L'armée suisse est confrontée à un grave problème de drones espions, écrit la «NZZ am Sonntag»: à plusieurs reprises, des soldats ont repéré de tels appareils suspects au-dessus de places d'armes, dont la dernière fois lors d'un récent exercice à l'aérodrome militaire de Meiringen (BE), où sont stationnés des F/A-18 et qui abritera dans quelques années des F-35 américains. L’incident présente des similitudes avec les observations de drones au-dessus de sites de l'armée allemande, soupçonnés d’appartenir aux services secrets russes, qui constituent «la plus grande menace actuelle d’espionnage pour la Suisse», indique Stefan Hofer, porte-parole de l’Armée suisse (lire encadré).
Or, «les possibilités de se protéger contre de telles activités d'espionnage sont limitées en temps de paix pour des raisons juridiques, et en raison de l'absence de systèmes de défense, il est délicat d’y répondre par des contre-mesures efficaces», note le porte-parole. En effet, la police militaire suisse n’a pas le droit d'arrêter et de contrôler les pilotes de drones volant à proximité d'installations sensibles sans violer leur périmètre. Les responsables de l’armée estiment que cette législation doit donc être adaptée.
De même que les responsables de la politique de sécurité. «Les événements de Meiringen sont inquiétants», dit notamment le conseiller aux États Josef Dittli (PLR/UR) qui attend de l'armée «qu'elle indique si d'autres installations sont aussi concernées.» Pour le conseiller national Fabian Molina (PS/SG), c’est un «problème de sécurité majeur» et il déplore que notre pays soit à la traîne «tant sur le plan technologique que juridique». Du côté des Verts, Gerhard Andrey (FR) dit son parti ouvert à discuter de la suppression de la limite de poids des drones dans le périmètre de protection des aérodromes militaires pour une interception efficace des petits appareils en cas de soupçon d’espionnage.
Espions russes et chinois
Que les drones suspects observés par les soldats à Meiringen soient russes semble plausible: «Il faut partir du principe que les services de renseignement étrangers mènent également des activités d'espionnage contre l'armée suisse», écrit ainsi Stefan Hofer, le porte-parole de l’Armée au journal dominical. Leurs actions portent notamment sur la reconnaissance d'«équipements militaires de haute technologie» tels que le F-35. À côté des services secrets russes, la menace des services secrets chinois pour notre pays «est également élevée», note-t-il.
Ellen Weigand