Depuis le début de la guerre, le président Volodymyr Zelensky représente l’Ukraine. Il est sous les feux des projecteurs depuis mars 2022 et voyage aux quatre coins de l’Occident pour serrer les mains des chefs d’Etat, des parlementaires, des stars d’Hollywood, du Pape. Le tout avec une énergie apparemment inépuisable, et toujours avec une certaine cordialité.
Le chef d’Etat y est bien sûr contraint. La défense de son pays contre la Russie dépend des armes de ses alliés occidentaux. Or, ces livraisons sont soumises à condition. Le président a dû promettre de ne pas les utiliser pour attaquer la Russie.
«Occuper les villes frontalières russes»
Une condition qui ne serait pas toujours allée de soi. Volodymyr Zelensky, qui semble s'indigner du conflit avec son voisin russe face à la caméra, agirait très différemment à l’abri des regards. Des documents divulgués par des services secrets américains décrivent en détail sa communication interne avec ses auxiliaires et chefs militaires.
Que disent-ils? Le «Washington Post» rapporte que, lors d’une réunion qui s’est déroulée à la fin janvier, Volodymyr Zelensky a proposé de «mener des attaques en Russie» tout en déployant des troupes terrestres ukrainiennes en territoire ennemi. Son but avoué? «Occuper des villes frontalières russes non spécifiées», indique un document classé «top secret». L’objectif est de «donner de l’influence à Kiev dans les discussions avec Moscou», peut-on également lire dans le texte.
Attaques contre les forces russes en Syrie
S’agissait-il d’un plan sérieux? Le document cité par le quotidien américain décrit par exemple un plan surprenant développé l’année dernière par les services secrets militaires ukrainiens. D’après celui-ci, des attaques discrètes contre les forces russes en Syrie devaient être menées avec l’aide secrète des Kurdes.
Mais en décembre, Volodymyr Zelensky aurait retourné sa veste. Il aurait alors ordonné aux services secrets de «cesser de planifier des opérations contre les forces russes en Syrie». La raison? Elle n’est pas spécifiée et reste pour l'heure inconnue.
Colère contre la Hongrie
Or, le programme ne s’arrêterait pas là. Selon un autre fichier classé secret, Volodymyr Zelensky a proposé de s’en prendre à «des sites opérationnels non spécifiés à Rostov», une région de l’ouest de la Russie, en utilisant des drones.
De plus, le chef d’Etat ukrainien aurait envisagé de «faire sauter» l’oléoduc Druzhba. Celui-ci a été construit par l’Union soviétique et approvisionne la Hongrie en pétrole.
Les procès-verbaux des entretiens font en outre régulièrement état de la colère de Volodymyr Zelensky contre la Hongrie, écrit encore le «Washington Post». Qu’en dit le Pentagone? Les Etats-Unis n’auraient pas contesté l’authenticité des documents, selon le quotidien.
«Nous devons user de toutes les ruses»
Le «Washington Post» a confronté le président ukrainien. Volodymyr Zelensky a-t-il proposé d’occuper des zones de la Russie? Le chef d’Etat a réagi avec mauvaise humeur aux affirmations des services secrets américains. Il les a ensuite rejetées, les qualifiant d’actes de «fantaisie».
Il a toutefois tenu à protéger son droit d’utiliser des tactiques non conventionnelles pour voler à la rescousse de son pays. «Je travaille avec de nombreux généraux, s’est-il défendu auprès du journal. Et il s’agit là de mes conversations personnelles.»
Il s’en est aussi pris aux journalistes du «Washington Post» pour s’être adressés à lui, les interrogeant sur leur but. «Votre objectif est-il d’aider la Russie?», a-t-il asséné. Avant de les intimer de le laisser tranquille. «S’il vous plaît, cessez de jouer avec moi. Je suis le président d’un pays en guerre, d’un pays en guerre. Vous savez, je ne joue pas à 'Counter-Strike'.»
L’Ukraine a tout à fait le droit de se protéger, a-t-il ajouté. Ce qui serait pour lui une justification à tout type d’acte, avance le chef d’Etat. «Tant de gens sont morts. Il y a eu des fosses communes et notre peuple a été torturé. Voici pourquoi je suis convaincu que nous devons user de toutes les ruses.»
Roman Neumann
Marian Nadler