C’est peu dire que Christian Dussey n’a pas quitté en paix le Service de renseignement de la Confédération (SRC). Sept mois après l’annonce de son départ, faite conjointement avec celle du chef de l’armée, Thomas Süssli, la RTS a pu consulter sa lettre de démission «après une longue procédure». La missive égratigne notamment le manque de moyens alloués par la Confédération au SRC.
«J’ai demandé en 2024 une augmentation des effectifs du service d’au moins 150 personnes pour faire face à une situation sécuritaire que la Suisse n’a plus connue depuis la Seconde Guerre mondiale», écrit Christian Dussey, qui était en poste depuis avril 2022. Berne a refusé de lui accorder cette requête: «Au contraire, le SRC sera soumis dès 2025 et pour les trois prochaines années aux mêmes réductions budgétaires que le reste de l’administration fédérale. Une décision à l’opposé de la tendance observée dans les pays européens.»
Des parlementaires inquiets
Du côté du monde politique, les réactions ne se sont pas fait attendre. «Cette lettre ne fait que confirmer ce que l’on peut constater: un manque de prise de conscience du politique et de la population sur la situation géostratégique de la Suisse. On a beaucoup parlé d’assainir la dette de la Confédération, mais on s’est un peu voilé la face sur les problèmes liés à la sécurité», déclare Charles Juillard, conseiller aux États (Le Centre/JU).
La conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD), elle, ne serait pas contre donner davantage de moyens au SRC à condition de «donner les arguments nécessaires pour augmenter le personnel». Quant à Gerhard Andrey (Les Verts/FR), il a estimé qu’il fallait d’abord «restaurer la confiance du personnel» qui souffre d’une «ambiance catastrophique au SRC». Le diplomate Serge Bavaud prendra les commandes du Service de renseignement des mains de Christian Dussey le 1er novembre.
Fabien Eckert