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lundi 27 octobre 2025

La Russie annonce avoir terminé les essais de son missile à propulsion nucléaire 9M730 Bouresvestnik

 

En mars 2018, le président russe, Vladimir Poutine, dévoila six projets de nouvelles armes censées être « invincibles ». Depuis, certaines ont été mises en service, comme la torpille « dronisée » à propulsion nucléaire Poséidon [code Otan : Kanyon] ou encore comme le missile aérobalistique hypersonique Kinjal, lequel n’a pas produit d’effet décisif sur le cours de la guerre en Ukraine.

Cela étant, l’un des projets évoqués par le Kremlin, sans doute le plus ambitieux, vient de terminer sa phase de tests. En effet, ce 26 octobre, lors d’une réunion avec les principaux chefs militaires russes, M. Poutine s’est félicité du succès de l’essai « final » du 9M730 Bourevestnik [code Otan : SSC-X-9 Skyfall], un missile de croisière à propulsion nucléaire.

Au cours de cet essai, qui, aurait été effectué le 21 octobre, un 9M730 Bourevestnik [Pétrel tempétueux] a « parcouru 14 000 km » en restant en vol « pendant environ 15 heures », a indiqué le général Valery Gerasimov, chef d’état-major général des forces armées russes. « Les caractéristiques techniques du Bourevestnik permettent de l’utiliser avec une précision garantie contre des sites hautement protégés situés à n’importe quelle distance », a-t-il ajouté.

« Je me souviens parfaitement que lorsque nous avons annoncé le développement d’une telle arme, même des spécialistes hautement qualifiés m’ont dit que c’était certes un objectif louable, mais irréalisable dans un avenir proche. C’était l’avis de spécialistes, je le répète, hautement qualifiés. Et maintenant, les essais décisifs sont désormais achevés », a ensuite commenté le chef du Kremlin qui, pour l’occasion, avait revêtu une tenue militaire.

« C’est une création unique que personne d’autre dans le monde ne possède », a-t-il ajouté, avant de donner l’ordre de « préparer les infrastructures pour mettre en service cet armement dans les forces armées ».

À noter que, pour le moment, aucun responsable russe n’a indiqué où le missile Bourevestnik s’est écrasé à l’issue de des 15 heures de vol.

Le développement du 9M730 Bourevestnik n’a pas été sans accroc. Ainsi, les premiers essais de ce missile ne furent guère concluants et il fut même avancé qu’un exemplaire avait été perdu en mer de Barents, plus précisément dans les environs de l’île Ioujny, en 2018. Du moins, le déploiement inhabituel du navire-grue KIL-143, parmi sept autres navires, avait alimenté les spéculations à ce sujet.

Puis, un an plus tard, une explosion survenue à la base de Nyonoksa [oblast d’Arkhangelsk], connue pour abriter un centre d’essais dédié aux missiles destinés aux sous-marins russes, engendra un pic de radioactivité, suggérant qu’un essai du moteur du 9M730 Bourevestnik avait mal tourné. D’ailleurs, en 2020, M. Poutine affirma que les cinq employés de Rosatom tués lors de cet incident travaillaient “au développement d’une nouvelle arme reposant sur la technologie sans précédent ».

Théoriquement, subsonique, le 9M730 Bourevestnik a une porté illimitée [ou peut rester en vol pendant plusieurs jours] grâce à son mode de propulsion, lequel reposerait sur un « statoréacteur nucléaire » combinant un moteur-fusée à ergols liquides pour la phase de lancement et un réacteur nucléaire.

S’appuyant sur le journal russe « Courrier militaro-industriel » [VPK], l’Institut international d’études stratégiques [IISS] avait avancé, en 2021, que l’altitude de vol théorique du 9M730 Bourevestnik, « comprise entre 50 et 100 mètres », allait rendre compliquée sa détection par les radars de défense aérienne. Cela étant, son « invincibilité » est relative : plus un missile subsonique vole longtemps, plus il risque d’être détecté.

La Russie n’est pas la seule à s’être intéressée aux missiles à propulsion nucléaire. En effet, dans les années 1950, via le programme Pluton, les États-Unis avaient tenté de mettre au point une arme similaire, appelée SLAM [Supersonic Low Altitude Missile]. Deux prototypes – Tory-IIA et Tory-IIC – furent testés dans le désert du Nevada. Finalement, le projet fut officiellement abandonné en 1964, après avoir coûté 2 milliards de dollars.

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