Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 12 avril 2023

Le Captagon a transformé la Syrie en narco-Etat

 

Le Captagon  est aujourd’hui le moteur économique et la première source de revenus du régime de Bashar al Assad en Syrie. De 2011 à 2023, la Syrie est devenue le premier producteur mondial de ce stimulant synthétique, massivement consommé dans la région du Golfe. Le Captagon génèrerait un chiffre d’affaires de 3.5 milliards de dollars par an.



L’année dernière, les États-Unis ont présenté le US Captagon Act de 2022, qui établissait clairement un lien entre la drogue et le régime syrien en la qualifiant de « menace transnationale pour la sécurité ».  

Cette transformation de la Syrie en narco-Etat est la conséquence du boycott des Etats arabes. Après avoir réprimé la révolte de 2011 dans le sang, le régime syrien a été mis au ban des nations arabes et a subi un boycott des pays occidentaux. Il n’a dû sa survie qu’à l’Iran qui a financé le régime en échange du droit d’installer des missiles tous pointés sur Israël et au Captagon.

Le Captagon, enjeu des négociations régionales

Salah Malkawi, un analyste jordanien, affirme qu’il est impossible que la drogue franchisse les frontières sans l’implication de plusieurs acteurs, tous étroitement liés à Assad et à son régime.  Et ces acteurs des contrebandiers syriens, le Hezbollah libanais, des milices irakiennes pro-iraniennes… jouent un rôle clé dans la distribution du Captagon dans tout le Moyen Orient. Le Hezbollah a nié tout lien avec le Captagon, mais il est difficile de le croire tant le mouvement chiite est impliqué dans le trafic de drogue en général. 

Aujourd’hui que les pays arabes semblent à peu près d’accord pour renouer avec Bashar al Assad, certains analystes affirment que le Captagon pourrait devenir un enjeu de négociations.

Les Etats arabes contaminés par la consommation de Captagon sont doublement furieux : ils voient leur population devenir dépendante et ils sont obligés de dépenser des budgets de plus en plus conséquents pour tenter de sécuriser leurs frontières.

Mais même si des accords sont conclus entre la Syrie et ses voisins sur l’arrêt des exportations de drogue, il est peu probable qu’Assad abandonne complètement le commerce. Ce pays à l’économie détruite et dont les élites sont parties pour la Turquie et l’Europe n’a guère de source de revenus de remplacement.