Avec son offensive à Koursk, où elle consolide les positions qu’elle a conquises, et les combats – difficiles – qu’elle doit livrer dans la région de Donetsk pour contrer l’avancée des forces russes, l’armée ukrainienne a certainement autre chose à penser que d’aller « provoquer » son voisin biélorusse, dont le territoire a été utilisé par la Russie pour attaquer l’Ukraine.
Pourtant, le 16 août, le ministre biélorusse de la Défense, Viktor Khrénine, a estimé « hautement probable » l’hypothèse d’une « provocation armée » ukrainienne… et souligné que la situation était « tendue » à la frontière.
Quelques jours plus tôt, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, avait dénoncé la violation de l’espace aérien de son pays par des drones ukrainiens… Et d’assurer que ces appareils avaient été abattus dans la localité de Kastsioukovitchy, situé à 200 km à l’est de Minsk.
Puis, il prit le prétexte de cet incident présumé pour annoncer l’envoi de systèmes d’artillerie Polonez et de missiles balistiques Iskander [d’une portée de 500 km] dans les secteurs de Gomel et de Mozyr. En outre, il s’agissait également de prendre en compte la situation à Koursk et en Ukraine.
Une semaine plus tard, M. Loukachenko est revenu sur ce renforcement militaire. Ainsi, le 18 août, lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision russe Rossiya, il a affirmé que près du tiers des forces armées biélorusses avaient été déployées à la frontière avec l’Ukraine… Ce qui, en ne considérant que le personnel d’active, représenterait environ 20’000 militaires au grand maximum.
Selon l’agence de presse officielle Belta, ce déploiement vise à répondre à la présence de 120’000 soldats ukrainiens de l’autre côté de la frontière. Frontière qui, d’après M. Loukachenko, a été « minée comme jamais auparavant ».
Seulement, du côté ukrainien, on assure n’avoir constaté aucun renforcement aussi significatif de la présence militaire biélorusse à la frontière.
« Nous ne constatons aucune augmentation du nombre d’équipements ou de personnels des unités biélorusses près de notre frontière », a en effet déclaré Andriy Demtchenko, porte-parole du service des frontières ukrainiens, l’Ukrainska Pravda. « Comme nous pouvons le voir, la rhétorique de Loukachenko n’a pas changé non plus, en alimentant constamment une escalade pour plaire au pays terroriste [la Russie, ndlr] », a-t-il ajouté.