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dimanche 29 décembre 2024

Sabotage / Baltique : Le pétrolier arraisonné par la Finlande est aussi soupçonné d’être un navire espion

 

Le 26 décembre, suspecté d’avoir sciemment endommagé l’interconnecteur Estlink 2, reliant la Finlande à l’Estonie, en laissant traîner son ancre, le pétrolier Eagle S, battant pavillon des Îles Cook, a été arraisonné par la garde côtière finlandaise, dans le cadre d’une enquête ouverte pour « sabotage aggravé ».

Propriété de la société Caravella LLCFZ, établie aux Émirats arabes unis, et exploité par la compagnie indienne Peninsular Maritim, l’Eagle S est aussi soupçonné de faire partie de la « flotte fantôme » de pétroliers utilisés par la Russie pour exporter ses hydrocarbures malgré les sanctions internationales.

Après avoir appareillé de Saint-Pétersbourg, ce navire devait se rendre à Port-Saïd [Égypte]. Actuellement, il est immobilisé dans les eaux territoriales finlandaise, au large de Porkkalaniemi, sous la surveillance du patrouilleur Turva.

S’il n’avait pas été possible aux enquêteurs suédois de faire une perquisition à bord du cargo chinois Yi Peng 3, soupçonné lui aussi d’avoir endommagé deux câbles sous-marins de télécommunications en mer Baltique, le mois dernier, la police locale a pu parler à l’équipage de l’Eagle S et recueillir des « preuves », selon Robin Lardot, le directeur du Bureau national d’enquête finlandais.

Cela étant, la revue Lloyd’s List s’intéresse à l’Eagle S depuis déjà quelques mois. En juin, une source ayant refusé d’être identifiée par souci de sécurité lui avait fourni soixante documents confidentiels relatifs à ce pétrolier. Et il était apparu que ce dernier souffrait de graves déficiences susceptibles de porter atteinte à l’environnement et de mettre en danger son équipage.

Depuis, cette source a livré d’autres détails. Ainsi, selon Lloyd’s List, l’Eagle S aurait été équipé de « dispositifs de transmission et de réception » afin d’en faire un « navire espion » pour le compte de la Russie.

« L’équipement de haute technologie à bord était anormal pour un navire marchand et il consommait plus d’énergie que son générateur pouvait en produire, ce qui entraînait des pannes de courant répétées », écrit Lloyd’s List.

Des dispositifs d’écoute et d’enregistrement ainsi que de « nombres ordinateurs portables » dotés de claviers en langues russe et turque faisaient partie de cet équipement. « Les appareils de transmission et de réception ont été utilisés pour enregistrer toutes les fréquences radio et, une fois arrivés en Russie, ils ont été déchargés pour être analysés », avance la revue britannique. En outre, poursuit-elle, des « capteurs » auraient été largués par l’Eagle S dans la Manche.

A priori, le navire serait parti de Saint-Pétersbourg sans le matériel d’espionnage qui lui avait été confié. En revanche, Lloyd’s List affirme que des appareils d’écoute ont été installés à bord du Switsea Rider, un autre pétrolier de la « flotte fantôme », battant pavillon du Honduras.

Reste à voir si la police finlandaise sera en mesure de confirmer ces allégations. Pour le moment, elle n’a pas fait de commentaire. Afin de faciliter les investigations, l’Eagle S doit être remorqué vers le port de Kilpilahti, ce 28 décembre.

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