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mardi 30 juillet 2024

Affaire du logiciel espion Predator : "Aucune implication des services secrets" selon la justice

 

Cette affaire avait entraîné la démission du chef du Service national de renseignement grec, ainsi que celle du neveu de Kyriakos Mitsotakis, alors Premier ministre.

Une enquête préliminaire de la justice grecque sur une affaire retentissante de mise sur écoute d’hommes politiques et de journalistes a montré qu’il n’y avait pas "d’implication des services de renseignement grecs", a annoncé mardi 30 juillet la Cour suprême. "Les nombreuses preuves (recueillies dans le cadre de cette enquête) permettent de conclure de manière irréfutable qu’il n’y a eu aucune implication d’un service public, le Service national de renseignement (EYP) ou le ministère de la Protection du citoyen" dans l’affaire du logiciel espion Predator en 2022, a indiqué Georgia Adeilini, procureure de la Cour suprême. La magistrate a souligné dans un communiqué qu'"à ce stade des preuves suffisantes existent pour l’ouverture des poursuites pénales contre des représentants et propriétaires des sociétés privées ayant violé le secret des communications".

L’affaire de ces écoutes illégales avait ébranlé le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis durant l’été 2022 et entraîné la démission du chef de l’EYP et d’un proche conseiller et neveu du Premier ministre. Le chef du gouvernement avait assuré devant le Parlement que la surveillance était légale. Nikos Androulakis alors député européen et devenu ensuite le chef du parti socialiste grec figurait parmi les personnes placées sous surveillance.

Une quarantaine de témoins

Selon une enquête publiée en novembre dernier par le média français Mediapart, le magazine allemand Der Spiegel et le site grec Reporters United, au moins 11 personnes, dont le procureur de l’agence nationale de renseignement EYP et le chef de la police grecque, ont également été ciblées par Predator. "Il convient de noter qu’aucun autre pays n’a mené une enquête (judiciaire) aussi approfondie […] sur un cas similaire", a encore assuré la procureure à l’issue de deux ans et neuf mois d’enquête. Plus de 40 témoins ont déposé dans le cadre de cette affaire et Athènes a également demandé l’aide des autorités américaines et suisses.

La mise sur écoute de journalistes et le retard pris dans la conclusion de l’enquête avaient été pointés du doigt par l’ONG Reporters sans frontières tandis que la commission des libertés civiles du Parlement européen (LIBE) avait dénoncé les "très graves menaces sur l’État de droit et les droits fondamentaux" en Grèce.

lindependant.fr