Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 27 avril 2023

Entre Berlin et Moscou, la guerre des espions bat son plein

 

Un prêté pour un rendu. Après le renvoi par l’Allemagne d’une cinquantaine de diplomates accusés d’être des espions russes, le Kremlin vient de rendre la pareille aux Allemands. Plus de vingt personnes ont dû quitter le territoire russe, a-t-on appris samedi 22 avril.

“On savait déjà que les services secrets russes continuaient à espionner en Allemagne comme au temps de la guerre froide”, assure la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais il semblerait que désormais les postes diplomatiques soient particulièrement prisés par les agents, en raison de l’immunité dont ils bénéficient.

Sur les 540 diplomates de l’ambassade russe à Berlin, environ 180 personnes pourraient être des espions, estiment les services de renseignement intérieur allemands. “Certains travaillent pour le SVR, le service de renseignement extérieur, d’autres pour le GRU, le renseignement militaire, et d’autres encore pour le compte du FSB, chargé des affaires de sécurité intérieure, qui emploie à lui seul près de 350 000 personnes.”

La fin d’une ère

Face à ce phénomène, la stratégie allemande a évolué. Alors que le gouvernement de l’ancienne chancelière conservatrice Angela Merkel “s’était montré frileux vis-à-vis des activités des services secrets russes”, celui du social-démocrate Olaf Scholz a décidé de durcir le ton et de réduire le nombre de personnes accréditées en Allemagne.

Dès avril 2022, le pays expulsait une quarantaine de diplomates russes dans un contexte de guerre en Ukraine, “premier signe annonçant le changement de cap du gouvernement et du ministère des Affaires étrangères, dirigé par l’écologiste Annalena Baerbock, sur la gestion de l’espionnage”. Et la mise au jour d’une taupe au sein même des services de renseignement allemands, début 2023, n’a fait que renforcer cette volonté d’agir.

“Après la fin de la guerre froide, l’Allemagne avait largement suspendu son programme de contre-espionnage”, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le pays estimait qu’il devait davantage miser sur l’apaisement et les discussions diplomatiques. En 2019, le meurtre à Berlin d’un Géorgien d’origine tchétchène par un homme lié au FSB avait par exemple eu des répercussions diplomatiques limitées. Cette ère semble désormais révolue.

courrierinternational.com