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lundi 29 décembre 2025

La Corée du Nord dévoile les images d’un sous-marin à propulsion nucléaire

 

En juillet 2019, l’agence de presse officielle KCNA diffusa des photographies montrant le chef du régime nord-coréen, Kim Jong-un, en train d’inspecter le chantier navale de Sinpo, où la construction d’un « nouveau » sous-marin, pouvant emporter au moins trois missiles balistiques de type Pukkuksong-1, était sur le point de s’achever.

En réalité, il s’agissait d’un sous-marin de type Romeo modifié, avec l’ajout d’une tranche supplémentaire d’environ six mètres de long à l’arrière de son massif et de tubes lance-missiles, a priori logés dans ce qui était un second compartiment de batteries.

Puis, en 2023, la Corée du Nord lança le Hero Kim Kun Ok, un autre sous-marin de type Romeo modifié. Mais, doté de dix tubes de lancement vertical [quatre grands et six petits], ce dernier n’avait rien à voir avec celui dévoilé quatre ans plus tôt.

À l’époque, Pyongyang avait décrit le Hero Kim Kun Ok comme étant « l’un des principaux moyens offensifs sous-marins » de ses forces navales, grâce à sa capacité à lancer des missiles balistiques Pukguksong ou des missiles de croisière Hwasal-2, susceptibles d’être dotés d’une tête nucléaire.

Cela étant, le Hero Kim Kun Ok n’était pas le premier sous-marin nord-coréen capable d’emporter des missiles : le 8.24 Yongung [« Héros du 24 août »], appartenant à la classe Sinpo [ou Gorae], l’avait précédé de quelques années. A priori, il aurait tiré un Pukguksong-1 en août 2016, alors qu’il naviguait en mer du Japon, puis, cinq ans plus tard, un Hwasong-11S. La dernière fois qu’il a fait parler de lui remonte au 14 mars 2023, quand il a lancé deux missiles de croisière lors d’un exercice.

Pour le régime nord-coréen, la priorité est de doter ses forces navales de sous-marins à propulsion nucléaire. C’est une « tâche urgente », avait même dit Kim Jong-un, lors du lancement du Hero Kim Kun Ok.

En mars dernier, et comme elle le fit en juillet 2019, KCNA publia des photos de Kim devant la partie basse de la coque d’un sous-marin de grande dimension, son diamètre ayant été estimé à 12,5 mètres environ. L’agence de presse nord-coréenne précisa qu’il s’agissait ni plus ni moins d’un « sous-marin lance-missiles stratégique à propulsion nucléaire ».

Or, la Corée du Nord n’est pas censée maîtriser la propulsion nucléaire, contrairement aux États-Unis, à la France, au Royaume-Uni, à la Chine, à l’Inde et… à la Russie. Justement, l’appui militaire fourni par Pyongyang à Moscou pour reprendre les territoires conquis par les forces ukrainiennes dans la région de Koursk, en 2024, a peut être donné lieu à des transferts de technologie dans ce domaine. À moins qu’une aide technique russe n’ait été prévue par l’accord de partenariat stratégique global conclu par les deux pays l’an passé.

« Au-delà d’un saut technologique, ce sous-marin incarne une transformation doctrinale nord-coréenne à travers laquelle le régime de Kim Jong-un affirme son intention de faire de la dissuasion maritime un pilier central de sa stratégie militaire et de sa marine ‘une force d’élite dotée de l’arme nucléaire' », a noté la Revue de la Défense nationale, en août dernier.

Et d’ajouter : « Surtout, ce projet, potentiellement soutenu par la Russie, intervient dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées et soulève des questions cruciales sur la prolifération nucléaire et les mécanismes de désarmement ».

Quoi qu’il en soit, sur de nouvelles images diffusées par la télévision centrale coréenne KCTV le 25 décembre, on voit Kim Jong-un inspecter une coque de couleur rouge présentée comme étant celle d’un sous-marin de 8 700 tonnes.

Pour le moment, il n’est pas possible de connaître avec précision l’état d’avancement de ce sous-marin, qui ne ressemble à aucun modèle en possession de la marine nord-coréenne et qui, selon certains clichés, semble être doté de dix tubes lance-missiles, répartis de part et d’autre de son long massif.

Cependant, selon l’Associated Press, Moon Keun-Sik, un ancien sous-marinier devenu analyste à l’université Hanyang, estime qu’il « est probablement sur le point d’être entièrement équipé ».

En outre, une autre question est encore sans réponse pour le moment : où et comment les sous-mariniers nord-coréens vont-ils apprendre à manœuvrer un sous-marin à propulsion nucléaire ? À titre de comparaison, en France, la formation du premier équipage du SNLE « Le Redoutable », lancé en 1967, avait débuté à la fin des années 1950, à l’École des applications militaires de l’énergie atomique, créée en 1956.

Reste que cette opération de communication autour de ce sous-marin survient au moment où les États-Unis ont accepté d’aider la Corée du Sud à construire ses propres sous-marins nucléaires d’attaque. « Nous considérons cette capacité offensive ultrapuissante comme le meilleur rempart pour la sécurité nationale dans le développement des forces armées », a d’ailleurs fait valoir Kim Jong-un, dans une allusion aux ambitions de Séoul.

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