Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 30 septembre 2024

Les techniques d’assassinat sophistiquées des israéliens

 

Une analyse approfondie des opérations d’assassinat menées par Israël à l’encontre des hauts dirigeants du Hezbollah, en particulier son secrétaire général, Hassan Nasrallah, révèle que ces actions reposent sur des renseignements extrêmement précis, avec un taux d’échec quasi nul. À titre d’exemple, Ali Karaki, visé dans la banlieue sud quelques jours avant la tentative d’assassinat contre le chef du mouvement pro-iranien, a succombé à ses côtés.

Israël a également utilisé des drones pour cibler des membres et responsables du Hezbollah, qu’ils soient à bord de véhicules, sur des motos, ou même à l’intérieur de bâtiments, lorsque les informations fournies par les services de renseignement montraient que l’emploi des drones assurerait le succès de l’opération.

En outre, pour atteindre ses objectifs, Israël a recouru à des avions de guerre sophistiqués dans le cadre d’opérations d’assassinat ciblant des personnalités de premier plan, tant en termes de leadership ou de capacités militaires. Ces avions et drones, équipés de missiles de précision et dotés d’une forte puissance destructrice, ont été utilisés lors de quatre assassinats majeurs, à savoir ceux de Saleh al-Arouri, un dirigeant du Hamas, Fouad Chokr, le commandant militaire du Hezbollah, le commandement de la force Al-Radwan, ainsi que lors de l’assassinat de Hassan Nasrallah.

Lors de l’opération d’assassinat visant Hassan Nasrallah, les Israéliens ont diffusé des images et des vidéos montrant l’escadron des F-15 ayant pris part à l’attaque, composé de 8 à 10 appareils. Selon les images, chaque avion était équipé de 6 à 8 missiles MK84 avancés, pesant chacun 900 kg.

Ces éléments corroborent les informations relayées par plusieurs médias, selon lesquelles le nombre total de bombes larguées sur le site où se trouvait Nasrallah pourrait avoir atteint les 80. Les témoins du raid ou ceux qui ont entendu les explosions ont confirmé qu’une frappe d’une telle envergure n’avait pas eu lieu depuis le début de la guerre le 8 octobre, témoignant de l’importance de la cible.

Les Israéliens voulaient s’assurer que le leader du Hezbollah n’avait aucune chance de survivre à l’attaque, à moins qu’il n’ait pu quitter les lieux avant son déclenchement.

Toutefois, il semble que les renseignements recueillis par Israël au cours de l’opération aient confirmé que le secrétaire général du Hezbollah était toujours sur place. Un expert militaire souligne que si les Israéliens avaient eu le moindre doute concernant son départ, ils auraient immédiatement rappelé leurs avions à la base. Pour eux, échouer à éliminer leur cible est bien plus coûteux que d’annuler l’opération dans son intégralité.

L'élimination de Ismail Haniyeh à Téhéran 

Bâtiment avec la chambre (en haut à gauche) d'Ismail Haniyeh

Le journal rapporte que l'engin explosif a été placé sous le lit de Haniyeh par deux Iraniens recrutés par le Mossad et appartenant à l'unité de sécurité Ansar al-Mahdi du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), dont la fonction était précisément de protéger le bâtiment et ses invités.

Le jour de l'attaque, des caméras de sécurité ont filmé des gardes se déplaçant furtivement dans le couloir en direction de la chambre de Haniyeh. Trois minutes après être entrés, les gardes sont sortis calmement, ont quitté le bâtiment et sont repartis dans une voiture noire. Une heure plus tard, ils ont été évacués d’Iran par le Mossad. La précision et la minutie de cette opération soulignent sa complexité et sa coordination.

Contrairement aux rapports initiaux suggérant que l’appareil avait été placé des semaines ou des mois plus tôt, les images de sécurité montrent qu’il a été installé le même jour que l’explosion, à 4 h 23, soit environ neuf heures avant d’être activé à distance lorsque Haniyeh est entré dans sa chambre à minuit. L'explosion s'est produite à 01 h 37 exactement, heure locale, et la bombe, un dispositif de précision conçu pour minimiser les dommages collatéraux, n'a détruit que la chambre de Haniyeh.

Dans son article dans The Jewish Chronicle, Elon Perry a souligné que l'assassinat de Haniyeh avait été décidé après les événements du 7 octobre et avait nécessité un réseau complexe d'espions du Mossad répartis dans tout Téhéran, y compris des collaborateurs iraniens actifs en Iran bien avant la guerre d'assassinat à Gaza. Les renseignements accumulés par Israël au cours des 20 dernières années sur les efforts de l'Iran pour développer des armes nucléaires ont été la clé du succès de l'opération.

L’opportunité de cette attaque s’est présentée lorsque Haniyeh a été invité à Téhéran pour l’investiture du nouveau président iranien. Le Mossad, avec l'aide de l'unité de renseignement 8200 de l'armée israélienne, a intercepté des appels téléphoniques entre les organisateurs de l'événement et les invités. Une fois l’arrivée de Haniyeh confirmée, l’exécution du plan a commencé.

Des agents du Mossad se sont régulièrement rendus dans la zone pour assurer la logistique opérationnelle et cartographier chaque rue et ruelle, identifier les voies d'évacuation possibles et vérifier les mesures de sécurité du bâtiment. Le bâtiment, situé sur une colline et entouré de grands arbres, rendait difficile une observation claire de l'extérieur, ce qui a incité certains des cinq agents à s'habiller en vert et à grimper aux arbres pour avoir une vue dégagée. Son travail consistait à se présenter dès que Haniyeh arrivait au bâtiment.

Une deuxième escouade du Mossad, également déguisée en vert, était chargée de surveiller la fenêtre de la chambre de Haniyeh sous un angle stratégique. A 01h20 du matin, tous les invités sont arrivés et Haniyeh est entré dans sa chambre après avoir dit au revoir aux autres. Son garde du corps se tenait devant la porte. Après dix minutes, la lumière s'est éteinte dans la pièce, et l'opérateur de la bombe a déclenché l'explosion, tuant instantanément Haniyeh et blessant grièvement son garde du corps, Wasim Abu Shaaban, qui est décédé plus tard.

Après l'assassinat, les autorités iraniennes ont fouillé l'ensemble du complexe et arrêté 28 officiers militaires et membres du quartier général présents sur les lieux, confisquant leurs appareils électroniques permettant de suivre leurs communications. L’indignation iranienne ne s’est pas limitée à la mort d’un haut responsable du Hamas, mais également au fait que des membres du CGRI étaient impliqués.

Elon Perry, qui était un commando de la brigade d'élite Golani des Forces de défense israéliennes, a également précisé qu'Israël avait eu de multiples occasions d'éliminer Haniyeh au Qatar, mais avait évité de le faire pour ne pas nuire aux négociations sur les otages entre le Hamas et Israël, qui Le Qatar a servi de médiateur.

La planification et l’exécution méticuleuses de l’assassinat de Haniyeh soulignent les capacités opérationnelles du Mossad et la sophistication de ses actions secrètes en territoire hostile, telles que détaillées par le JC.

Bassam Abou Zeid

mondafrique.com