L’ombre de la Russie. L’auteur des survols de drones au-dessus d’aéroports civils et militaires, survenus à deux reprises pendant la semaine, reste inconnu, ont indiqué jeudi les services de renseignement militaire danois.
« Nous ne disposons pas d’information nous permettant de désigner les responsables des événements de ces derniers jours », a déclaré le chef de ces services, Thomas Ahrenkiel, lors d’une conférence de presse.
Le chef des services de renseignement, Finn Borch a souligné quant à lui que « le risque de sabotage russe au Danemark est élevé ».
« Un modèle de guerre hybride »
« Nous pouvons dire que cela ressemble à un modèle de guerre hybride que nous avons vu ailleurs en Europe », a-t-il ajouté.
Des drones ont été repérés dans la nuit de mercredi à jeudi au-dessus des aéroports d’Aalborg (nord), d’Esbjerg (ouest), de Sonderborg (sud) et de la base aérienne militaire de Skrydstrup (sud) avant de repartir de leur propre chef, selon la police.
Le camp militaire de Mourmelon-le-Grand a été également survolé par plusieurs drones inconnus
Selon un rapport évoqué par le quotidien Bild, en août dernier, l’Office fédéral de police criminelle [BKA] a constaté 270 survols de sites sensibles allemands par 536 drones au total au cours des trois premiers mois de cette année 2025. Ce qui n’était pas nouveau : dès 2022, de tels incidents avaient été signalés dans les environs de plusieurs emprises de la Bundeswehr. Incidents qui devinrent de plus en plus nombreux par la suite, notamment aux abords de camps militaires accueillant des soldats ukrainiens en formation.
Quoi qu’il en soit, sur 270 incidents recensés par le BKA, 117 ont concerné des sites militaires, dont la base navale de Wilhelmshaven et la base aérienne de Ramstein, où des formations comprenant jusqu’à 15 drones ont été repérées.
Au total, a rapporté le BKA, seulement huit télépilotes ont été interpellés car les drones qu’ils mettaient en œuvre ont pu être détectés. Au regard du nombre d’incidents, ce chiffre est faible… Mais il s’explique par le fait que, dans la plupart des cas, les radars de la Bundeswehr et des services de police n’ont pas été en mesure de repérer les appareils utilisés pour survolés ces sites sensibles.
« Si les systèmes de détection ne fonctionnent pas, c’est qu’il s’agit de drones inconnus, probablement développés et construits pour une ou quelques missions seulement », a conclu le BKA. Cependant, ce dernier n’a pas pu établir un lien convaincant entre ces incidents et des activités d’espionnage menées par une puissance étrangère. Mais cette hypothèse n’est évidemment pas exclue.
Des survols de sites sensibles par des drones ont également été constatés aux États-Unis, au Royaume-Uni et, plus récemment, en Norvège et au Danemark. Jusqu’à présent, et hormis les intrusions au-dessus des centrales nucléaires constatées en 2015, ce phénomène a épargné la France, même si, dans une note publiée par la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense [DRSD] a fait état de quelques cas – sans s’y attarder – dans une note publiée en juin 2023.
« En 2022, on estimait à 3 000 000 le volume de drones en circulation en France. Leur présence dans l’espace aérien augmente sans cesse. Dès lors, chaque site peut faire l’objet d’un survol, mal intentionné ou fortuit. Au regard des menaces qu’il peut engendrer [du simple accident à la captation d’informations sensibles par exemple], chaque survol doit être considéré comme un événement particulier qui doit être pris en compte », avait-elle prévenu, à l’époque.
D’où la prudence sur la nature de l’incident qui s’est produit au camp militaire de Mourmelon-le-Grand, dans la nuit du 21 au 22 septembre. Ainsi, selon le quotidien L’Union, ce site de 10 000 hectares a été survolé par « plusieurs drones » inconnus. Ce qu’ont ensuite confirmé la Délégation militaire départementale [DMD] de la Marne et l’armée de Terre.
Cet incident « relève de l’exceptionnel », a commenté la DMD, avant de préciser qu’un « renforcement du dispositif de sécurité mis en place pour faire face à cette situation » et qu’une plainte avait été déposée auprès de la gendarmerie. Probablement que la DRSD a également été saisie.
Le camp de Mourmelon-le-Grand abrite, entre autres, le 501e Régiment de Chars de Combat [RCC], le 8e Régiment du Matériel [RMAT], le Centre d’Appui et de Préparation au Combat InterArmes / 51e Régiment d’Infanterie [CAPCIA/51e RI] et un centre d’entraînement tactique drones [CETD]. La formation de la brigade ukrainienne « Anne de Kiev » s’y est en partie déroulée en 2024 [Task Force « Champagne »].