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jeudi 22 mai 2025

Le second « destroyer » destiné à la marine nord-coréenne a chaviré lors de sa mise à l’eau

 

Une image satellite, prise le 18 mai 2025, sur laquelle on aperçoit le nouveau navire de guerre nord-coréen 
dans le port à Chongjin, juste avant son lancement.
© SATELLITE IMAGE ©2025 MAXAR TECHNOLOGIES


Le 30 avril, l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a diffusé les images des premiers essais du système d’armes mis en œuvre par le « Choi Huyn », un « destroyer » de 144 mètres de long pour un déplacement estimé à 5 000 tonnes, doté de 74 cellules de lancement vertical et d’un radar AESA [à antennes actives] à quatre plans, a priori similaire à celui qui équipe les frégates russes de la classe Amiral Gorchkov

Censé incarner la modernisation et le renforcement de la marine nord-coréenne, le « Choi Huyn » avait été officiellement mis à l’eau cinq jours plus tôt, au chantier naval de Nampo [côte ouest de la Corée du Nord]… Ce qui suggère que, à ce moment là, sa construction était quasiment achevée et qu’il disposait déjà de son système de combat.

Or, l’admission au service actif d’un nouveau navire suit habituellement un processus rigoureux… ce qui prend inévitablement du temps. Il commence par des essais à quai, puis en mer, sous le contrôle de l’industriel. Puis il doit ensuite effectuer un déploiement de longue durée afin de vérifier ses qualités militaires et le bon fonctionnement de ses différents systèmes. Ce n’est qu’après ces étapes qu’il sera déclaré opérationnel…

Quoi qu’il en soit, la construction du « Choi Huyn » avait été révélée en février 2024, à l’occasion d’une inspection du chantier naval de Nampo par Kim Jong-un, le « dirigeant suprême » de la Corée du Nord.

Lors de lancement du « Choi Huyn », celui-ci avait indiqué que trois autres navires du même type allaient être construits. Et de préciser qu’ils seraient baptisés « Kim Chaek », « An Gil » et « Kang Kon ».

En réalité, la construction du second « destroyer » avait déjà commencé… mais au chantier naval de Cheongjin, situé sur la côte orientale de la Corée du Nord. C’est en effet ce que révéla l’imagerie satellitaire.

A priori, elle avait débuté presque au même moment que celle du « Choi Huyn » puisque, le 15 mai, via son site 38 North, le Centre Stimson révéla que la Corée du Nord s’apprêtait à lancer son second « destroyer »… soit seulement un mois après le premier.

« Le navire sera probablement lancé latéralement depuis le quai, une méthode jamais observée auparavant en Corée du Nord. Deux barges et des navires de soutien sont stationnés à proximité, vraisemblablement pour le guider une fois lancé et le protéger contre un rebond sur le quai après qu’il aura été mis à l’eau », a expliqué 38 North, sur la fois d’images du chantier naval de Cheongjin prises par satellite. Et d’ajouter : « L’utilisation de cette méthode de lancement pourrait être une nécessité, car le quai où le navire est construit n’a pas de pente. »

Comme l’avait prédit 38 North, le lancement de ce second « destroyer » a eu lieu le 21 mai. Seulement, elle a donné lieu à une scène digne du film « Le petit baigneur »… En effet, selon KCNA, un « grave accident s’est produit » quand le navire de 5 000 tonnes a été mis à l’eau, sous le regard de Kim Jong-un. Et les dommages qu’il a subis sont importants, l’agence de presse nord-coréenne ayant précisé que des « sections du fond du navire de guerre » avaient été « broyées ».

« Après avoir observé l’accident dans son intégralité, le respecté camarade Kim Jong-un a formulé une évaluation sévère, déclarant qu’il s’agissait d’un accident grave et d’un acte criminel causé par la pure négligence, l’irresponsabilité et l’empirisme non scientifique. C’est un acte qui ne devrait jamais se produire et qui ne pouvait être toléré », a rapporté KCNA. Et de préciser que les « erreurs irresponsables » des fonctionnaires « coupables » seraient « traitées lors de la réunion plénière du Comité central du Parti qui se tiendra le mois prochain ».

En outre, le chef du régime nord-coréen a exigé que les réparations du navire soient achevées dans les « meilleurs délais », c’est-à-dire d’ici cette « réunion plénière », en juin. C’est une « question politique directement liée au prestige de l’État », a-t-il dit. Seulement, c’est sans doute exiger l’impossible, le choc ayant probablement déformé la coque, s’il n’a pas provoqué des fissures.

« Les autorités de renseignement sud-coréennes et américaines ont suivi et surveillé le mouvement d’un navire de guerre de grande taille dans le port nord-coréen de Chongjin. […] Nous estimons que le lancement latéral [du navire] a échoué », a commenté le colonel Lee Sung-jun, le porte-parole du Comité des chefs d’état-major interarmées [JCS] sud-coréens, lors d’un point de presse. Et de préciser que le « destroyer » reposait sur le côté dans l’eau.

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