En 2024, le Commandement de l’Espace [CdE] prit part à une « opération bilatérale de rendez-vous de proximité » [RPO] en orbite, dans le cadre d’un exercice organisé par la force spatiale américaine [US Space Force]. Le ministère des Armées donna très peu de détails sur cette manœuvre orbitale inédite, si ce n’est qu’elle illustrait le « partenariat étroit » entre la France et les États-Unis dans le domaine spatial.
Cela étant, lors de la 40e édition du Space Symposium, organisé à Colorado Springs en avril dernier, le chef du Commandement spatial américain [US SPACECOM], le général Stephen Whiting, expliqua que cette opération bilatérale avait consisté à manœuvrer « à proximité d’un engin spatial d’un concurrent stratégique ». Puis, plus tard, l’US Space Force qualifia cette RPO de « hautement complexe » et de « révolutionnaire ». Et d’ajouter qu’elle avait permis à la France de prouver qu’elle pouvait être un allié suffisamment « crédible » dans l’espace pour adhérer à la Force multinationale » Operation Olympic Defender » [MNF-OOD].
Pour rappel, créée par les États-Unis en 2013, la MNF-OOD est une opération militaire permanente visant à renforcer la coopération dans le domaine spatial entre les pays participants, la France et l’Allemagne ayant fini par rejoindre le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Depuis, le général Jérôme Bellanger, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], a succinctement évoqué cette première RPO franco-américaine, lors d’une récente audition parlementaire.
« Dans l’espace […], il faut revenir sur la réussite d’une opération de signalement stratégique avec les États-Unis d’Amérique, qui n’avaient jamais procédé à des vols en patrouille sur l’arc géostationnaire, pour perturber les satellites de nos compétiteurs », a-t-il en effet affirmé.
En octobre, après avoir effectué une RPO avec le commandement spatial de la Royal Air Force [RAF], l’US SPACECOM fit savoir que des manœuvres orbitales allaient de nouveau être organisées avec la France. Celles-ci viennent d’avoir lieu.
Selon l’État-major des armées [EMA], ayant impliqué deux satellites, à savoir un français et un américain, ces manœuvres conjointes en orbite ont constitué « la première opération menée dans le cadre de la force multinationale Olympic defender MNF-OOD ».
« Cette opération remarquable reste une première de son genre puisqu’il s’agit d’une manœuvre de satellite coordonnée au niveau multinational et planifiée entre les 7 nations partenaires de la MNF-OOD. Elle démontre la capacité à répondre et à manœuvrer conjointement dans l’espace et illustre l’engagement de la France et des États-Unis à rendre opérationnelle la MNF-OOD », a fait valoir l’EMA.
Et d’ajouter : « Cette opération prouve également la capacité de la France à mener des opérations dynamiques et responsables pour décourager les adversaires d’agir contre nos intérêts spatiaux ».
Ces manœuvres orbitales ont également été évoquées par l’US SPACECOM. « Les États-Unis et la France ont récemment achevé une autre opération bilatérale en orbite sous le commandement de la MNF-OOD, démontrant non seulement la capacité de notre coalition à planifier et à exécuter des opérations spatiales dynamiques et responsables mais aussi notre engagement indéfectible à nous tenir côte à côte pour défendre nos intérêts communs dans l’espace », a-t-il avancé, via le réseau social LinkedIn.
Là encore, aucun détail sur la nature de ces manœuvres n’a été livré par l’US SPACECOM et la partie française.
Cependant, d’après les observations de l’entreprise américaine COMSPOC, spécialisée dans le suivi des objets spatiaux en orbite, cette RPO aurait impliqué le satellite français de télécommunication Syracuse 3A [dont la fonction a été reprise par Syracuse 4A en 2021, ndlr] et le satellite américain USA 324, lequel a récemment approché un engin chinois.
« Les deux satellites ont effectué trois séries de manœuvres : du 11 au 14 novembre, du 22 au 23 novembre et du 28 au 29 novembre. Dans tous ces mouvement, USA 324 a semblé suivre Syracuse 3A. Les manœuvres effectuées par USA 324 étaient décalées d’un jour. Il s’est approché à environ 25,1 km du satellite français », a confié COMSPOC à Breaking Defense.