Le nombre de mesures de surveillance ordonnées par les autorités pénales et le Service de renseignement de la Confédération (SRC) a explosé en 2024, pour atteindre le double du chiffre enregistré en 2023. Une première depuis plusieurs années. Cette hausse est surtout due à l'augmentation massive des recherches par champ d'antennes (voir encadré). Les surveillances en temps réel (+45%), rétroactives (+24%) ainsi que les recherches en cas d'urgence (+20%) pour retrouver une personne disparue par exemple ont aussi connu une forte progression.
Concernant les motifs, 43% des surveillances visaient à élucider des infractions contre les atteintes au patrimoine, un chiffre trois fois plus élevé qu’en 2023, tandis que celles liées à des atteintes à l'intégrité (+19%) corporelle ont un peu plus que doublé.
«Champ d'antennes», késako?
Une recherche par champ d’antennes consiste à analyser, rétroactivement, toutes les communications mobiles qui ont transité par une ou plusieurs antennes de téléphonie mobile dans une zone géographique précise et pendant un laps de temps donné. Concrètement, les autorités demandent aux opérateurs télécoms la liste de tous les appareils (téléphones, montres connectées, etc.) qui se sont connectés ou ont tenté de se connecter à une antenne spécifique. Cela permet de retrouver des suspects ou des témoins d'une infraction, même s'ils ne sont pas identifiés à ce moment-là.
Parallèlement, le nombre de renseignements fournis aux autorités a bondi de près de 20%, avec une forte croissance (+55%) des demandes complexes (ndlr, des informations détaillées sur un utilisateur de télécommunications, avec des copies de contrats et des données contractuelles par exemple). Côté technique, les interventions avec des logiciels espions (GovWare) et des capteurs d’IMSI-catcher (ndlr, dispositif technique qui imite une antenne de téléphonie mobile pour piéger et intercepter les téléphones portables à proximité) ont légèrement augmenté.