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lundi 30 juin 2025

Les contrats suspects de l’hôpital de Benghazi initiés sous Sarkozy

 

Tout le monde a gardé en mémoire l’affaire des infirmières bulgares et du médecin palestinien, accusés par Mouammar Kadhafi d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants. Des innocents emprisonnés et torturés depuis 1999. Leur libération obtenue par Nicolas Sarkozy en 2007 contenait une clause peu connue : la prise en charge par la France de la rénovation de l’hôpital universitaire de Benghazi, construit dans les années 1980, mais qui n’avait jamais ouvert.     

L’Agence française du développement (AFD) reçoit alors une dotation exceptionnelle de presque 30 millions d’euros (exactement 29 831 287 euros) en 2008. Le problème, c’est que le marché est attribué à la société Ideal Medical Products Engineering (IMPE), dirigé par Olivier Carli, sans mise en concurrence. De quoi susciter la curiosité de la justice française. D’autant qu’une autre société Denos Health Management « remporte le contrat de gestion hospitalière. Derrière plusieurs sociétés-écrans se cache en fait une holding, elle-même détenue par M. Carli ». écrit Le Monde en novembre 2016 (1).

Un assassinat en Libye en 2014

Le quotidien parisien révèle également que cette entreprise IMPE aurait été imposée par Boris Boillon, lui-même conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Par ailleurs, durant l’été 2017, la revue Sang-Froid, consacrée au monde judiciaire, évoquait la mort du Français Patrice Réal, 49 ans, chargé de la sécurité d’IMPE, assassiné à Benghazi le 2 mars 2014 (2). Dans ce dossier, le parquet national financier (PNF) s’est aussi intéressé à Claude Guéant et à Ziad Takieddine. Mais depuis il semblait ne plus rien se passer. L’enquête prenait la poussière dans un palais de justice.

C’est le site Gotham City, spécialisé dans « l’actualité des affaires par les sources judiciaires », qui remet au goût du jour le dossier en annonçant que Jean-Michel Severino, l’ancien directeur général de l’Agence française de développement  et l’AFD elle-même se retrouvent devant la 32ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris pour être jugés pour favoritisme, et Olivier Carli, pour recel de favoritisme (3). 17 ans après les faits. 

  1. Joan Tilouine et Simon Piel, « Une enquête préliminaire ouverte sur l’hôpital libyen de Benghazi », 3 novembre 2016.
  2. « Sur les traces de Patrice Réal ».
  3. « Hôpital de Benghazi : l’Agence française de développement et son ex-DG bientôt jugés pour favoritisme », 19 juin 2025.

Ian Hamel

mondafrique.com