Début juillet, plusieurs entreprises militaires américaines situées en Europe ont été placées en état d’alerte renforcée, sur la foi de renseignements selon lesquels des « acteurs soutenus par la Russie envisageait de mener des actes de sabotage ».
Plus récemment, plaque tournante de l’aide militaire allemande à l’Ukraine, la base aérienne de Cologne-Wahn [Rhénanie du Nord-Westphalie] a été temporairement bouclée après la découverte d’un trou dans sa clôture, à proximité de son usine de traitement des eaux, ce qui a nourri des soupçons d’empoisonnement qui se sont finalement révélés infondés.
Par ailleurs, la base de Geilenkirchen, qui abrite 14 avions d’alerte avancée E-3A AWACS de la Force aéroportée de détection lointaine et de contrôle de l’Otan [NAEW&C], a une nouvelle fois relevé son niveau d’alerte, le 22 août, en raison d’une « menace potentielle ». Une opération de police y a été menée dans la foulée. Pour le moment, on en ignore les résultats, « l’enquête étant encore en cours ».
En mai, le Financial Times avait rapporté que plusieurs responsables de service de renseignement européens s’inquiétaient de possibles « opérations violentes de sabotage » orchestrées par la Russie, celle-ci étant susceptible d’avoir recours à des « mandataires ». D’où, sans doute, ces alertes de sécurité à répétition…
Quoi qu’il en soit, ces inquiétudes ne sont pas sans fondement. En avril, deux ressortissant germano-russes furent interpellés après avoir été soupçonnés de préparer des sabotages contre des sites militaires américains en Allemagne, notamment celui de Grafenwoehr [Bavière], où les soldats ukrainiens suivent une formation pour utiliser les chars M1A1 Abrams.
Et, en Norvège, on s’interroge sur un incident qui, survenu en avril dernier, vient d’être rendu public. Ainsi, il est apparu qu’un câble de télécommunications, considéré comme faisant partie de l’infrastructure critique de la base aérienne d’Evenes, avait été intentionnellement coupé en deux.
Pour rappel, située dans le comté de Nordland, au-delà du cercle polaire arctique, la base d’Evenes est l’une des plus importantes de la force aérienne royale norvégienne, étant donné qu’elle est utilisée par les chasseurs-bombardiers F-35A et les avions de patrouille maritime P-8A Poseidon. En outre, elle abrite des unités de défense aérienne [dotées du système NASAMS], de cyberdéfense et de logistique.
« Les dégâts [sur le câble] ont été constatés en dehors du périmètre de la base », a précisé que journal norvégien Fremover, qui a été le premier à évoquer cet incident. Pour le moment, la police n’a aucun suspect. « L’enquête est compliquée. L’affaire est désormais entre les mains du procureur général du Nordland », a confié l’un de ses responsables.
Ce n’est pas la première fois que la Norvège est confrontée à un incident de ce type. En 2022, un câble de communications sous-marin reliant Andøya à l’archipel de Svalbard, qui abrite une station clef pour la collecte des données obtenues par les satellites, avait été intentionnellement coupé. Un an plus tôt, un câble utilisé par un réseau sous-marin de surveillance norvégien s’était volatilisé. Enfin, entre 2017 et 2018, des bombardiers russes auraient simulé, à au moins deux reprises, des raids contre des radars installés sur l’île de Vardø.