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lundi 6 janvier 2025

Taïwan soupçonne un cargo lié à la Chine d’avoir volontairement endommagé un câble sous-marin

 

Ces derniers mois, le Newnew Polar Bear et le Yi Peng 3, deux cargos liés à des intérêts chinois, ont été soupçonnés d’avoir laissé traîner leur ancre pour endommager des infrastructures sous-marine, à savoir le gazoduc Balticconnector et les câbles sous-marins de télécommunications Arelion et C-Lion1, en mer Baltique. L’un et l’autre ont pu se soustraire aux enquêtes qui les visaient, faute d’avoir eu l’opportunité de les arraisonner dans les eaux territoriales des pays où furent commis ces actes présumés de sabotage.

Le même scénario s’est joué dans les environs de Taïwan, le 3 janvier. En effet, ce jour-là, l’opérateur de télécommunications Chunghwa Telecom a signalé que l’un de ses câbles sous-marins avait été sectionné au large de Keelung [nord-est de l’île] auprès de l’Administration taïwanaise des garde-côtes [CGA].

Le câble en question relie Taïwan à la côte occidentale des États-Unis. Il appartient à un consortium international réunissant Chunghwa Telecom, AT&T, NTT, Korea Telecom, China Telecom et China Unicom.

La CGA a alors envoyé le patrouilleur pour intercepter un navire suspect, en l’occurrence le cargo Shunxin-39 [immatriculé Xing Shun 39, IMO 8358427], qui naviguait dans les environs de la péninsule de Yehliu.

Si les sites permettant de suivre le trafic maritime indiquent que le Shunxin-39 est enregistré en Tanzanie, la CGA a affirmé que la nationalité actuelle de son pavillon est celle du Cameroun. Quoi qu’il en soit, s’il a été dans son collimateur, c’est que, d’après les données de MarineTraffic, il a louvoyé pendant près d’un mois dans les eaux situées au nord de Taïwan, c’est-à-dire à un endroit traversé par une dizaine de câbles de télécommunications.

En outre, toujours selon la CGA, le Shunxin-39 appartiendrait à la société hongkongaise Jie Yang Trading Limited, dont le seul administrateur connu est un ressortissant chinois.

S’ils ont pu procéder à une inspection externe du navire et établir un liaison radio avec son capitaine, les garde-côtes n’ont pas pu monter à son bord, en raison de l’état trop agité de la mer. « Ils n’ont pas pu ordonner sa saisie pour une enquête plus approfondie en vertu du droit international car trop de temps s’était écoulé depuis l’incident », a rapporté le Financial Times, citant des responsables taïwanais.

Normalement, le Shunxin-39 devrait arriver à Busan, en Corée du Sud, d’ici quelques jours. D’où la demande adressée par les autorités taïwanaises à leurs homologues sud-coréenne pour les aider à mener l’enquête sur ce cargo.

« Une analyse de l’historique de la trajectoire du navire doit encore révéler sa véritable intention. […] Cependant, la possibilité qu’un navire chinois sous pavillon de complaisance se livre à un harcèlement en zone grise ne peut être exclue », a expliqué la garde côtière taïwanaise.

D’autant plus qu’un tel incident ne serait pas inédit. En février 2023, deux câbles sous-marins de télécommunication reliant les îles Matsu à Taïwan avaient été une nouvelle fois coupés par des navires chinois. Une « nouvelle fois » car ils l’avaient déjà été à trente reprises depuis 2017.

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