Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 18 septembre 2024

Comme la Croatie, la Serbie va de nouveau instaurer un service militaire obligatoire

 

Lors de l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait proposé d’instaurer un « service militaire universel » obligatoire, d’une durée d’un mois, afin de permettre aux jeunes Français de faire « l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine ».

Par la suite, devant les réticences du ministère des Armées, cette idée se mua en « Service national universel » [SNU], lequel fut lancé en 2019. Celui-ci se déroule en trois phases, avec d’abord un séjour de cohésion d’une douzaine de jours, suivi par une mission d’intérêt général puis, éventuellement, par un engagement après d’une institution ou d’une association. L’objectif est double : en plus de favoriser la mixité sociale, il s’agit de renforcer la « résilience de la Nation ».

Pour le moment, ce SNU n’est pas obligatoire. Mais il est prévu qu’il le soit à partir de 2026 [selon le vœu, en tout cas, du président Macron]… Ce qui pourrait concerner, tous les ans, environ 800’000 jeunes âgés de 15 à 17 ans. Seulement, dans un rapport qu’elle a remis le 13 septembre, la Cour des comptes s’est montrée particulièrement sévère à l’égard de ce dispositif, en remettant en cause son utilité [« ses objectifs demeurent incertains et dès lors mal compris par le grand public », a-t-elle estimé] et en pointant son coût financier, qu’elle a évalué à plus de 10 milliards d’euros.

Cela étant, sous d’autres cieux, le rétablissement d’une sorte de service national [et plus précisément militaire] ne semble pas poser autant de difficultés…

Ainsi, au début des années 2010, la Serbie décida de professionnaliser ses forces armées et, partant, de supprimer la conscription. « Nous voulons une armée mieux payée, hautement motivée et superbement équipée selon les normes de l’Otan. La réponse, c’est la professionnalisation », avait justifié un haut responsable militaire serbe, à l’époque.

Seulement, en 2018, soit un an après avoir été élu, le président serbe, Aleksandar Vučić, remit en cause cette décision, en parlant de « réintroduire le service militaire obligatoire », d’une durée de 3 à 6 mois, afin de « contribuer à l’amélioration de la préparation au combat » des forces armées du pays. « Cela dépendra des finances », avait-il dit, en précisant que cette mesure pourrait être confirmée après 2020.

Depuis, au regard de l’évolution du contexte international, le retour de la conscription fait débat dans plusieurs pays. Certains l’ont d’ores et déjà tranché, comme la Lettonie et… la Croatie, où les jeunes gens seront appelés sous les drapeaux pendant deux mois à partir du 1er janvier 2025.

Quant à la Serbie, l’idée émise par M. Vučić il y a six ans est sur le point de se concrétiser. Il l’a lui-même confirmé lors d’une cérémonie à l’Académie militaire de Belgrade, le 14 septembre. « J’espère que vous comprenez tous à quel point nous avons besoin d’une armée puissante, à quel point nous avons besoin d’acheter et de produire plus d’armes », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas le désir d’attaquer qui que ce soit. Et nous ne le ferons pas. Mais notre désir est de dissuader tous ceux qui nous menacent tous les jours et sans relâche ».

Un projet de loi sera très prochainement soumis au Parlement, où M. Vučić dispose d’une solide majorité. Selon le Premier ministre serbe, Miloš Vučević, ce nouveau service militaire, d’une durée de 75 jours, pourrait être mis en place en 2025, c’est-à-dire une fois que les « conditions logistiques et administratives auront été réunies ».

opex360.com