Au Mali, certaines localités semblent susciter davantage l’attention des groupes armés terroristes [GAT] que d’autres. Tel est le cas de celle de Boni, située entre Douentza et Hombori, dans la région de Mopti, qui a une nouvelle fois été attaquée par des éléments du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM/JNIM] à l’aube du 3 février.
Ainsi, un poste des Forces armées maliennes [FAMa] a été la cible d’un assaut lancé par des « individus lourdement armés » et utilisant au moins un véhicule blindé, a priori aux couleurs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA]. Les relais téléphoniques avaient été préalablement sabotés.
L’attaque a rapidement été revendiquée par le GSIM, via l’organe de propagande Tadayt. « Ce matin, les combattants du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ont pris le contrôle de la base militaire de l’armée renégate dans le village de Boni. Louange à Dieu, et gloire », a-t-il affirmé en utilisant la messagerie Telegram.
On ignore la provenance du blindé utilisé par les jihadistes. Via sa page Twitter, le journaliste Wassim Nasr a évoqué un engin volé au contingent égyptien de la MINUSMA ou « maquillé en tant que véhicule » de la mission de l’ONU.
« Les jihadistes ont pris au moins une douzaine de blindés aux forces maliennes, burkinabè et nigériennes ces dernières années », a précisé Héni Nsaibia, chercheur au projet ACLED, auprès de l’AFP. « Ces blindés peuvent ensuite se retrouver d’un pays à l’autre », a-t-il ajouté.
Quoi qu’il en soit, cette attaque contre le poste de Boni a donné lieu à l’intervention de la force aérienne malienne ainsi que celle de Barkhane, qui a envoyé sur place un drone [MQ-9 Reaper], une patrouille de Mirage 2000 et deux hélicoptères d’attaque Tigre. Ces appareils ont « procédé à plusieurs frappes », selon le colonel Frédéric Barbry, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA], cité par l’AFP.
« Les forces armées maliennes ont procédé à un repli tactique et se sont regroupées à l’extérieur du camp pour contenir les assaillants et appeler les renforts », a expliqué le colonel Barbry. Les frappes ont permis de « neutraliser » une vingtaine de jihadistes et de détruire le blindé ainsi que 16 motos.
Dans un premier temps, l’état-major malien a fait état, dans les rangs des FAMa, de neuf tués et de six blessés, lesquels ont été évacué vers Sévaré par des aéronefs de la MINUSMA et de la force aérienne malienne. Puis, le bilan s’est établi à dix morts. En outre, d’importants dégâts ont été infligés au camp de Boni. A priori, les jihadistes auraient eu le temps de s’emparer d’équipements militaires, puis de les emporter vers la forêt de Serma.
L’attaque s’est produite dans un secteur où a récemment été menée l’opération « Éclipse ». La semaine passée, l’état-major malien fit état de l’élimination d’une « centaine de jihadistes » au cours de cette dernière.
Lors d’une audition parlementaire, en décembre, le général Marc Conruyt, le commandant de la force Barkhane, avait estimé que le GSIM était devenu « l’ennemi le plus dangereux » au Sahel, les capacités de l’État islamique au grand Sahara [EIGS] ayant été dégradées par les différentes opérations menées dans la région dite des trois frontières, en 2020.
« Soyons clairs : cet ennemi nous cible au Sahel et le ferait probablement en France s’il en avait l’occasion. Cet ennemi est rusé, agile, capable à la fois d’une vision et de coups tactiques. Il dispose de compétences critiques et d’une expérience acquise sur le long cours », avait en effet expliqué le général Conruyt, soulignant la capacité de cette organisation jihadiste, liée à al-Qaïda, à « se réinventer. »