La Russie est soupçonnée d'avoir planifié le sabotage d'avions à destination des Etats-Unis. Deux engins incendiaires retrouvés en Europe faisaient partie d'une opération secrète visant à faire s'écraser des avions de fret ou de ligne. DHL a pu les désamorcer à temps dans ses centres de tri à Leipzig en Allemagne et à Birmingham en Angleterre.
Comme le rapporte en exclusivité le «Wall Street Journal», une recherche mondiale est en cours pour trouver les commanditaires. Les enquêteurs et les services secrets européens pensent que l'action de sabotage faisait partie d'un complot russe de plus grande envergure.
Engins explosifs au magnésium
Une substance inflammable à base de magnésium avait apparemment été intégrée dans des appareils de massage électriques. Selon le parquet polonais, quatre personnes ont été arrêtées et inculpées au cours de l'enquête. La Pologne ne mentionne ni les noms ni les nationalités des personnes arrêtées, qui auraient participé aux actes de sabotage ou de terrorisme «pour le compte d'un service secret étranger». Une chasse à l'homme internationale est en cours pour retrouver deux autres suspects.
Le Kremlin parle d'«insinuations des médias»
Richard Moore, chef des services secrets britanniques, aurait déclaré que les services secrets russes étaient «devenus fous». Ken McCallum, chef du service de renseignement intérieur britannique, a apparemment lui aussi averti que la Russie orchestrait «des incendies criminels, des sabotages et plus encore».
Le journal américain cite également le chef du service de renseignement extérieur polonais, Pawel Szota, selon lequel des espions russes seraient derrière l'opération. Au «Wall Street Journal», le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a rejeté toute accusation: «Ce ne sont que des insinuations des médias». Les services secrets des pays baltes, de la Finlande, de la Suède, de la République tchèque et des Etats-Unis participent également à l'enquête. Les enquêteurs ne veulent pas exclure la possibilité que des espions russes aient voulu «mener le complot sans l'autorisation complète du Kremlin».
Le «hasard» à la rescousse
Ce n'est que par chance qu'une catastrophe a pu être évitée en juillet. Une fois le magnésium allumé, il aurait été difficile à éteindre par les systèmes anti-incendie de la plupart des avions. Les pilotes auraient dû effectuer un atterrissage d'urgence au-dessus de l'Atlantique, loin de toute terre ferme, ce qui, selon les enquêteurs, aurait inévitablement conduit à un crash dans l'océan. Le chef du service de renseignement intérieur allemand, Thomas Haldenwang, a déclaré devant le Bundestag que c'est uniquement en raison du retard d'un vol qu'un avion de DHL n'a pas pris feu et qu'une catastrophe a pu être évitée.
Daniel Kestenholz