La rapporteuse spéciale de l'ONU pour les territoires palestiniens, l'Italienne Francesca Albanese, a accusé samedi Israël de «génocide» des Palestiniens après une frappe sur une école de Gaza, qui a fait 93 morts, selon la Défense civile du territoire palestinien.
«Israël commet un génocide des Palestiniens, un quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camp de réfugiés à la fois, une zone de sécurité à la fois», après plus de dix mois de guerre dans la bande de Gaza, a déclaré Francesca Albanese sur le réseau social X.
Israël mène de telles frappes contre les Palestiniens en utilisant «des armes américaines et européennes», a-t-elle encore affirmé. Que les Palestiniens nous pardonnent notre incapacité collective à les protéger, en respectant le sens le plus élémentaire du droit international», a-t-elle ajouté.
Francesca Albanese, qui est mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais ne s'exprime pas au nom de l'organisation, a fait des commentaires similaires en mars, provoquant de vives critiques de la part d'Israël, qui l'a accusée d'«antisémitisme».
Des centaines de Palestiniens fuient dans le sud de Gaza
Des centaines de Palestiniens fuient dimanche les quartiers nord de Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza, rapportent des correspondants de l'AFP. L'armée israélienne a lancé des ordres d'évacuation en vue de nouvelles opérations militaires.
Tôt le matin, les avions de guerre israéliens ont largué des messages appelant les civils à quitter la zone d'al-Jalaa, tout en envoyant des SMS à la ronde, poussant de nouveau sur les routes des familles souvent déjà déplacées plusieurs fois par les bombardements, ininterrompus sur le petit territoire côtier depuis le 7 octobre.
Les représailles font près de 40'000 morts
La guerre a été déclenchée ce jour-là par une attaque sans précédent des commandos du Hamas sur le sol israélien, qui a entrainé la mort de 1198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
Les représailles israéliennes à Gaza ont fait jusqu'à présent 39'790 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. Elles ont provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien menacé de famine, selon l'ONU.
L'armée israélienne dit vouloir déloger les combattants du Hamas de Khan Younès, déjà visée par plusieurs campagnes d'envergure et dont des pans entiers ont été rasés. Régulièrement, les troupes israéliennes reviennent dans des zones dont elles s'étaient retirées, face à la résurgence d'unités du Hamas.
Dimanche, des familles avec quelques affaires rassemblées à la va-vite quittaient al-Jalaa, à pied pour beaucoup ou dans des pick-up chargés de matelas, vêtements ou ustensiles de cuisine. Oum Sami Chahada, 55 ans, fait partie de ces cohortes qui sont désormais le quotidien à Gaza.
«Pris au piège»
«J'ai fui la ville de Gaza au début de la guerre pour Khan Younès», raconte-t-elle à l'AFP. «Ma fille y a été tuée dans un bombardement, donc nous sommes partis à Rafah», plus au sud, «puis nous sommes revenus ici et maintenant, avec ce nouvel ordre d'évacuation, on ne sait plus où aller», se lamente-t-elle.
«Ces derniers jours seulement, plus de 75'000 personnes ont été déplacées dans le sud-ouest de la bande de Gaza», a affirmé sur X Philippe Lazzarini, patron de l'UNRWA, l'agence de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens. «Les Gazaouis sont pris au piège et n'ont nulle part où aller», a-t-il encore écrit. «Certains n'arrivent à prendre que leurs enfants avec eux, d'autres ont rassemblé toute leur vie dans un petit sac.»
AFP