Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 29 avril 2024

Un haut responsable des services secrets israéliens dévoile son identité par erreur

 

Un service secret, mais une bourde publique. L’énigmatique commandant de l’unité israélienne 8 200, la plus célèbre des unités de renseignements, comparable à la CIA américaine, a désormais un nom : Yossi Sariel. D’après les informations du média britannique The Guardian, son identité a été révélée après que son livre écrit sous son nom de plume a finalement révélé son vrai patronyme.

Passionné par le potentiel d’utilisation d’intelligence artificielle et de son utilisation dans les guerres futures, Yossi Sariel a en effet publié, en mai 2021, un livre intitulé The Human Machine Team. Dans cette œuvre qui a pour sous-titre «Comment créer une synergie entre l’intelligence humaine et artificielle qui révolutionnera notre monde ?», l’auteur signe par ses initiales : «Y.S.»

Comme tous les écrivains sans maison d’édition, le général ouvre donc un compte vendeur sur le site Amazon. Or, celui-ci se lie automatiquement à son compte Gmail, qui, lui, affiche son nom dans son intégralité. La faille de sécurité est d’abord repérée par un groupe WhatsApp composé d’anciens officiers de l’Unité 8 200. Puis, ce vendredi 5 avril, l’identité du chef de la mystérieuse division d’élite du cyber-renseignement apparaît publiquement dans le Guardian. Un grand déballage.

Plus tard dans la journée, les forces armées israéliennes ont alors qualifié cette révélation d’«erreur», ajoutant que la question serait «examinée afin d’éviter que des cas similaires ne se reproduisent à l’avenir». Cette faille de sécurité exerce une pression sur le Brigadier Général, qui, comme détaille le Guardian, «vit et respire» renseignement, mais dont le mandat à la tête de l’unité 8 200 est remis en question.

Un service dans la tourmente après l’attaque du 7 octobre

Dans son livre, Yossi Sariel met en avant un modèle alimenté par l’IA que les Forces de défense israéliennes ont notamment appliqué au cours de la guerre entre le Hamas et Israël. Il fait référence à «une révolution» survenue ces dernières années au sein de Tsahal, qui a «développé un nouveau concept de guerre centrée sur le renseignement pour relier le renseignement aux combattants sur le terrain», note The Guardian. Mais depuis le début de cette guerre en octobre 2023, cette utilisation massive des super-algorithmes par l’unité 8200, et en particulier par le Brigadier Général, est pointée du doigt.

Un article du New York Times a par exemple révélé, en décembre 2023, qu’un sous-officier de l’unité de renseignements avait décrit avec précision l’attaque du 7 octobre, avec de nombreux détails, sans toutefois donne de date précise. En raison du système établi par Yossi Sariel remplaçant les analystes humains par l’Intelligence Artificielle – et peu compétent en langue arabe – le rapport a été bloqué automatiquement par l’Intelligence Artificielle, et, de fait, enterré.

Une enquête du magazine israélien +972 a aussi révélé, mercredi 3 avril, l’existence d’un programme d’intelligence artificielle, baptisé Lavender, utilisé dans le cadre de la guerre menée dans la bande de Gaza. Selon le média en ligne, ce programme aurait joué un rôle central dans les bombardements menés par Israël, avec une influence telle que les résultats de la machine étaient pris en compte «comme s’il s’agissait d’une décision humaine», et sans se soucier d’une marge d’erreur de 10 %. Dans une section de son livre, Yossi Sariel s’attardait lui aussi, dès 2021, sur ce concept d’une «machine à cibles» alimentée par l’IA. Des descriptions qui ressemblent beaucoup aux systèmes d’aide à la décision sur lesquels Tsahal s’appuient pour bombarder Gaza.

liberation.fr