Un colonel affecté à la délégation suisse de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à Vienne, est suspendu depuis plusieurs mois, après des accusations de transmission d’informations sensibles à la Russie. Comme l'a révélé vendredi SRF, ce militaire de carrière aurait remis, durant l'été 2024, un document confidentiel à la délégation russe à l'OSCE. Contacté par le média alémanique, le département de la Défense a confirmé qu'il était «au courant des allégations, c'est pourquoi l'employé en question a été rappelé en Suisse, fin 2024».
Si l'affaire peut sembler grave, des personnes proches du dossier semblent au contraire penser que la Suisse a fait de l'excès de zèle dans ce cas précis. Ce, car le document en question était voué à être diffusé à l'OSCE - dont fait partie la Russie - quelques heures plus tard. Ces sources soupçonnent que les autorités suisses n'ont réagi si durement que sous la pression d'autres pays. La justice militaire a ouvert une enquête pour tirer les choses au clair. Le Service de renseignement de la Confédération serait également sur le coup, selon SRF.
La Suisse bientôt présidente de l'OSCE
Reste que cette affaire pourrait mettre la Suisse dans une position délicate, alors qu'elle présidera l'OSCE en 2026. Cette organisation de sécurité régionale est l'une des rares à faire s'asseoir à la même table la Russie et des pays occidentaux, dont les États-Unis. Dans ce contexte, la Suisse veut jouer un rôle fondamental pour maintenir le dialogue entre les différentes parties. Et des accusations d'espionnage pourraient nuire à sa crédibilité et donc à sa capacité à le faire.
Samuel Bonvin