En 2008, lors d’une opération menée pour libérer des otages retenus par des pirates somaliens après l’abordage du voilier Le Ponant, un commando marine avait réussi à loger une balle dans le moteur du véhicule 4×4 des ravisseurs avec un fusil McMillan TAC-50… depuis un hélicoptère Panther.
Effectuer un tir aussi précis malgré les mouvements et les vibrations d’un aéronef est évidemment compliqué. D’où, d’ailleurs, la recherche de solutions censées faciliter la tâche des tireurs d’élite, comme le STRIKE [Stabilisateur de Tir Réglable d’Intervention Kinésique Équilibré] de l’entreprise française COSE.
Quoi qu’il en soit, un tireur d’élite du 42e Commando des Royal Marines a permis de neutraliser une embarcation utilisée par des trafiquants de drogue en mer d’Oman, alors que celle-ci naviguait à une vitesse de 40 nœuds [environ 75 km/h].
Selon la Royal Navy, tout a commencé quand l’hélicoptère Wildcat du 815 Naval Air Squadron [NAS] a décollé de la frégate de Type 23 HMS Lancaster pour une mission de surveillance. Au cours de son vol, l’équipage de l’appareil a repéré trois embarcations rapides au comportement suspect.
L’hélicoptère devant refaire le plein de carburant et embarquer une équipe de tireurs d’élite, le HMS Lancaster a alors déployé un mini drone Peregrine pour continuer la surveillance des canots rapides. Puis, une fois ravitaillé, le Wildcat a repris sa mission.
« Lorsque l’hélicoptère est apparu au-dessus des canots, leurs équipages ont immédiatement augmenté leur vitesse à plus de 40 nœuds et commencé à jeter leur cargaison dans l’eau pour réduire le poids », raconte la Royal Navy.
Puis, deux d’entre eux ont été abandonnés par leurs occupants tandis que le troisième a tenté d’échapper à l’hélicoptère britannique. C’est alors que l’un des tireurs d’élite des Royal Marines a réussi un tir d’arrêt en touchant le moteur hors-bord de l’embarcation. Une équipe envoyée par le HMS Lancaster a été envoyée dans le secteur afin de récupérer les colis jetés à la mer par les trafiquants.
Quant au sort de ces derniers, la Royal Navy n’en a pas dit un mot. Si ce n’est qu’un esquif « abandonné et partiellement submergé » a ensuite été « localisé » par l’équipe de visite de la frégate.
Au total, 1,5 tonne de drogue [héroïne, méthamphétamine en cristaux, haschisch] a pu être récupérée. La valeur marchande de cette cargaison a été estimée à plus de 35 millions de livres sterling [soit 40 millions d’euros].
Les tireurs d’élite des Royal Marines sont équipés de fusils de précision L96 Sniper Rifle, de calibre .338. Mais pour cette mission, un fusil antimatériel L121A1 de calibre .50 [ 12,7 × 99 mm] a été utilisé.
« Cette opération a vu les aéronefs avec et sans équipage du Lancaster travailler main dans la main, sous la direction du centre des opérations du navire. Elle s’est soldée par un succès qui a permis de retirer d’importantes quantités de stupéfiants des rues et d’empêcher que leurs profits n’alimentent l’extrémisme », a commenté le commandant Sam Stephens, le « pacha » de la frégate britannique.
Le ministre britannique des Forces armées, Alistair Carns, a salué le « travail remarquable » de l’équipage du HMS Lancaster. Cette « opération, parfaitement planifiée, a abouti à un tir chirurgical d’un tireur d’élite des Royal Marines, qui a neutralisé le moteur d’un navire filant à 40 nœuds. C’est l’excellence au travail », a-t-il insisté.
Selon la Royal Navy, c’est la « première fois que des tireurs d’élite sont appelés à utiliser une force non létale pour neutraliser un bateau suspect dans la région du Golfe, où des boutres lents sont généralement utilisés pour cacher les cargaisons illicites ».