse des renseignements" (EU-Intcen), cet organe est placé sous l'autorité du Service européen pour l’action extérieure (SEAE). Il a succédé au Sitcen (centre de situation de l'UE) qui dépendait depuis 1999 du Conseil des ministres de l'UE.

Travail d'équipe. Contrairement à une agence de renseignement classique, le Centre n'effectue pas d'opérations secrètes. Il compile et analyse plutôt les informations transmises par les services nationaux, les délégations de l'UE, les services de police mais aussi des sources ouvertes (réseaux sociaux et presse). Une approche destinée à dégager une compréhension partagée des risques, tout en préservant la souveraineté des États.

Haut représentant. Toutes ces informations sont transmises au haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, qui dirige le SEAE. Une fonction actuellement occupée par l'Estonienne Kaja Kallas.

Ressource précieuse. Les synthèses de l'Intcen alimentent les décisions du Conseil et de la Commission en matière de politique étrangère et de sécurité. En situation de crise, il contribue à la coordination européenne et au suivi des évolutions internationales.

Florian Chaaban

touteleurope.eu