A-t-on empoisonné des dissidents russes sur le sol allemand ? Ce lundi 22 mai, cette question est reprise par la plupart des journaux d’outre-Rhin.
“La police criminelle de Berlin enquête sur l’éventuel empoisonnement de journalistes [et citoyens] russes ayant participé à une conférence de l’opposant Mikhaïl Khodorkovski à Berlin, fin avril”, expliquait la veille la Welt am Sonntag, citant un porte-parole des forces de l’ordre.
La procédure a été ouverte après la publication d’une enquête menée par le média russe d’investigation Agentstvo.
Une mystérieuse odeur de parfum
Deux femmes auraient développé d’“étranges symptômes” après avoir participé à l’événement, relate le Tagesspiegel.
La première, Natalia Arno, dirige l’ONG Free Russia Foundation, dont le siège se trouve aux États-Unis. Elle aurait ressenti un certain inconfort physique lors de son passage à Berlin, mais assure avoir mis cela sur le compte du décalage horaire.
Elle s’est par la suite rendue à Prague, où elle affirme avoir trouvé sa porte de chambre d’hôtel entrebâillée de manière anormale, et détecté dans la pièce une odeur de parfum qu’elle ne connaissait pas. Dans la ville tchèque, la Russe aurait ressenti d’“importantes douleurs”, qui se seraient par la suite transformées en “un fort engourdissement”.
L’affaire fait l’objet d’une “enquête de la part d’un service de renseignements occidental”, a-t-elle précisé sur Facebook. Les premières analyses de son sang n’auraient rien montré d’anormal. “J’ai toujours des symptômes neurologiques, mais je me sens beaucoup mieux dans l’ensemble.”
La prudence reste de mise
L’autre personne concernée, une journaliste russe dont la presse ne connaît pas le nom, aurait quant à elle été prise en charge par l’hôpital berlinois de la Charité, l’établissement où Alexeï Navalny avait été soigné en 2020 après une tentative d’empoisonnement par un neurotoxique de type Novitchok.
Plusieurs journaux allemands comparent d’ailleurs l’affaire aux mésaventures de l’opposant russe. “Les recherches des médias montrent que les services secrets russes étaient derrière son empoisonnement et plusieurs autres”, précise notamment T-Online.
Le Tagesspiegel reste néanmoins prudent – particulièrement concernant la journaliste russe anonyme. “Ce que l’on connaît de cette affaire reste encore très vague, assure-t-il. La patiente n’a pas donné d’informations sur ses symptômes. D’après elle, ils pourraient même avoir commencé avant la conférence de Berlin.”