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jeudi 11 juillet 2024

Une menace de sabotage liée à la Russie a incité les forces américaines à relever leur niveau d’alerte en Europe

 

Début juillet, le commandement militaire américain pour l’Europe [US EUCOM] a décidé de placer plusieurs de ses bases en état d’alerte renforcée, en particulier en Allemagne, en Italie, en Roumanie et en Bulgarie. Et de justifier cette mesure en évoquant une « combinaison de facteurs susceptibles d’avoir un impact sur la sûreté et la sécurité des militaires américains et de leurs familles stationnés sur le théâtre européen ».

Cinq niveaux de sécurité sont en vigueur : Normal, Alpha, Bravo, Charlie et Delta. En raison de la menace terroriste, le régime « Bravo » est devenu la norme depuis le 11 septembre 2001.

La décision de l’US EUCOM a donc consisté à placer les bases concernées au niveau d’alerte « Charlie », lequel prévoit la réduction du personnel « non essentiel » et l’application de mesures de sécurité renforcées, dont le détail n’est pas précisé. En règle générale, un tel niveau d’alerte entre en vigueur dès lors qu’il est question de renseignements faisant état de la « probabilité d’une forme d’action terroriste » contre le personnel militaire et/ou les installations.

Étant donné qu’aucune précision n’avait alors été donnée sur la nature des menaces ayant motivé cette décision, au moins deux hypothèses pouvaient être avancées : celle d’une attaque terroriste, en relation avec la situation à Gaza ou celle d’un sabotage commandité par la Russie.

L’une et l’autre étaient effectivement plausibles. En mai, le journal Welt am Sonntag avait ainsi rapporté que le Hamas projetait de s’en prendre à une base américaine située en Allemagne [celle de Ramstein, en l’occurrence] ainsi qu’à l’ambassade d’Israël à Berlin.

En outre, selon le Financial Times, plusieurs responsables de services de renseignement européens auraient mis en garde contre des « opérations violentes de sabotage » orchestrées par la Russie, celle-ci étant supposée avoir recours à des « mandataires ». D’ailleurs, en avril, deux ressortissants germano-russes ont été arrêtés en Allemagne, pour avoir planifié des attaques, « notamment contre des installations militaires américaines ».

De ces deux hypothèses, la seconde est la bonne. Du moins, c’est ce qu’ont confié des responsables américains à CNN, le 9 juillet.

« Les États-Unis ont reçu des renseignements selon lesquels des acteurs soutenus par la Russie envisageaient de mener des actes de sabotage contre le personnel et les installations militaires américaines » en Europe, ont effet confié des sources « proches du dossier ».

Les renseignements « reçus au cours des deux dernières semaines et qui n’avaient jamais été rapportés auparavant ont été jugés suffisamment alarmants pour mettre en place des protocoles de sécurité supplémentaires », ont insisté les sources de CNN.

Dans le même temps, un haut responsable de l’Otan a affirmé que le partage de renseignements entre Alliés sur une « campagne russe d’activités secrètes de sabotage » en Europe avait « considérablement augmenté » ces derniers mois. « Nous assistons aujourd’hui à un effort plus concerté et plus agressif que ce que nous avons vu depuis la guerre froide », a-t-il ajouté.

Cependant, l’US EUCOM n’a ni confirmé, ni infirmé ces informations. « Notre vigilance accrue n’est pas liée à une menace particulière, mais à une combinaison de facteurs susceptibles d’avoir un impact sur la sécurité des forces américaines sur le théâtre européen », a seulement déclaré le commandant Dan Day, son porte-parole.

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