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mercredi 12 avril 2023

Découverte d’un nouveau logiciel espion venu d’Israël

 

Un nouveau logiciel espion de fabrication israélienne, ressemblant au programme Pegasus, a été utilisé pour cibler des journalistes et des personnalités politiques dans plusieurs pays, révèle ce mercredi 12 avril le laboratoire de recherche canadien Citizen Lab.

C’est l’un des nombreux logiciels de ce type concoctés en Israël. Beaucoup ont pour point commun d’avoir été créés par des entreprises où officient d’anciens membres du renseignement militaire israélien reconvertis dans l’espionnage ou la désinformation en ligne.

Un nouveau logiciel d’Israël à visée internationale

Le nouveau logiciel espion a été créé par l’entreprise QuaDream, fondée par un ancien responsable militaire israélien et ancien membre de la société israélienne NSO Group, le créateur de Pegasus, affirme Citizen Lab.

D’après ce dernier, au moins cinq personnes ont été ciblées par le logiciel en Amérique du Nord, en Asie centrale, en Asie du Sud-Est, en Europe et au Moyen-Orient. « Parmi les victimes figurent des journalistes, des personnalités de l’opposition politique et un membre d’une ONG », a indiqué l’organisation, précisant qu’elle ne les identifierait pas pour l’instant.

Citizen Lab a expliqué qu’une fois placé sur le téléphone ou l’ordinateur, le logiciel espion de QuaDream peut enregistrer le son d’un appel téléphonique, prendre des photos et effectuer des recherches dans les fichiers de l’appareil… Le tout à l’insu de l’utilisateur.

Selon Citizen Lab, QuaDream a vendu ce logiciel espion à des gouvernements, notamment Singapour, l’Arabie saoudite, le Mexique, le Ghana, ou encore l’Indonésie et le Maroc.

Israël au cœur des révélations successives sur des logiciels espions

Des entreprises israéliennes ont déjà été épinglées plusieurs fois pour des faits d’espionnage et de piratage. L’un des scandales les plus retentissants a été celui des révélations en cascade autour du logiciel Pegasus, exporté par la société NSO. En juillet 2021, une enquête coordonnée via le réseau Forbidden Stories avait révélé une liste de plus de 50 000 noms d’individus susceptibles d’avoir été surveillés via Pegasus

NSO a elle aussi été fondée, en 2010, par trois anciens membres du renseignement militaire spécialisé dans l’électromagnétique et le décryptage de codes au sein de l’unité 8200, unité de renseignement de l’armée. Actuellement, plus d’un quart des employés de NSO sont toujours issus de cette unité 8200, d’après Dov Alfon. L’actuel directeur de la publication de Libérationa lui-même été un ancien membre de l’unité avant de rallier la cause des objecteurs de conscience israéliens, qui refusent de servir dans les territoires occupés.

« Team Jorge », l’entreprise d’influence ultrasecrète

Le 15 février 2023, le consortium de Forbidden Stories avait aussi révélé l’existence de « Team Jorge », une officine de désinformation basée en Israël, qui utilise l’intelligence artificielle pour tenter d’influencer les résultats d’élections via les réseaux sociaux.

Cette entreprise israélienne reprend les savoir-faire du pays dans l’intelligence artificielle et la technologie de pointe en matière de renseignement. Dès le scandale de Cambridge Analytica en 2018 (une entreprise qui a utilisé et revendu les données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook), le nom de Jorge était apparu, lié aux hackers israéliens.

Des anciens membres du renseignement militaire israélien

À la tête de Jorge, Forbidden Stories a identifié Tal Hanan. Cet ancien militaire des forces spéciales, ex-commandant adjoint de l’armée israélienne, est le PDG de Demoman International, une entreprise privée travaillant dans la sécurité et le renseignement.

Mashi Meidan, un partenaire de Tal Hanan, serait, lui, un ancien du Shabak, le service de renseignement intérieur israélien. Même profil pour un autre membre du groupe, Shuki Friedman, lui aussi ancien officier du service de renseignement israélien.

la-croix.com