Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 18 décembre 2024

Des chefs ukrainiens rackettent et torturent leurs propres soldats


Au début du mois de janvier 2023, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré la guerre à la corruption. «La société recevra toutes les informations et l'Etat prendra les mesures nécessaires», avait-il promis dans un message vidéo. Pourtant, dans l'indice de corruption de Transparency International, le pays occupe la 104e place, juste derrière des pays comme l'Éthiopie, la Géorgie ou le Qatar.

Alors que plusieurs têtes sont déjà tombées au sein du gouvernement ukrainien, la corruption reste un problème majeur, notamment dans l'armée. Le journal en ligne Ukrayinska Pravda rapporte des faits particulièrement perturbants.

Un réseau familial dans une brigade

Tout commence le 8 juillet 2024, dans la région de Ternopil, lorsqu’un soldat de la 211e brigade de pontonniers disparait mystérieusement. Retrouvé chez lui par deux officiers, l'homme est complètement effondré. «Il était dans un état critique: maigre, pâle, épuisé, apeuré», se souvient Tymofiy Ostafiytchouk, un ancien psychologue militaire, à Ukrayinska Pravda. Visiblement ivre, il refuse d'abord de parler aux autorités. Puis il se met à crier: «Je ne retournerai pas à l'unité! Je vais me faire tuer si je n'envoie pas d'argent au fils du chef d'état-major!»

Le renvoi de trois délinquants ukrainiens vers la guerre passe mal

Cette unité, la 211e brigade de pontons, est principalement composée d'ingénieurs. Ils construisent des ponts permettant de renforcer leurs positions de défense, ils ne participent pas aux combats au front. Habituellement, les membres d'une même famille servent dans des unités différentes afin d'éviter les conflits d'intérêts. Mais au sein de cette brigade, pères et fils travaillent côte à côte. 

Au moins un soldat attaché à une croix

Il s'est rapidement avéré que le soldat qui s'était échappé avait été victime de Vladislav P.*, alors chef de section du premier bataillon de la brigade. Son père Valeri faisait office de chef d'état-major. 

Vladislav P. menaçait les soldats de les transférer dans l'infanterie s'ils ne lui versaient pas d'argent. Il aurait également régulièrement maltraité ses subordonnés. Des photos publiées par Ukrayinska Pravda montrent le chef de section devant un soldat ukrainien attaché à une croix en bois. Selon le rapport, le soldat a reçu cette punition parce qu'il avait bu de l'alcool durant son service. Si les soldats étaient surpris en train d'en consommer, ils étaient battus. En outre, ils devaient lui verser l'équivalent de 100 à 450 francs. En vérité, le duo père-fils aurait dû remettre l'argent ainsi obtenu à l'armée, ce qu'ils n'ont pas fait.

Maintenant que le scandale a été rendu public, Vladislav P. a été muté dans une autre unité et son père a payé une indemnité aux soldats concernés. Une procédure pénale a d'abord été suspendue contre le paiement d'une amende d'un montant équivalent à 731 francs, mais le chef de l'armée, Oleksandr Sirski, a ordonné une nouvelle enquête, comme l'ont rapporté plusieurs médias ukrainiens.

* Nom connu

Marian Nadler

blick.ch