Devant les députés, en octobre, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, avait estimé qu’il n’était pas pertinent de constituer des « stocks » de drones et / ou de munitions téléopérées [MTO], sauf à prendre le risque de se retrouver avec des appareils obsolètes, les progrès technologique en la matière étant constants et rapides, grâce notamment à l’apport de l’intelligence artificielle [IA].
Justement, spécialiste de ce type de technologie, le groupe allemand Helsing vient de dévoiler le HX-2, un nouveau « drone d’attaque intelligent ».
Doté d’une aile en X [ou cruciforme], cet appareil est décrit comme étant une « munition de précision ». À propulsion électrique, il affiche une portée de 100 km et peut voler à la vitesse maximale de 220 km/h. Grâce à l’IA embarquée, il est totalement « résilient » au brouillage des signaux GPS et des communications. Ses performances, avance Helsing, ont d’ailleurs été « développées et testées » en Ukraine.
Une autre particularité du HX-2 est qu’il peut être assocé au système de « reconnaissance / frappe » Altra, également développé par Helsing. Ainsi, plusieurs appareils peuvent constituer un essaim autonome, contrôlé par un seul opérateur.
Plus précisément, Altra est un logiciel qui permet de contrôler à la fois des drones ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance] et des munitions téléopérées comme le HX-2, tout en les mettant éventuellement en réseau avec les systèmes d’artillerie et de commandement et de contrôle [C2].
« Grâce à l’intelligence artificielle, Altra permet de combiner à l’acquisition d’objectifs à grande échelle des frappes précises et coordonnées », résume Helsing.
Ainsi, par exemple, un drone ISR résilient au brouillage électonique va détecter des cibles puis transmettre leur position à un opérateur au sol une fois sorti de la zone où les signaux sont perturbés. Quand les objectifs à frapper sont confirmés, les informations de ciblage sont communiquées à un ou plusieurs HX-2, dont la charge militaire peut être antichar, polyvalente ou anti-infrastructure. « La guerre électronique menaçait de priver les opérateurs de leur capacité d’action, et nous la leur rendons », fait valoir Helsing.
Point important : le HX-2 a été conçu pour être rapidement produit à grande échelle et à un coût « significativement inférieur à celui des systèmes conventionnels ». Pour l’industriel, il représente « une offre complémentaire aux systèmes d’artillerie existants ».
« Avec le HX-2, nous créons une nouvelle catégorie d’effecteurs intelligents qui allient masse, autonomie et précision. Un seul HX-2 peut engager un blindés ennemi de manière fiable, même dans les environnements les plus contestés. Déployés en grand nombre, les HX-2 représentent une capacité de dissuasion essentielle le long de frontières menacées », a résumé Niklas Köhler, l’un des cofondateurs d’Helsing.
On verra bientôt si l’épée aura encore un coup d’avance sur la cuirasse étant donné que l’Allemagne doit livrer 4 000 HX-2 à l’Ukraine.
Cependant, comme l’a souligné Antoine de Braquilanges, le directeur général d’Helsing France, l’IA de ce drone d’attaque doit être « constamment mise jour ». Et d’ajouter, selon des propos rapportés par l’AFP : « C’est un objet vivant qui doit être ré-entraîné, certifié et puis déployé à bord des plateformes le plus rapidement possible ».