On l’imagine plus volontiers inhaler une brouette de cannabis que cracher ses poumons sur le tartan d’une piste d’athlétisme. Et pourtant… Oubliez Léon Marchand, Teddy Riner ou encore Zoé Claessens. La vraie star des Jeux olympiques de Paris, c’est lui: l’incontournable et truculent Snoop Dogg.
Tout le monde l’attendait (surtout le jeune homme dans la vidéo que vous trouverez en cliquant ici). À commencer par le président français, Emmanuel Macron, qui a utilisé une photo du célèbre rappeur américain pour promouvoir la grand-messe sportive sur X. À côté des réseaux, c’est sur la chaîne NBC qui l’a engagé comme consultant que l’interprète de «Drop it like it’s hot» amuse la galerie, après avoir même fait partie du panel de célébrités à porter la flamme.
Disons-le simplement: Calvin Cordozar Broadus Jr. son «vrai» nom a l’air de vivre sa meilleure vie au pied de la tour Eiffel. En tenue complète d’équitation ou encore en bonnet et maillot de bain, avec pour entraîneur un certain Michael Phelps, le quinquagénaire ne nous épargne aucune pantalonnade.
Une image de clown joyeux, aux mouvements et au verbe rendus paresseux par des années de fumette, qui tranche radicalement avec la réalité de sa jeunesse. Une époque à mille lieues de sa nouvelle vibe façon «Emily in Paris», durant laquelle il a aussi trempé dans le pire du milieu du rap West coast.
Un talent qui a du chien
Né le 20 octobre 1971 à Long Beach, Snoop fraie très jeune avec des membres du gang de Crips, l’un des plus violents des États-Unis. À la suite de plusieurs séjours en prison, notamment pour trafic de cocaïne, c’est finalement la musique qui donne un sens à sa vie.
Il déploie d’abord ses ailes avec Warren G (le demi-frère de Dr Dre, véritable demi-dieu de la culture hip-hop) et Nate Dogg à la fin des années 1980, fondant le mythique groupe 213. Dr Dre le repère et le pousse à poser son flow désinvolte et nasillard en solo.
Accusations de meurtre et de viol
Alors qu’il est sur le point de terminer l’enregistrement de son premier album solo «Doggystyle» jeu de mots signifiant à la fois «le style de chien», mais surtout, au premier degré, «levrette», terme qui fait écho à son penchant notoire pour le porno, le rappeur est arrêté. La raison? Le meurtre de Phillip Woldermarian, un membre d’un gang rival, abattu par le garde du corps de Snoop depuis la voiture conduite par ce dernier.
Heureusement pour l’étoile montante du rap (moins pour les proches de la victime), après trois années d’intenses luttes juridiques, tous les occupants de la Jeep incriminée sont finalement acquittés. Plus aucun obstacle ne se dresse sur sa Voie lactée. Pas même la mort violente de son ami Tupac ou encore, plus récemment, les accusations de viol portées à son encontre par l’une de ses ex-danseuses. Aujourd’hui, à l’instar d’Emmanuel Macron, le monde a retenu le meilleur et oublié le pire. Rien ne doit venir ternir l’éclat de la fête olympique.
Antoine Hürlimann