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jeudi 18 juillet 2024

Le Pentagone constate une hausse significative des attaques de l’État islamique en Syrie et en Irak

 

En mars 2019, la victoire obtenue à Baghouz par les Forces démocratiques syriennes [FDS], avec l’appui de la coalition antijihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve – OIR], mit un terme au califat autoproclamé par l’État islamique [EI ou Daesh]. Depuis, si elle a essaimé dans d’autres parties du monde, principalement en Afrique et en Afghanistan, l’organisation terroriste a vu ses capacités se réduire significativement tant en Syrie qu’en Irak… mais pas suffisamment pour ne plus être une menace.

« S’il a été effectivement neutralisé en Irak et en Syrie, Daesh reste une menace sérieuse et continue de mener des attaques asymétiques qui se sont multipliées depuis le mois de novembre [2023]. Le risque de résurgence du groupe demeure si un grand nombre de détenus retournaient au combat ou si la pression antiterroriste se relâchait », a ainsi souligné Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, dans un rapport publié en janvier dernier.

Après avoir perdu quatre de ses chefs entre 2019 et 2023, l’EI est désormais dirigé par Abou Hafs al-Hachemi al-Qourachi depuis août dernier. Il y a six mois, selon l’ONU, l’organisation ne comptait plus 2500 à 3000 combattants en Syrie et en Irak et elle concentrait ses actions sur le territoire syrien, les forces de sécurité irakienne ayant réussi à « cibler ses agents et à désorganiser » ses « cellules dormantes ».

Depuis, la situation a évolué, à en croire le bilan que vient de communiquer l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

« De janvier à juin 2024, l’EI a revendiqué 153 attaques en Irak et en Syrie. À ce rythme, il est en passe de plus que doubler le nombre total de ses attaques revendiquées en 2023, ce qui indique qu’il tente de se reconstituer après plusieurs années de réduction de ses capacités », a en effet relevé l’US CENTCOM.

Selon un rapport du « Counter Extremism Project » [.pdf] rendu public en mars dernier, l’EI a mené au moins 215 attaques rien qu’en en Syrie en 2023, soit une hausse de 168 % par rapport au total constaté en 2022.

« Après avoir subi des pertes importantes en 2021 et 2022, l’EI a adopté une nouvelle posture agressive en 2023, non seulement en menant davantage d’attaques contre des cibles militaires et civiles en Syrie, mais aussi en réintroduisant des tactiques qui n’étaient plus courantes depuis plusieurs années », avait alors commenté Grogory Waters, l’un des auteurs de cette étude.

Quoi qu’il en soit, durant ce premier semestre, la coalition antijihadiste a aussi enchaîné les missions de contre-terrorisme : 196 ont été effectuées, dont 137 en Irak et 59 en Syrie `[aux côtés des FDS et « d’autres partenaires », qui n’ont pas été précisés par l’US CENTCOM]. Elles ont permis d’arrêter 166 jihadistes et d’en « neutraliser » 44, dont « 8 hauts dirigeants ». Parmi ces derniers figuraient « ceux qui étaient responsables de la planification des opérations en dehors de la Syrie et de l’Irak, du recrutement, de la formation et du trafic d’armes ».

Enfin, l’US CENTCOM évalue à 2500 le nombre de combattants de l’EI encore actifs en Syrie et en Irak.

« Nous continuons à concentrer nos efforts sur les membres de l’EI qui cherchent à mener des opérations en dehors de l’Irak et de la Syrie ainsi que sur ceux tentent de libérer des membres de l’organisation actuellement en détention afin de reconstituer ses forces », a commenté le général Michael Erik Kurilla, le « patron » de l’US CENTCOM.

Par ailleurs, d’après l’ONU, trois autres grandes « orientations tactiques » de l’EI sont « préoccupantes ». Ainsi, au Sahel, l’organisation jihadiste et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [lié à al-Qaïda] ont amorcé une « détente », ce qui a eu « des répercussions sur d’autres zones, les deux groupes consacrant moins d’efforts à se combattre mutuellement et concentrant leurs ressources sur d’autres cibles ».

Ensuite, le nombre des attaques que l’EI a revendiquées en Afrique de l’Ouest et au Sahel est « inférieur » celui des « attaques effectivement perpétrées », ce qui, selon l’ONU, suggère un « effort visant à gagner les cœurs et les esprits des populations là où il opérait, sans que cela ne s’accompagne en réalité d’une diminution proportionnelle de ses opérations ».

Enfin, il apparaît que les attentats menés par l’EI sont « plus meurtriers », ce qui « pourrait indiquer une amélioration de ses capacités dans certaines régions ».

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