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jeudi 11 avril 2024

L'Ukraine adopte une nouvelle loi de mobilisation très controversée

 

Le parlement ukrainien a voté jeudi une loi controversée pour mobiliser plus d'hommes face aux assauts de la Russie.

«C'est fait !! La loi sur la mobilisation est adoptée. 283 (députés ont voté) pour», s'est félicité sur Telegram le député Oleksiï Gontcharenko. Le président de la Rada, le parlement monocaméral, doit désormais la remettre à Volodymyr Zelensky pour promulgation afin qu'elle entre en vigueur.

«99% des hommes veulent se reposer»

Ce texte, qui accroît notamment les sanctions contre les réfractaires, a fait scandale en raison de la suppression à la dernière minute d'une clause prévoyant la démobilisation des soldats ayant servi 36 mois, un coup dur pour les militaires présents sur le front depuis plus de deux ans.

Cette décision a donc immédiatement suscité la controverse, d'autant que le système d'enrôlement actuel est jugé par de nombreux Ukrainiens injuste, inefficace et souvent corrompu. «99% des hommes veulent se reposer», expliquait à l'AFP Iévguén, un parachutiste de 39 ans basé dans la région orientale de Donetsk. «Il y a des militaires qui ne sont pas rentrés chez eux depuis un an. C'est très injuste.»

A la place, le gouvernement sera chargé de prochainement rédiger un autre projet de loi sur «l'amélioration des mécanismes de rotation du personnel militaire». Pour Volodymyr Zelensky, l'important, disait-il récemment, est de ne pas perdre en compétences militaires au moment des remplacements des soldats engagés sur le front depuis des mois par de nouveaux arrivants.

Reste toutefois que l'armée ukrainienne, affaiblie par une contre-offensive avortée à l'été 2023 et une aide occidentale qui s'épuise, doit renouveler ses troupes, déjà en sous-effectifs face à une armée russe qui engrange les volontaires et forte d'une économie tournée vers l'effort de guerre. A cette fin, Zelensky avait déjà entériné début avril l'abaissement de 27 à 25 ans de l'âge de mobilisation.

Plus de munitions demandées

Face à des soldats russes à l'offensive, Volodymyr Zelensky réclame à ses partenaires occidentaux plus de munitions et surtout des systèmes de défense antiaérienne, à commencer par des Patriot américains.

«L'essentiel est maintenant de tout faire afin de renforcer notre défense antiaérienne, pour répondre aux besoins urgents (...) ainsi que pour consolider le soutien international afin de vaincre la terreur russe», a écrit Zelensky sur les réseaux sociaux à l'occasion d'un déplacement en Lituanie.

Les femmes doivent-elles désormais combler le vide?

Le ministère américain de la Défense confirme cette sombre situation actuelle: si les Etats-Unis ne débloquent pas rapidement les milliards prévus pour l'Ukraine, tous les efforts des deux dernières années auront été faits en vain.

Volodymyr Zelensky a lui-même souligné en début de semaine dans une interview que son pays pourrait perdre la guerre en l'absence d'une nouvelle aide rapide de l'Occident. Sur Telegram, le président ukrainien a notamment exigé la livraison rapide d'autres systèmes de défense antiaérienne Patriot, «afin d'éviter qu'ils doivent être déployés le long de tout le front est de l'OTAN».

La responsable des questions de genre pour les forces armées ukrainiennes, Oksana Grigorieva, a suscité l'émoi. Dans une interview accordée au journal britannique «The Times», elle a évoqué l'idée d'enrôler également des femmes dans le service militaire. «Notre constitution stipule que chaque Ukrainien a le devoir de protéger sa patrie. Il est donc normal que les femmes servent également», a déclaré Oksana Grigorieva.

La motivation des Ukrainiennes à s'enrôler dans l'armée ne devrait toutefois pas être très grande après la récente modification de la loi.

La conférence de paix en Suisse est une coquille vide

Le chef de l'Etat ukrainien a en outre annoncé la signature d'un accord décennal avec la Lettonie qui inclut un soutien militaire annuel de ce pays à l'Ukraine «à hauteur de 0,25% du PIB». Le Kremlin a, de son côté, jugé jeudi que des pourparlers sur l'Ukraine sans la Russie n'avaient «aucun sens», après que la Suisse a déclaré la veille organiser une telle conférence pour la mi-juin sans représentation russe mais en présence d'une centaine d'autres pays.

AFP