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mercredi 12 février 2025

Ce faux passeport que Nicolas Sarkozy demandait au Niger d’offrir à Bechir Saleh

 

Sur la demande insistante de la France, le Niger de l’ex-président Mahamadou Issoufou avait établi en 2012 un passeport diplomatique à Béchir Saleh, l’ancien argentier du guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, que les proches de Nicolas Sarkozy avaient discrètement exfiltré de France où ce dernier s’était réfugié, comme cela a été rappelé lors du procès qui se tient actuellement à Paris pour le supposé financement de la campagne présidentielle de 2007 de l’ancien Président. ses informations erronées figuraient sur le document.

C’est un des angles morts de l’instruction et du procès de l’ancien président français Nicolas Sarkozy jugé actuellement devant le tribunal judiciaire de Paris pour le financement présumé de sa campagne par Kadhafi à travers l’ex gardien de son coffre-fort Béchir Saleh.

De Niamey à Johannesburg

Après son exfiltration de sa France par le renseignement intérieur français (DCRI, devenu DGSI), alors même qu’il faisait l’objet d’une fiche d’Interpol, Béchir Saleh avait atterri à Niamey, au Niger, pays dirigé par Mahamadou Issoufou qui accepta de lui délivrer un passeport diplomatique nigérien. Sur le document officiel nigérien, il était mentionné « Bechir Saleh né à Agadez », ce qui était totalement faux.

Lorsque le scandale de ce faux éclate plus tard, les officiels nigériens l’admettent mais affirment que le document a été établi à la demande expresse voire instante de la France. « Oui, mais sur les conseils et la pression d’un pays européen », avait affirmé alors, sans citer nommément la France, le colonel Tahirou Djibo, Secrétaire général du ministère de la Défense. Plus tard, l’ancien président nigérien Mohamed Bazoum, alors ministre des Affaires et donc signataire du passeport diplomatique avait avoué avec la franchise qu’on lui connaît : « c’est à la demande de la France que nous l’avons fait ».

La Président Issoufou inféodé à Paris

Personne n’a jamais dit ni à Paris ni à Niamey qui a demandé et à quel niveau de l’appareil d’Etat en France aux Nigériens de fabriquer ce vrai-faux passeport à Béchir Saleh qui l’a ensuite rendu lorsque le scandale avait éclaté. De qui est certain est que l’ex Président Issoufou était inféodé à la France et n’avait rien à lui refuser. On n’a non plus jamais su qui et à quel niveau de l’appareil d’Etat nigérien la décision a été prise d’accepter de céder au désidérata de la France et de fabriquer le vrai-faux passeport à l’ex-argentier de Kadhafi.

L’affaire dite du financement présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy n’a toujours pas fini de livrer ses mystères. Mais, ce qu’on sait indiscutablement, c’est que Kadhafi a été assassiné le 20 octobre 2011, près de Syrte, après une intervention de l’OTAN déclenchée par l’ex-président Sarkozy et l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair après avoir entretenu des relations troubles avec les deux personnalités politiques de premier plan.

Des gâteries pour Tony Blair

Si de nombreuses enquêtes ont été menées en France sur les liens entre Sarkozy et Khadafi qui ont conduit au procès très médiatique auquel on assiste aujourd’hui à Paris contre l’ex Président français, les compromissions de Tony Blair sont moins connues. Pourtant un ancien ambassadeur français en poste à Tripoli avant d’être nommé dans d’autres pays arabes racontait volontiers comment il s’était retrouvé invité dans la vaste tente où Khadafi recevait jusque tard dans la nuit. Ce soir là, Tony Blair avait fait une apparition. Quand ce dernier était reparti, feu le Guide libyen s’était tourné vers ses proches et vers l’ambassadeur en souriant: « Ce Blair, il nous aura couté fort cher ». 

Les compromissions de Tony Blair avec Khadafi

Un ancien ambassadeur français en poste à Tripoli avant d’être nommé dans d’autres pays arabes racontait volontiers comment il s’était retrouvé invité dans la vaste tente où Khadafi recevait jusque tard dans la nuit. Ce soir là, Tony Blair avait fait une apparition. Quand ce dernier était reparti, feu le Guide libyen s’était tourné vers ses proches et vers l’ambassadeur en souriant: « Ce Blair, il nous aura couté fort cher ».

« Si vous avez un endroit sûr où vous rendre, affirme Tony Blair, amical, au chef de l’État libyen, vous devriez y aller car ceci ne va pas se terminer sans violence. »

Une certitude,  L’ancien premier ministre britannique serait bien intervenu auprès du «Guide suprême» juste avant les bombardements en Libye. C’est du moins ce qu’il ressort des retranscriptions de deux conversations téléphoniques dévoilées ce jeudi par le Parlement britannique. Le contenu de ces deux coups de fil, passés à deux heures d’intervalle le 25 février 2011, ont été remis à la commission des Affaires étrangères par Tony Blair lui-même. L’ancien premier ministre avait été auditionné dans le cadre d’une enquête parlementaire le 11 décembre dernier, après la parution d’un livre, début septembre, affirmant que l’ancien aurait tenté en 2011 de sauver le chef d’État libyen.

Lors de ces deux conversations, à son initiative, Tony Blair dit à Kadhafi, en parlant du leader libyen à la troisième personne: «S’il existe un moyen de partir, il devrait le faire maintenant. Il faut qu’il montre qu’il accepte le changement et qu’il se retire pour que ce changement s’opère sans violence.» Et d’insister, plus direct: «Si vous avez un endroit sûr où vous rendre, vous devriez y aller car ceci ne va pas se terminer sans violence.» «Où doit-il aller? Il n’a pas de mandat», répond Kadhafi en parlant de lui à la troisième personne. «Je n’ai pas le pouvoir ou de mandat, je ne suis pas le président, je n’ai aucun poste à quitter», dit-il plus loin, alors qu’il fait face à une révolte populaire dans son pays.

Seidik Abba

mondafrique.com