Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 9 octobre 2024

Le SRC recrute

 

L'avant-dernière phrase de l'offre d'emploi pour un nouvel attaché de presse est la suivante:

«En vue d'un engagement au SRC, vous soumettez votre candidature avec discrétion».

Attaché de presse 007? Le poste à pourvoir n'est pourtant pas celui d'un agent secret. Il s'agit plutôt d'une personne de nationalité suisse qui, comme le précise l'annonce, contribue à «assurer les échanges avec le public et les médias».

Les choses ne se passent pas très bien au sein du Service de renseignement suisse. L'ambiance est parfois très mauvaise depuis que le directeur Christian Dussey a lancé, après son entrée en fonction en avril 2022, une grande transformation qui a entraîné de nombreux changements: une nouvelle structure avec de nouveaux départements et de nouveaux chefs.

Employés mécontents

L'enquête auprès des collaborateurs 2023 a révélé des valeurs en baisse, parfois de manière dramatique. La satisfaction à l'égard de la «haute direction» a baissé de 17 points par rapport à l'enquête de 2020, pour atteindre 35 points, soit un niveau critique. Les remarques portaient notamment sur l'absence d'objectifs clairs, le manque de confiance mutuelle au sein du SRC et le manque d'information sur les changements.

Les décisions ne seraient pas assez appliquées et les problèmes urgents ne seraient pas résolus. Le transfert de connaissances, la promotion de la responsabilité individuelle, la culture de l'erreur, la conscience des coûts et la cohésion ont également fait défaut. L'infrastructure, qui rend le télétravail compliqué, a également été critiquée. Il a aussi été déploré que la santé des collaborateurs n'ait plus une grande importance.

Il est frappant de constater, comme dans d'autres enquêtes menées auprès des collaborateurs de la Confédération, que l'ambiance au sein des équipes de travail est en revanche décrite comme bonne. La frustration concerne les cadres supérieurs.

Ainsi, selon les initiés, les absences pour cause de maladie et les licenciements se sont multipliés. Y compris dans le service de communication, pour lequel on cherche désormais du nouveau personnel. Et ce, comme on le dit de manière informelle, après que les collaborateurs actuels aient «tous démissionné ou demandé à être mutés».

Sonja Margelist, cheffe suppléante de la communication du SRC, confirme trois départs:

«Après la démission de deux personnes, les postes de "chef de la communication" et de "spécialiste de la communication et porte-parole" ont été mis au concours ces derniers mois. Une troisième personne quittera le service de communication dans quelques mois pour assumer d'autres tâches au sein du service de renseignement de la Confédération».

Sonja Margelist

La cheffe de la communication s'en va

Isabelle Graber, responsable de la communication depuis de nombreuses années, a notamment quitté le SRC. Sa boîte aux lettres électronique répond depuis début octobre par un message automatique: «Je ne travaille plus au SRC». Elle a d'abord été l'adjointe de l'ancien chef de la communication, puis a dirigé le service des médias à partir de 2015. Apparemment, la succession a déjà été réglée.

Selon les observateurs, le départ d'Isabelle Graber reflète justement le début d'une nouvelle ère. En effet, l'ancienne cheffe de la communication avait déjà travaillé pour les prédécesseurs de Christian Dussey, Markus Seiler et Jean-Philippe Gaudin. Elle aussi représentait donc en quelque sorte la vieille garde, dont Dussey cherche manifestement à prendre congé.

Une réforme nécessaire, mais menée à la hâte?

Au sein du département de la conseillère fédérale Viola Amherd, responsable du SRC, on estime que la réforme du service de renseignement a été menée de manière précipitée et peu élaborée. Mais qu'elle était objectivement nécessaire, d'autant plus qu'une partie des anciens collaborateurs continuent d'exercer une influence, quel que soit le chef du moment.

Christian Dussey semble vouloir mettre fin à l'influence de ces ex-employés, dont font également partie d'anciens directeurs travaillant aujourd'hui comme conseillers rémunérés. C'est pourquoi, selon les suppositions de certains observateurs, le nouveau chef a fait entrer dans l'équipe de direction des personnes peu expérimentées. Un nouveau départ qui, à l'inverse, entraîne la perte de nombreuses connaissances et de nombreux contacts.

Les raisons des départs au sein du service de presse sont, selon les dires, également la charge psychique à laquelle les porte-parole du SRC sont exposés. A tout moment de la journée, la colère de nos concitoyens peut se déverser sur le personnel de communication, d'autant plus que celui-ci est connu du public et joignable par téléphone.

C'est peut-être la raison pour laquelle le SRC cherche désormais une sorte d'agent secret de la communication.

Chiara Lecca

watson.ch