L'armée suisse devrait disposer d'un milliard de francs supplémentaire pour des munitions destinées aux systèmes de défense sol-air. La commission compétente du Conseil des Etats a pris cette décision dans le cadre du message sur l'armée 2025.
La commission de politique de sécurité propose, grâce à la voix de sa présidente Andrea Gmür-Schönenberger (C/LU), un crédit d'engagement supplémentaire d'un milliard de francs pour l'achat de munitions pour les systèmes DSA de longue et moyenne portées ainsi que pour des systèmes d’appui de feu indirect à moyenne distance, indiquent vendredi les services du Parlement.
L’objectif est d’augmenter la capacité à durer de l’armée en cas d’engagement. En plénum, ce crédit supplémentaire avait été refusé par le National en juin.
Le Conseil fédéral demande des crédits d'engagement de 1,69 milliard de francs pour 2025, dont 1,5 milliard pour le programme d'armement, notamment pour des nouveaux blindés. Ces dépenses se fondent sur l'objectif du Parlement d'allouer à l'armée 1% du PIB d'ici 2032.
Pfister envisage l’abandon des drones Hermes
Des années passées, des millions investis, et beaucoup de galères. Dix ans après l'achat par la Confédération de six drones de reconnaissance Hermes de fabrication israélienne, ces derniers ne sont toujours pas près d'arriver en Suisse. Et peut-être bien qu'ils ne le seront jamais. Selon le «Tages Anzeiger», le nouveau conseiller fédéral chargé de l'armée, Martin Pfister, aurait demandé à l'Office fédéral de l’armement de réexaminer les options possibles quant à cet achat, y compris celle de l’abandonner purement et simplement.
Pour rappel, ces drones devaient initialement être opérationnels en 2019 pour une enveloppe de 250 millions de francs. Depuis, le projet a accumulé retards et surcoûts. Son achèvement est désormais prévu pour 2026, avec une certification officielle en 2029, soit dix ans après l'échéance initiale. Quant aux coûts, ils se seraient depuis élevés à 296 millions de francs. En cause: des difficultés chez le constructeur israélien, mais aussi plusieurs exigences spécifiques de la Suisse, comme l’intégration d’un moteur diesel ou un dispositif d’évitement automatique inédit, toujours pas fonctionnel.
Bataille judiciaire en perspective
Un abandon du projet ne serait toutefois pas sans conséquence. Selon le quotidien alémanique, la «majeure partie» des 296 millions de francs budgétés a déjà été payée. Par ailleurs, l'annulation d'un tel achat entraînerait probablement une longue bataille judiciaire avec le constructeur, sans garantie que la Suisse en sorte vainqueur. À cela s'ajoute encore le temps déjà investi dans ce dossier, sans compter le risque de devoir repartir de zéro pour combler les besoins de surveillance aérienne de l’armée suisse. Quel que soit le choix final donc, difficile d'imaginer un scénario où les finances fédérales sortent indemnes de ce dossier.
Un doute parmi d'autres
Martin Pfister n'en a pas qu'après les drones Hermes. Le conseiller fédéral a en effet requis un réexamen de tous les projets phares de l'armée. D'autres projets seraient également évalué «en fonction des risques», portant à 17 le total d'initiatives étudiées, selon le Département de la défense. Parmi eux, on peut aisément imaginer que figure l’achat des avions de combat F-35, déjà entaché de surcoûts potentiels, ou encore l'intégration du nouveau système de surveillance de l’espace aérien, elle aussi sujette à des dysfonctionnements.
Samuel Bonvin