L’accueil très chaleureux qu’ont réservé les Chinois au Président Assad, qui est venu durant l’été 2023avec son épouse, participer à l’ouverture des jeux asiatiques, montre à quel point le régime syrien, dont l’image était totalement dégradée en raison d’une répression sanglante contre son peuple, est en train de sortir de son isolement international. Outre Pékin qui voit dans le régime syrien un pion utile dans sa stratégie moyen-orientale, des puissances régionales comme la Turquie et l’Arabie Saoudite, adversaires traditionnels de la Syrie, tentent de trouver une normalisation de leurs relations avec Damas. Ce processus n’est pas gagné d’avance !
Dès le début de la guerre en Syrie, Ankara avait pris fait et cause pour la rébellion sunnite syrienne. La Turquie a ainsi accueilli les cadres de l’Armée syrienne libre (ASL) et de l’opposition civile. Ce qui avait naturellement provoqué l’hostilité de Damas. Depuis, le président Erdogan a pris ses distances avec les forces djihadistes. Dans un deuxième temps, l’irrédentisme kurde qui avait transformé le Nord de la Syrie en base arrière avait amené l’armée turque lancer quatre opérations militaires dans le nord de la Syrie entre 2016 et 2020. Autant de positions du Président Ankara qui expliquent les très mauvaises relations qu’entretenaient les deux pays.
La main tendue d’Erdogan
Aujourd’hui, la volonté d’Ankara de renouer avec Damas par l’intermédiaire de Moscou, bute sur le refus de Bashar al Assad d’accepter l’occupation d’une partie de son territoire par la Turquie. Par l’intermédiaire d’une milice djihadiste appelée « Armée nationale syrienne » (ANS), composée d’anciens de l’Etat islamique et de volontaires syriens, la Turquie a organisé une zone tampon entre les Kurdes du Rojava syrien et les Kurdes de Turquie. Elle ne dédaigne pas de compléter cette occupation du territoire syrien par des bombardements aériens quand le besoin s’en fait sentir.
Le 9 aout 2023, Bashar al Assad a refusé toute rencontre avec le président turc Tayyip Erdogan tant que les troupes d’Ankara occuperaient le nord-ouest de la Syrie. « Notre objectif est le retrait (de la Turquie) du territoire syrien, tandis que l’objectif d’Erdogan est de légitimer la présence de l’occupation turque en Syrie », a déclaré Assad à l’agence Reuters. « Par conséquent, la réunion ne peut pas avoir lieu dans les conditions d’Erdogan. » « Pourquoi Erdogan et moi nous rencontrerions nous ? Pour boire un coup ? »
En juillet, Erdogan avait déclaré qu’il était prêt à rencontrer Assad mais pas à changer de politique. « La porte est ouverte … Assad veut que la Turquie quitte le nord de la Syrie. C’est hors de question. Nous combattons le terrorisme là-bas », a riposté le président turc. Le président syrien a clairement indiqué qu’aucune réunion n’aurait lieu dans les circonstances actuelles. « Aucune condition préalable signifie une réunion sans ordre du jour, a-t-il déclaré. Aucun ordre du jour signifie aucune préparation ; pas de préparation signifie aucun résultat, alors pourquoi Erdogan et moi nous rencontrerions nous ? »
Après les propos de Bachar al-Assad sur un retrait impératif des forces turques pour initier une normalisation des relations bilatérales, le ministre turc de la Défense Yasar Guler a rejeté la demande syrienne. « La Turquie veut sincèrement la paix mais nous avons aussi des sensibilités. Il est impensable pour nous de nous retirer sans assurer la sécurité de nos frontières et de notre peuple», a-t-il déclaré à la télévision nationale le 13 août. Outre l’occupation du nord de la Syrie, la Turquie a un autre sujet de discussion avec Assad : les réfugiés. La Turquie accueille environ 3,6 millions de réfugiés syriens, ce qui déclenche des attitudes xénophobes au sein de la population turque.
MBS à la manoeuvre
Après avoir dépensé des dizaines de millions de dollars à soutenir des milices arabes sunnites et le plus souvent djihadistes – en Syrie contre l’Iran et le Hezbollah, l’Arabie saoudite a souhaité au printemps dernier que Damas réintègre la Ligue arabe. Son objectif reste de convaincre le président Assad de s’éloigner de ses alliés iraniens. L’Arabie Saoudite est consciente de la supériorité militaire de l’Iran qui est de plus associé en Syrie à la Russie. Elle sait aussi que la présence de l’Iran en Syrie fait obstacle à son grand projet d’union régionale arabe auquel Israël serait associé.
N’ayant pas les moyens d’éjecter les Iraniens par la force, l’Arabie tente de convaincre Assad de le faire à sa place. En d’autres termes, elle a entrepris de convaincre Assad que certes l’Iran et la Russie ont sauvé la mise de son régime, certes encore l’Iran et la Russie ont financé l’administration syrienne et son armée, et surtout, l’Iran et la Russie ont aidé la famille Assad a retrouver le contrôle de 90% de son territoire. Mais pour les Saoudiens, tout cela appartient au passé : l’avenir, la paix, la prospérité sont du côté arabe. Une chose est sure en effet, ni l’Iran ni la Russie ne dépenseront un dollar pour reconstruire le pays et lui donner un avenir. Les Etats pétroliers du Golfe en revanche… ont les moyens d’investir dans l’économie syrienne.
Mohamed Ben Salmane, prince régnant d’Arabie a donc commencé un travail de longue haleine qui consiste à convaincre le despote syrien qu’il doit redessiner ses priorités diplomatiques. Les deux parties vont devoir démontrer leur volonté réciproque de surmonter les obstacles nombreux sur ce processus de normalisation, notamment au Liban, terre d’influence pour les deux pays. Les choix MBS et Assad sont très éloignés sur le candidat idéal pour l’actuelle élection présidentielle qui se joue au pays du Cèdre depuis presque un an.
Le Liban, pierre d’achoppement
Pour l’Arabie Saoudite, le régime syrien devrait tout d’abord donner un gage de bonne volonté en respectant la décision du Tribunal international sur l’assassinat de Rafic Hariri. Le 18 août 2020, le Tribunal Spécial pour le Liban a rendu son verdict dans le procès des auteurs présumés de l’attaque à la voiture piégée qui a visé, le 14 février 2005, le convoi de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, provoquant sa mort et celle de 21 autres personnes. Dans leur jugement (que beaucoup de commentateurs à l’époque ont jugé timoré), les juges de la chambre de première instance ont reconnu à l’unanimité la culpabilité de Salim Ayyash, membre du Hezbollah. Ils ont acquitté trois autres membres de l’organisation chiite, et ont indiqué n’avoir aucune preuve de l’implication du leadership du Hezbollah ou du régime syrien dans cette attaque et n’avoir pas non plus de preuve suffisante de l’implication de l’ancien accusé, Mustapha Badreddine, haut responsable du Hezbollah tué en Syrie en 2016.
Un engagement de la Syrie contre Salim Ayyash serait pour l’Arabie Saoudite un premier geste qui serait apprécié à sa juste valeur.
L’Arabie saoudite et la Syrie doivent aussi se donner les moyens d’agir ensemble pour contrôler la situation intérieure dans les arènes libanaise et irakienne, de résoudre les crises et de désamorcer les conflits. Cela conduira les deux parties à redéfinir leurs politiques régionales conformément aux intérêts arabes.
Ce calibrage ne sera pas une tâche facile au cours de l’étape à venir et nécessitera du temps et de la confiance entre les deux parties pour poursuivre le dialogue et échanger des informations sur des questions coopératives et litigieuses.
La vraie difficulté de ce processus est bien entendu militaire. La Syrie a certes récupéré 90% de son territoire, mais des pans entiers de ces 90% sont sous le contrôle russe ou iranien. La Russie contrôle elle-même directement des pans entiers de ce que l’on appelle la « Syrie utile ». Ces zones ont une grande valeur stratégique non seulement en raison de leur situation sur la bande côtière et le long des régions frontalières, mais aussi en raison de leur abondance de ressources telles que le phosphate et le gaz. Ces zones sous contrôle russe comprennent des quartiers de Damas et de sa campagne, mais aussi des villes comme Homs, Lattaquié et Tartous.
Il existait depuis longtemps un désaccord russo-iranien sur les zones d’influence en Syrie qui est passé au second plan quand les Russes et les Iraniens ont commencé à coopérer dans la guerre russo-ukrainienne. Certaines zones du nord de la Syrie sont sous contrôle turc tandis que d’autres restent sous le contrôle du régime syrien. En outre, certaines parties d’Idlib continuent d’être contrôlées par l’opposition syrienne.
Joe Biden fait de la résistance
Les sanctions américaines représentent l’obstacle le plus sérieux à l’avancement des relations saoudo syriennes, en particulier dans les domaines économique et commercial. Washington s’oppose fermement à la normalisation des relations avec le régime syrien et le justifie en pointant l’absence d’avancées réelles et durables vers une solution politique conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité, un projet de résolution américain adopté en décembre 2015. La résolution prévoit d’autoriser l’aide humanitaire à atteindre les zones assiégées, la mise en place d’un gouvernement de transition et la tenue d’élections libres sous la supervision de l’ONU.
Washington justifie également sa position de rejet sur la normalisation avec Damas qui n’a pas répondu aux appels internationaux pour libérer les prisonniers politiques, permettre le retour en toute sécurité des réfugiés, poursuivre les auteurs de crimes de guerre en Syrie et traduire les responsables en justice.
Washington a imposé des sanctions à la Syrie en vertu du Caesar Act, que l’ancien président américain Donald Trump a promulgué le 20 décembre 2020, pour cinq ans après la date de promulgation. Il prévoit l’imposition de sanctions à tout gouvernement, entreprise ou individu qui traite directement ou indirectement avec le régime syrien. La loi permet également aux États-Unis d’imposer des sanctions à tout gouvernement, entreprise ou individu qui traite avec le régime syrien dans quatre secteurs vitaux : l’énergie, l’aviation, la finance, la banque, la construction et l’ingénierie.
Ce qui rend la coopération saoudienne avec la Syrie sur des projets de reconstruction très acrobatique.
La Syrie, un pays en ruines
Le régime syrien « joue la montre ». Le pays a perdu la moitié de sa population et des pans de son territoire sont occupés par la Turquie, la Russie, l’Iran et des forces djihadistes liées à l’Etat islamique, tandis que le Kurdistan a fait sécession. La Syrie est devenue le champ clos de toutes les contradictions du Moyen Orient. Toutefois, il n’est pas exclu que cet ensemble de contradictions évoluent.
Douze ans de guerres civiles
La guerre civile a démarré en Syrie en 2011. Des manifestations pacifiques de musulmans sunnites, inspirées par les soulèvements du « printemps arabe » en Tunisie et en Égypte, ont débuté en mars. Les sujets de mécontentement ne manquaient pas : un pouvoir politique accaparé par une famille, les Assad, appartenant à une ethnie minoritaire, les Alaouites. Cette privatisation du pouvoir, des niveaux de corruption élevés, un chômage important, une aspiration à sortir de l’économie de guerre, l’absence de libertés politiques ont jeté la population dans la rue.
Les manifestations pacifiques ont été rapidement réprimées par le gouvernement. Les Frères Musulmans, très présents en Syrie, avaient commencé à transformer ce mécontentement en révolte politique. La répression, loin d’éteindre le mouvement contestataire, l’a intensifié. Une guerre civile brutale s’est alors instaurée financée par une mouvance salafiste qui s’est propagée dans la plupart des pays du Golfe.
Les forces impliquées
Le principal acteur est Bashar al Assad soutenu par la Russie et l’Iran. La Russie et l’Iran sont intervenus militairement de façon décisive pour maintenir Bashar al Assad au pouvoir. Si leurs objectifs finaux des dirigeants de ces deux pays ne sont pas les mêmes, ils ont travaillé ensemble pour annihiler l’opposition et maintenir le régime de Bashar al Assad en place. L’un parce que la Syrie lui donne accès la Méditerranée et l’autre parce que le sol syrien peut être truffé de bases de missiles qui ciblent toutes Israël.
L’Iran n’agit pas directement en Syrie, mais plutôt à travers le Hezbollah libanais qui est venu très tôt combattre les Frères Musulmans opposés à Bashar al Assad.
En juillet 2018, l’armée syrienne, le Hezbollah et les forces russes ont fait en sorte que Bashar al Assad récupère 90% de son territoire en éliminant les djihadistes du centre et du sud de la Syrie. Mais en réalité, ces « alliés » de la Syrie n’agissent pas différemment de la Turquie : ils occupent militairement des portions de territoire syrien que l’on peut dire « pacifiées ». La guerre civile subsiste dans seules quelques zones périphériques du pays hors de l’autorité de Damas
Le Rojava, ou Kurdistan syrien est une région rebelle devenue autonome dans le nord et le nord-est de la Syrie. Depuis 2012, la majorité du Kurdistan syrien est contrôlée par des milices kurdes. Les Kurdes, dont beaucoup sont liés au PKK, le mouvement indépendantiste qui est la bête noire de la Turquie, ont été armés et financés par les Etats Unis et les Européens pour lutter contre l’Etat islamique,
La Turquie qui veut empêcher un mouvement indépendantiste kurde de faire sécession en Syrie et de s’installer à la frontière syro turque. La Turquie occupe d’importantes portions de territoire syrien et lutte contre Bashar al Assad dans le cadre d’une rivalité avec l’Iran. Les forces soutenues par la Turquie dans le nord-ouest du pays réclament le départ du président syrien Bashar al-Assad. La Turquie bombarde régulièrement les lignes kurdes en Syrie, mais elle intervient aussi sur le terrain grâce à sa milice l’« Armée nationale syrienne » (ANS), des mercenaires qui combattent les Kurdes au nord-est de la Syrie et sont financés en armes et salaires par Erdogan. Ces supplétifs sont accusés de nombreuses exactions..
L’Etat hébreu ne dispose pas de milices sur le terrain, mais il bombarde quasiment chaque semaine et cela depuis plusieurs années, les bases de missiles iraniennes construites sur le sol syrien ou les convois de camions qui acheminent de l’armement en direction du Hezbollah libanais.
Les Etats Unis disposent d’une base de quelques centaines de soldats pour combattre l’EI
La nébuleuse djihadiste. Tout le monde parle de « conflit syrien », mais il n’y a pas de ligne de front claire tant les parties en présence sont nombreuses et poursuivent chacune des intérêts divergents
Une économie en lambeaux
Avant l’éclatement de la guerre civile en 2011, la Syrie avait timidement entrepris de libéraliser son économie pour passer le cap de réservés pétrolières (et donc de recettes pour le budget de l’Etat) en déclin. Le marché bancaire s’était ouvert au privé, une bourse avait resuscité et le pays avait adhéré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Au plan sociétal, l’accès à l’éducation universelle primaire avait progressé pour les garçons comme pour les filles, la mortalité infantile était en régression et la couverture vaccinale s’avérait presque satisfaisante.
Néanmoins, de graves déséquilibres persistaient. La pauvreté sévissait dans les campagnes aggravée par une sécheresse de plusieurs années. La région du nord-est concentrait à elle seule presque la moitié des pauvres. Mais en ville, le chômage sévissait aussi (16% en 2007) et plus encore chez les jeunes.
En réalité, les entreprises avaient du mal à embaucher une main d’œuvre qualifiée et 80 % des chefs entreprises se plaignaient des « cadeaux » qu’ils étaient obligés d’offrir aux fonctionnaires pour « faire avancer les choses ».
Un demi million de morts
Le conflit entre la population et le gouvernement de Bashar al Assad démarre en 2011 sur les bases du « Printemps Arabe », c’est-à-dire des revendications de liberté plus grandes, une sortie de l’état de guerre et la fin de la corruption. Les manifestants sont sévèrement réprimés et la bataille devient guerre civile.
Selon les chiffres de l’ONU, la guerre a produit un demi-million morts, un million de blessés, un nombre inconnu de disparitions, la destruction de l’infrastructure industrielle et agricole, et l’exode de presque cinq millions de personnes en Irak, Jordanie, Turquie, Liban, plus un million de personnes qui ont rejoint l’Allemagne ou l’un des pays de l’Union européenne. A l’intérieur de la Syrie, plus de 7 millions de personnes ont le statut de personnes déplacées.
Le désordre économique a été aggravé par les sanctions économique que les États-Unis et l’Union européenne ont infligées à la Syrie par. Ces sanctions qui visaient à pénaliser la brutalité de la répression de Bashar al Assad ont privé les quelques secteurs exportateurs (hydrocarbures, phosphates) de leur accès au marché mondial. Le manque de personnel qualifié à fait le reste.
L’agriculture qui comptait pour un cinquième du PIB a été disloquée et une bonne partie des terres fertiles sont passées longtemps sous le contrôle de l’Etat islamique. L’instabilité de la monnaie syrienne est le reflet d’une économie dévastée. Avant la guerre, il fallait 47 livres syriennes pour obtenir un dollar américain. Aujourd’hui, il en faut 9 900 sur le marché officiel et 14 500 sur le marché parallèle.
60% de chômeurs
Le Centre syrien de recherche politique (SCPR) estime que plus de 60% de la main-d’œuvre (environ 3,5 millions) est au chômage, et que quelque 3 millions ont perdu leur emploi à la suite du conflit. La SCPR a également estimé que les des deux tiers des Syriens vivent dans une pauvreté extrême, et sont dans l’incapacité de répondre aux besoins alimentaires et non alimentaires de base. Les principales raisons de la pauvreté sont la perte de biens, d’emplois et d’accès aux services publics, y compris la santé et l’eau potable, ainsi que la hausse des prix des denrées alimentaires. Selon l’ONU, quelque 2,1 millions de maisons ont été détruites.
Le régime de Bashar al Assad a été porté à bout de bras par l’Iran qui a fourni de l’essence et payé les salaires des fonctionnaires. C’est ainsi que l’Iran a acheté le droit de transformer la Syrie en base militaire contre Israel.
Les pays arabes vont-ils contribuer à la reconstruction ?
En février 2023, le nord de la Syrie a été frappé par un tremblement de terre catastrophique qui a tué environ 6 000 personnes. Une fois n’est pas coutume, un afflux d’aide humanitaire a mobilisé le monde arabe. L’Arabie saoudite a effectué des livraisons de secours sans précédent dans les parties de la Syrie contrôlées par le gouvernement et, en parallèle, a décidé de raviver ses relations avec Assad.
Le tremblement de terre a marqué un tournant : à partir de ce moment, l’Iran et les Etats du Golfe hostiles à Bashar al Assad ont résolu de conduire leurs relations sur le terrain diplomatique. En mars, l’Arabie saoudite et la Syrie ont convenu de reprendre les services consulaires. En quelques semaines, l’accord s’est transformé en une ouverture diplomatique complète.
Le 1er mai dernier, Riyad a aidé à organiser une réunion avec les ministres des Affaires étrangères saoudien, égyptien, jordanien, irakien et syrien à Amman, la capitale jordanienne. Un communiqué conjoint a été publié qui émet un ensemble de recommandations humanitaires, sécuritaires et politiques pour résoudre le conflit syrien. Le 19 mai, Assad a fait son retour officiel au sommet de la ligue à Djeddah.
Aujourd’hui tous les pays arabes ont repris langue avec Bashar al Assad. Cela ne signifie pas que tout est arrangé et que les milliards du pétrole vont se déverser pour reconstruire la Syrie. Cela signifie seulement que la guerre entre l’Iran et l’Arabie Saoudite (et plus largement le monde arabe) va se poursuivre sur le terrain diplomatique. L’Arabie Saoudite va probablement tenter de négocier avec Bashar qu’il prenne ses distances avec l’Iran et le Hezbollah. Sauf que les Iraniens ont besoin de la Syrie pour demeurer en lien direct avec le Hezbollah et poursuivre leur stratégie de menacer Israel à partir de plusieurs fronts.
Parmi les milices djihadistes encore actives en Syrie, on trouve :
État islamique (EI) : Aussi connu sous le nom de Daech, l’État islamique a été l’un des groupes djihadistes les plus puissants en Syrie. Les combattant de l’EI ont vu immédiatement l’intérêt qu’il y avait à épauler les opposants à Bashar al Assad et ont rejoint l’Armée Syrienne Libre (ASL) qui était en 2011, la principale composante de l’insurrection, composée d’anciens officiers de Bashar al Assad. Très rapidement, les cadres de l’EI, grâce à leur expérience acquise sur le terrain irakien contre les Américains et en raison de la volonté du régime syrien de s’en prendre prioritairement au mouvement démocrate, se sont distingués militairement et ont pris l’ascendant sur les autres factions, pour former en 2012 un noyau dur jihadiste, mais toujours en lutte contre le régime syrien.
Al-Qaïda et Hayat Tahrir al-Cham (HTS) : HTS est un groupe djihadiste qui a émergé en Syrie et qui est lié à Al-Qaïda. Il a été actif principalement dans la province d’Idlib et a été en conflit avec d’autres groupes rebelles et l’armée syrienne.
Ahrar al-Sham : Ahrar al-Sham est un groupe djihadiste qui opère en Syrie dans la région d’Idlib.