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dimanche 29 juin 2025

L’attentat de Daech à Damas sert des intérêts qui restent obscurs

 

Le terrible attentat perpétré, le 22 juin à Damas, par deux kamikazes dans l’église grecque orthodoxe de Mar Elias a exacerbé le climat de terreur qui règne au sein de la communauté chrétienne syrienne. Cet acte terroriste, qui a coûté la vie à au moins 25 personnes, a remis sur le devant de la scène la vieille menace que constitue Daech qui a été souvent instrumentalisé pour servir les intérêts troubles des grandes forces géo-politiques de la région.

Bien que le groupe terroriste ait semblé affaibli ces dernières années, une nouvelle structure jihadiste, « Saraya Ansar al-Sunna », a revendiqué l’attaque, promettant de poursuivre les minorités alaouite, chiite et druze, ainsi que les partisans du régime syrien. Mais derrière ce nom, se cache une réalité plus complexe.

Un nom aux résonances suspectes

Le nom « Ansar al-Sunna » n’est pas anodin. Historiquement associé à la mouvance jihadiste sunnite, il aurait eu plus de sens durant les années les plus intenses du conflit syrien, où des groupes comme Jabhat al-Nosra dominaient certaines régions. Mais aujourd’hui, alors que le pouvoir syrien est majoritairement sunnite et soutenu localement et internationalement, le recours à cette rhétorique semble déplacé – voire artificiel.

Certains analystes n’hésitent pas à voir dans cette appellation l’empreinte d’un discours fabriqué à l’extérieur du contexte syrien, avec des accents libanais bien marqués.

Daech, des connexions troubles

L’histoire de Daech, depuis sa genèse sous Abou Moussab al-Zarqaoui jusqu’à son expansion en Syrie et en Irak, montre des connexions ambigües entre le groupe et des services de renseignement régionaux. À l’époque de sa formation, le groupe comptait dans ses rangs de nombreux anciens officiers baathistes, notamment irakiens, qui ont structuré l’organisation comme une entité militaire et sécuritaire efficace.

Des documents et témoignages crédibles suggèrent que certaines antennes médiatiques de Daech émettaient depuis la Syrie, sous protection des services syriens. Une réalité qui jette une ombre sur les prétentions d’indépendance idéologique du groupe.

Chaque fois que le régime syrien d’Assad ou son allié iranien traversaient une période de tension, Daech semblait réapparaître opportunément, comme pour détourner l’attention ou créer une nouvelle donne sécuritaire. Ce n’est pas un hasard si plusieurs experts comparent le groupe à une entreprise à actionnariat multiple, où chacun tire profit à sa manière du chaos généré.

L’attaque de Damas survient dans un contexte régional chargé, entre pressions économiques sur l’Iran, incertitudes au Liban, et équilibres fragiles en Irak. Le retour de Daech pourrait donc servir plusieurs agendas, bien au-delà des slogans religieux.

Vigilance et lucidité

Il ne faut pas sous-estimer la capacité de nuisance de Daech, mais il est tout aussi important de comprendre qui tire profit de sa réactivation. La lutte contre le terrorisme passe aussi par la mise à nu de ses manipulateurs, et par une lecture lucide des dynamiques régionales qui transforment les groupes jihadistes en outils au service de puissances bien réelles.

mondafrique.com