Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 14 octobre 2024

Les forces chinoises se préparent à imposer un blocus à Taïwan

 

Selon les estimations du renseignement américain, la République populaire de Chine [RPC] pourrait faire usage de la force pour faire revenir Taïwan, qu’elle considère comme étant une « province rebelle », dans son giron en 2027. Ce qui lui laisserait un peu plus de deux ans pour s’y préparer.

Pour le moment, l’Armée populaire de libération [APL] envoie un nombre toujours plus important de navires et d’aéronefs dans les approches de l’île, ce qui met les forces armées de celle-ci sous une pression quasi-permanente, tout en usant leur potentiel. Mais on ignore encore le mode opératoire que Pékin suivra pour s’emparer de Taïwan.

Trois scénarios sont évoqués. Le premier repose sur des opérations hybrides, à l’image de celles menées par la Russie pour annexer la Crimée, en 2014. Le second est de facture plus classique puisqu’il envisage une vaste opération amphibie lancée à la suite de frappes massives sur les infrastructures militaires taïwanaises. Quant au dernier, il consisterait à imposer un blocus naval et aérien de l’île, lequel s’accompagnerait du déploiement de moyens d’interdiction et de déni d’accès [A2/AD] afin d’empêcher une intervention américaine. Ces dernières année, l’APL s’est dotée de capacités lui permettant de suivre ces trois modes opératoires, qui pourraient se combiner.

Cela étant, les manœuvres « Épées tranchantes unies 2024B » que vient de lancer la Chine dans les environs de Taïwan, ce 14 octobre, peuvent donner une indication sur ses intentions futures.

La veille, le ministère taïwanais avait dit être en « état d’alerte » après avoir fait état de la présence du porte-avions CNS Liaoning au sud de l’île. Il a « pénétré dans les eaux proches du canal de Bashi et se dirige probablement vers le Pacifique occidental », a-t-il expliqué.

Cependant, le déploiement d’un groupe aéronaval chinois dans ce secteur n’est pas nouveau… Seulement, il est survenu après que le président taïwanais, Lai Ching-te, s’est engagé à « résister à l’annexion » de l’île ou « à l’empiètement de [sa] souveraineté ». Ce qui n’a pas manqué de faire réagir à Pékin, où l’on a qualifié ces propos de « provocations » susceptibles d’entraîner un « désastre » pour les Taïwanais.

D’où l’inquiétude engendrée par les manœuvres « Épées tranchantes unies 2024B », tant à Taipei qu’à Washington. Visiblement, celles-ci visent à encercler Taïwan, comme s’il s’agissait d’imposer un blocus. Menée sous l’autorité du commandement du théâtre oriental de l’APL, elles mobilisent des forces aériennes, navales et terrestres. La forces des missiles y participe également, de même que la garde côtière chinoise, qui a fait savoir qu’elle avait engagé des « inspections du maintien de l’ordre » dans les eaux taïwanaises.

Ces exercices se déroulent « dans des zones au nord, au sud et à l’est de l’île de Taïwan », a expliqué le capitaine Li Xi, un porte-parole du commandement du théâtre oriental. Ils « se concentrent sur des patrouilles de préparation au combat mer-air, le blocus de ports et zones clés ainsi que sur « l’assaut de cibles maritimes et terrestres », a-t-il ajouté.

Pour Pékin, ces manœuvres constituent un « sérieux avertissement » face aux « actions séparatistes » des forces taïwanaises. « Il s’agit d’une opération légitime et nécessaire pour sauvegarder la souveraineté de l’État et l’unité nationale », a fait valoir le capitaine Li.

De son côté, le ministère taïwanais de la Défense a dénoncé un « comportement irrationnel et provocateur » et assuré avoir « déployé les forces adéquates pour réagir de manière appropriée dans l but de protéger la liberté et la démocratie, ainsi que pour défendre la souveraineté » de Taïwan. A priori, le sort des îles Penghu [ou Pescadores], Kinmen et Matsu semble le préoccuper le plus puisqu’elles ont été placées en état « d’alerte renforcée ». Celles-ci sont en effet les plus menacées dans la mesure où l’APL pourrait en prendre le contrôle afin de tester la réaction de Taipei et la détermination de Washington.

Justement, et alors que les forces taïwanaises ont détecté pas moins de 125 avions chinois dans les approches de l’île [jamais un tel « volume » n’avait été observé jusqu’alors], les États-Unis ont mis en garde contre toute « provocation » de la Chine à l’égard de Taïwan et affirmé que les manœuvres « Épées tranchantes unies » sont « injustifiées » et représentent un « risque d’escalade ».

« Nous appelons la RPC à agir avec retenue et à éviter toute nouvelle action susceptible de porter atteinte à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taiwan et dans la région au sens large, ce qui est essentiel à la paix ainsi qu’à la prospérité régionales et constitue un sujet de préoccupation internationale », a affirmé Matthew Miller, un porte-parole de la diplomatie américaine.

opex360.com