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lundi 5 août 2024

Le Pentagone muscle son dispositif au Moyen-Orient en déployant des F-22A Raptor et des F-35C

 

Après avoir vraisemblablement perdu Mohammed Deif, le responsable de sa branche militaire, lors d’une frappe israélienne effectuée sur le camp de réfugiés d’Al-Mawasi, le Hamas a de nouveau subi un lourd revers avec l’assassinat d’Ismaël Haniyeh, son chef politique, alors qu’il se trouvait à Téhéran pour assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, le 31 juillet.

Les circonstances de la mort d’Ismaël Haniyeh restent encore à préciser. Selon des informations du New York Times, il aurait été tué par une bombe placée dans la résidence qu’il occupait au sein d’un vaste complexe sécurisé par les Gardiens de la révolution situé dans un quartier huppé de Téhéran. L’engin, décrit comme étant un « dispositif de haute technologie utilisant l’intelligence artificielle », aurait été activé à distance. « L’explosion a secoué le bâtiment, brisé des fenêtres et provoqué l’effondrement partiel d’un mur extérieur », a rapporté le quotidien américain.

Seulement, les autorités iraniennes ont livré une autre version. « D’après les enquêtes et investigations, cette opération […] a été menée en tirant un projectile à courte portée avec une ogive d’environ 7 kilogrammes depuis l’extérieur du lieu d’hébergement des invités [provoquant] une forte explosion », ont-elles en effet expliqué.

Pour le moment, Israël n’a pas officiellement revendiqué cet assassinat ciblé. Mais pour l’Iran, il ne fait aucun doute que l’État hébreu en est le responsable. Il « recevra certainement la réponse à ce crime au moment, au lieu et de la manière appropriés », ont promis les Gardiens de la révolution.

Et pour cela, Téhéran pourra compter sur le Hezbollah, qui a l’intention de venger la mort de Fouad Chokr, son chef militaire, tué par une frappe aérienne israélienne menée à Beyrouth, le 30 juillet.

« L’armée israélienne a mené une attaque ciblée à Beyrouth contre le commandant responsable du meurtre des enfants de Majdal Shams et de nombreux autres civils israéliens », a reconnu Tsahal, en référence à une attaque menée par le Hezbollah contre cette ville druze, où 12 enfants ont été tués sur un terrain de football, le 27 juillet. À noter que Fouad Chokr était aussi soupçonné d’être l’un des responsables des attentats qui, commis le 23 octobre 1983, avaient coûté la vie à 241 marines américains ainsi qu’à 58 parachutistes français…

Quoi qu’il en soit, déjà menacé par la Turquie, le gouvernement israélien s’attend à subir une riposte d’une plus grande ampleur que celle lancée par l’Iran en réponse à une frappe contre la section consulaire de son ambassade à Damas, en avril dernier. Pour rappel, Israël avait été visé par une attaque saturante ayant impliqué au moins 300 missiles et drones « kamikazes ». Grâce à l’appui militaire direct des États-Unis et du Royaume-Uni, 99 % des projectiles avaient été interceptés.

En attendant, l’Iran et ses obligés fourbissent leurs armes. « Nous prévoyons que le Hezbollah choisira davantage de cibles et [frappera la] profondeur [d’Israël] », a prévenu la représentation de l’Iran auprès des Nations Unies, citée par l’agence officielle Irna. La milice chiite « ne limitera pas sa réponse aux cibles militaires », a-t-elle ajouté. Quand cette attaque aura-t-elle lieu ? D’après des sources de renseignement occidentales citées par Sky News Arabia, elle pourrait être lancée le 12 août, à l’occasion de la Tisha Beav, qui est une journée de deuil pour la destruction des Temples de Jérusalem.

Devant la crainte d’une escalade militaire, plusieurs pays occidentaux ont appelé leurs ressortissants à quitter la région, en prenant « n’importe quel billet d’avion disponible » tandis que la Force intérimaire des Nations unies au Liban [FINUL], qui compte 700 militaires français dans ses rangs, a appelé à la « désescalade » et à un « retour à une cessation des hostilités ».

De son côté, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a annoncé un renforcement du dispositif militaire américain au Moyen-Orient, « afin d’augmenter le soutien à la défense d’Israël et de faire en sorte que les États-Unis soient prêts à répondre à toute éventualité ».

Ainsi, le porte-avions USS Abraham Lincoln va relever l’USS Theodore Roosevelt, qui n’est déployé dans la région que depuis le 12 juillet.

Cette décision peut s’expliquer par la composition du groupe aérien de l’USS Abraham Lincoln. En effet, contrairement à l’USS Theodore Roosevelt, celui-ci compte les chasseurs-bombardiers F-35C du Marine Fighter Attack Squadron [VMFA] 314 « Chevaliers noirs » parmi ses aéronefs embarqués.

En outre, M. Austin a ordonné le déploiement de « croiseurs et de destroyers supplémentaires, capables de se défendre contre les missiles balistiques ». Et cela alors que le navire d’assaut amphibie USS Wasp croise actuellement en Méditerranée, aux côtés de l’USS New York [LPD-21] et de l’USS Oak Hill [LSD-51]. Cette flottille pourrait être sollicitée dans cas où une opération d’évacuation de civils [RESEVAC] serait décidée.

Enfin, l’US Air Force va également renforcer sa posture dans la région. Ainsi, aux F-15E Strike Eagle du 335th Fighter Squadron, aux F-16 du 510th Fighter Squadron et aux A-10 Thunderbolt du 107th Fighter Squadron viendront s’ajouter des avions de supériorité aérienne F-22A Raptor, probablement ceux du 94th Fighter Squadron, une unité habituée à de tels déploiements au Moyen-Orient durant ces dernières années.

Mis en service en 2005, le F-22A Raptor est un avion de 5e génération capable, grâce à sa furtivité, d’abattre simultanément plusieurs cibles au-delà de la portée visuelle [Beyond Visual Range] sans être détecté par les radars adverses. Ses performances réelles sont confidentielles.

« Si Israël est attaqué, nous l’aiderons certainement. Nous l’avons fait en avril. Vous pouvez vous attendre à ce que nous le fassions à nouveau. Mais nous ne voulons pas que cela se reproduise. Nous allons travailler dur pour nous assurer que nous faisons des choses qui contribuent à faire baisser la tension et à résoudre les problèmes par des moyens diplomatiques », a fait valoir M. Austin devant la presse. « La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments », disait Bismarck… D’où ce renforcement militaire américain.

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