L’abandon de l'utilisation du dollar dans les échanges commerciaux au profit des monnaies nationales est une "tendance irréversible", a avancé le chef de la diplomatie russe.
"En charge de la finance internationale et de l'économie mondiale, en utilisant le rôle dominant du dollar, les Américains ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis", a-t-il déclaré ce 14 avril lors de la conférence de presse suite à sa visite en Ouzbékistan.
Le diplomate a constaté une "fuite loin du dollar" qui "n'est pas encore très rapide", mais qui va prendre de l'ampleur.
"L'insolence des Occidentaux"
La politique des sanctions "ne mène nulle part", a avancé le diplomate.
Il a pareillement dénoncé la pression des pays occidentaux sur les partenaires de la Russie, les forçant à refuser une coopération avec Moscou: "L'insolence des Occidentaux […] dépasse toutes les limites, elle est perçue comme un manque de respect pour l'autonomie, l'indépendance des pays qui subissent ce genre de pressions ".
Crépuscule des idoles: comment les BRICS vont-ils éclipser l'Occident?
Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) tendent à éclipser les grandes puissances occidentales, déclare Valdir da Silva Bezerra, chercheur au Groupe d'études sur les BRICS de l'Université de São Paulo (GEBRICS-USP), dans un article pour Sputnik.
Il rappelle que, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), la contribution des BRICS au PIB mondial en parité de pouvoir d'achat sera supérieure à 50% en 2030. Déjà en 2020, elle était de 31,5%, contre 30% pour les pays du G7.
Ensemble, les cinq pays des BRICS représentent plus de 40% de la population de la planète et plus d'un tiers de l'approvisionnement mondial en produits alimentaires.
"Nous assistons au crépuscule des (anciennes) idoles du système international, qui annonce la naissance d'une nouvelle ère. C’est la reconnaissance sans équivoque du rôle des BRICS comme facteur de transformation politique globale, vers l'établissement d'un monde véritablement multipolaire", indique Valdir da Silva Bezerra.
En effet le groupe des cinq, à travers son programme, serait plus attractif pour les pays en développement que ce que proposent depuis des lustres les organisations occidentales.
Pourquoi les BRICS?
La popularité croissante des BRICS s’explique d’une part, par leur volonté de créer un monde multipolaire. D’autre part, c’est le résultat de la méfiance à l'égard des privilèges exorbitants des États-Unis dans le système monétaire, selon M.da Silva Bezerra. En effet, Washington est dans une position privilégiée principalement en raison du rôle du dollar comme monnaie d'échange internationale et réserve de valeur.
En plus, les principales institutions financières multilatérales d'après-guerre, comme la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI), traversent une crise de légitimité.
Dès leur création en 2009, les BRICS ont jugé nécessaire d'accroître la "voix et la représentation" des pays en développement dans les mécanismes de gouvernance mondiale. Ils cherchent à promouvoir une "mondialisation économique ouverte, inclusive et équilibrée".
Dans le même temps, la force relative des États membres du G7 au cours des années 1990 et 2000 résidait en partie "dans le manque de coordination politique existante entre les économies émergentes", estime le scientifique.
Centres d'influence culturelle et civilisationnelle dans le monde
L’approche des BRICS au fil des années a démontré que le groupe a toujours préconisé l'existence de multiples centres d'influence culturelle et civilisationnelle dans le monde, relève l’expert des BRICS.
"Ce discours va à l'encontre des prétentions universalistes des valeurs américaines et du soi-disant mode de vie américain", poursuit M.da Silva Bezerra.
Voilà pourquoi plusieurs pays du monde islamique -la Tunisie, la Turquie, l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Égypte et d'autres encore- ont récemment souhaité rejoindre le groupe.
Leadership "collectif" pour défendre le monde multipolaire
Les BRICS représentent l'antithèse de ce modèle hégémonique mondial des anciennes "idoles", dans lequel un seul centre de pouvoir a la capacité d'imposer ses visions et ses préférences aux autres acteurs du système.
Le nouveau modèle est basé sur un leadership "collectif", la multipolarité dans le monde.
"Tout dans la vie a son cycle et sa durée. Aujourd'hui, nous assistons au déclin des puissances occidentales, dû à la dispersion du pouvoir politique et économique vers de nouveaux centres d'influence. Le jour touche à sa fin pour les vieilles idoles. Mais il se lève pour les BRICS", conclut le chercheur.
"Créer un monde meilleur"
La Nouvelle banque de développement (NBD) des BRICS renforce son rôle dans la création d’un monde meilleur "avec moins de pauvreté, d’inégalité et plus de durabilité", a déclaré ce jeudi 13 avril le Président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, en visite d’État en Chine.
Le dirigeant brésilien a fait cette déclaration à Shanghaï, lors de la cérémonie d’investiture de Dilma Rousseff, ex-Présidente brésilienne, élue à la tête de cette institution financière le 24 mars, selon un communiqué de la banque.
"En prenant ses fonctions de présidente de la Banque, Mme Dilma Rousseff apporte sa vaste expérience et ses connaissances approfondies des politiques publiques et de la scène internationale, renforçant ainsi le rôle de premier plan de la NDB dans la réalisation d’un monde meilleur, sans pauvreté ni famine", a-t-il indiqué.
Créée par les BRICS en 2014, la NDB a été officiellement ouverte à Shanghaï le 21 juillet 2015. Elle est destinée à financer des projets d'infrastructure et de développement durable au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et dans d'autres pays en développement.
Plusieurs États -entre autres l’Algérie, l’Argentine et l’Iran- souhaitent intégrer le groupe des cinq. Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Indonésie et la Turquie aimeraient aussi participer à ses activités.