En septembre dernier, le gouvernement cubain fit savoir qu’il venait de démanteler un réseau de « trafic d’être humains » qui, depuis la Russie, recrutait sur l’île pour le compte des forces russes mobilisées par la guerre en Ukraine. Pour autant, cet épisode n’a visiblement pas eu d’incidence sur les bonnes relations entre La Havane et Moscou.
En effet, via un communiqué publié le 6 juin, le ministère cubain des Affaires étrangères a confirmé la venue, à Cuba, d’une flottille de la marine russe, composée du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] K-561 Kazan, de la frégate « Amiral Gorchkov », du remorqueur Nikolaï Tchiker et du pétrolier-ravitailleur Akademik Pachine, lequel est soupçonné d’avoir une capacité de collecte du renseignement.
« Cette visite s’inscrit dans le cadre des relations historiquement amicales existant entre Cuba et la Fédération de Russie et respecte strictement les réglementations internationales. […] Aucun des navires ne transporte d’armes nucléaires. Leur escale dans notre pays ne représente donc aucune menace pour la région », a fait valoir la diplomatie cubaine. Cette flottille russe est attendue pour le 12 juin, son escale devant durer cinq jours.
Première unité d’une série qui doit en compter huit, la frégate « Amiral Gorchkov » a été admise au service actif en 2018, au sein de la flotte russe du nord. Lourdement armée, elle a la capacité d’emporter des missiles hypersoniques Zircon. Quant au K-561 Kazan, il appartient à la nouvelle classe de SNA « Iassen ». Affichant un déplacement de 13’800 tonnes en plongée, il embarque notamment à son bord des missiles de croisière 3K-10 Granat et P800 Oniks.
Ce n’est évidemment pas la première fois que navires de guerre russes font escale à Cuba ou s’approchent des côtes des États-Unis. D’ailleurs, même si le contexte est actuellement tendu, sur fond de guerre en Ukraine, des responsables américains ont confié que cette présence dans les Caraïbes « était notable mais pas inquiétante ».
« Il s’agit pour la Russie de montrer qu’elle est encore capable d’un certain niveau de projection de puissance mondiale […]. Nous ne sommes pas préoccupés par les déploiements russes, qui ne représentent aucune menace directe pour les États-Unis », a ainsi assuré un officier de l’US Navy, cité par l’agence Reuters. Et d’ajouter : « Nous devrions nous attendre à davantage d’activité à l’avenir, même si nous constatons que ces déploiements entraînent un coût pour la marine russe, qui a du mal à maintenir son état de préparation et à mener des déploiements avec une flotte vieillissante ».
Reste à voir ce que feront ces navires russes dans les semaines, si ce n’est les mois, à venir. L’US Navy s’attend à ce qu’ils participent à des exercices navals et aériens dans la région, tant à Cuba qu’au Venezuela. Exercices qui pourraient sans doute impliquer le déploiement de bombardiers stratégiques Tu-160 « Blackjack ».
Cela étant, en 2020, une flottille russe avait participé aux manœuvres « Bouclier de l’océan », au large de l’Alaska. Celles-ci culminèrent avec le tir de deux missiles : un P-700 par le sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière K-186 Omsk et un P-1000 « Vulkan » par le croiseur Varyag.
Même si l’US Navy ne s’inquiète pas outre mesure, la présence du K-561 Kazan pourrait toutefois lui donner du fil à retordre pour au moins deux raisons : comme le soulignent régulièrement les responsables de l’Otan, les sous-marins russes ont souvent un comportement « imprévisible » et ceux de la classe Iassen sont particulièrement performants.