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mardi 17 septembre 2024

L’armée ukrainienne a perdu près de la moitié de ses 31 chars Abrams M1A1 SA

 

En attaquant le territoire russe là où il paraissait le moins bien protégé, Kiev a réussi un « coup » en contrôlant désormais environ 1000 km² de la région de Koursk. L’armée ukrainienne pourra-t-elle aller plus loin ? Rien n’est moins sûr, sauf à prendre le risque d’étendre dangereusement ses lignes d’approvisionnement logistique.

D’ailleurs, pour le Kremlin, reprendre les localités perdues ne semble pas être une priorité, l’accent étant mis sur le Donbass, et plus particulièrement sur la conquête de Prokrovsk, ville stratégique car elle constitue un nœud ferroviaire et routier essentiel à la logistique des forces ukrainiennes. C’est pourquoi l’état-major russe y a maintenu ses troupes, contrairement à ce qu’espérait sans doute Kiev en lançant son offensive à Koursk.

Seulement, en agissant de la sorte, l’armée ukrainienne a mobilisé des moyens qui font désormais défaut dans le Donbass. Cependant, Dans un point de situation publié par le ministère [français] des Armées, les forces russes ont semblé « marquer un temps d’arrêt » dans le secteur de Prokrovsk entre les 2 et 5 septembre.

Mais « elles sécurisent leur dispositif en s’étendant au sud pour y fermer une importante poche et contrôler le principal axe logistique vers Pokrovsk », a-t-il ajouté. Quant à la région de Koursk, le ministère des Armées a parlé d’une « situation stable ».

Cela étant, l’un des problèmes qui va se poser à l’armée ukrainienne sera celui du remplacement des équipements qu’elle a perdus au cours de ces derniers mois. Ainsi en est-il pour les chars.

En effet, si les forces russes peuvent s’appuyer sur leur industrie de l’armement pour compenser leurs pertes de matériels au combat – Uralvagonzavod vient de leur livrer un nouveau lot de chars T-90M Proryv, ce n’est pas le cas de l’armée ukrainienne, qui ne peut compter que sur l’aide occidentale.

Au début de l’année 2023, les partenaires de l’Ukraine se demandaient s’il fallait ou non lui livrer des chars de conception occidentale. Finalement, les réticences de Berlin furent vaincues… et il fut décidé de céder à l’armée ukrainienne des Leopard 2 de facture allemande, des Challenger 2 britanniques et des M1A1 Abrams SA [Situational Awareness] américains.

Selon le site Oryx, qui documente les pertes [prouvées] des deux belligérants, les chars ukrainien ont depuis connu une attrition importante. Ainsi, sur les 21 Leopard 2A6 qu’elle a reçus [18 donnés par l’Allemagne et 3 par le Portugal], 12 ont été détruits ou endommagés et/ou abandonnés.

Et 21 Leopard 2A4 ont connu le même sort, sur les 40 jusqu’à présent livrés [14 par la Pologne, 8 par le Canada, 8 par la Norvège et 10 par l’Espagne]. Cependant, l’armée ukrainienne pourra les remplacer, Madrid ayant annoncé le don de 19 exemplaires en mars dernier, auxquels viendront s’ajouter les 14 autres que les Pays-Bas et le Danemark ont achetés pour les lui remettre.

Variante suédoise du Leopard 2, le Stridsvagn 122 a connu l’attrition la plus importante : sur les 10 livrés, 7 ont été détruits / endommagés / abandonnés.

Le cas du M1A1 Abrams SA a régulièrement été évoqué ces derniers temps. Pour rappel, les 31 exemplaires livrés à l’armée ukrainienne en septembre 2023 n’ont été engagés que très tardivement au combat. Un premier exemplaire a été perdu en février, lors des combats d’Avdiïvka. Depuis, 13 autres ont connu le même sort, d’après les chiffres compilés par Oryx.

En avril, il fut rapporté que l’état-major ukrainien avait décidé de retirer les M1A1 Abrams de la ligne de front, à cause de la prolifération des munitions téléopérées [MTO]. Sollicité par l’Associated Press, un responsable militaire américain expliqua que les Ukrainiens « n’avaient pas adopté les tactiques qui auraient pu rendre les chars [Abrams] plus efficaces », en mettant de côté une « approche interarmes ».

Le M1A1 Abrams est « exceptionnellement bien protégé contre les tirs directs provenant d’autres véhicules de combat » mais il « n’a pas été conçu pour être protégé contre les attaques par le haut que l’on voit actuellement [en Ukraine], qu’il s’agisse de missiles guidés antichars, de munitions rôdeuses ou de drones », commenta par la suite le général Geoffrey Norman, responsable du renouvellement des blindés de l’US Army, dans un entretien accordé à Breaking Defense.

Pour rappel, le M1A1 Abrams est doté d’un blindage réactif M19 ARAT [Abrams Reactive Armor Tiles], auquel des tuiles d’explosif réactif ont été ajoutées.

Enfin, le Challenger 2 est, pour le moment, le char qui semble le mieux s’en sortir, avec deux exemplaires perdus sur les 14 livrés. Cependant, on ignore combien ont été effectivement engagés au combat, d’autant plus que leur groupe motopropulseur de 1200 ch n’est pas assez puissant pour leur assurer une mobilité satisfaisante sur les terrains difficiles. « Il reste coincé dans la boue parce qu’il est trop lourd », avait confié un officier ukrainien, en mars dernier. En outre, à l’époque, 50 % d’entre eux étaient opérationnels.

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