L’espion se trouve en orbite à quelque 800 kilomètres au-dessus de nos têtes. Le satellite d’observation militaire CSO-1 est capable de cartographier une ville, un aéroport, une zone de conflit en très haute résolution et d’envoyer ces informations au sol ou directement vers un avion de chasse par exemple. Cette qualité d’image permettrait de distinguer une arme montée à l’arrière d’un pick-up. Est-il capable de plus de précision ? Sur ce point, c’est "Secret-Défense".
La résolution d'image du satellite CSO est une information "Secret Defense" - © Airbus
Des satellites d’observation militaire pilotés d’Evere
La Belgique a investi 100 millions d’euros pour pouvoir accéder à ces images mais ce n’est pas tout. Les renseignements militaires ont surtout l’occasion de piloter et programmer le satellite pour lui dire où regarder et que photographier.
Le poste de pilotage se trouve au cœur du Quartier général de la Défense à Evere et plus précisément dans le centre géospatial du SGRS : le Service Général du Renseignement et de la Sécurité. Le SGRS surveille la menace en Belgique et envers les intérêts belges à l’étranger.
Pour la première fois, notre caméra est autorisée à filmer ses installations. Parmi le personnel, nous rencontrons une "pilote" du satellite chargée de programmer les prises de vue. À ses côtés, de jour comme de nuit, certains veillent à la qualité des images reçues et excluent celles où la couche nuageuse est trop importante.
Dans la salle voisine se trouvent les analystes. Ils détaillent chaque carte : un quartier rue par rue au Mali pour nos militaires sur place ; un port et ses bateaux. Si un convoi se déplace en zone de guerre, l’historique du tracé est analysé. Dans les bases de données, tous les incidents, attentats survenus le long d’une route empruntée sont référencés.
Les analystes bruxellois cartographient des villes, des aéroport, des zones de conflit, etc. - © Airbus
Un futur trio de satellites
Le programme satellitaire CSO est géré par la France. Une fois complet, il sera composé de trois satellites.
Seules les images de CSO-1 sont déjà utilisables par la Belgique pour l’instant. Il faut encore attendre la liaison avec CSO-2, lancé depuis Kourou en décembre. La qualité du détail augmentera encore puisqu’il se trouve à 480 kilomètres du sol, soit deux fois plus près que le premier. Enfin, CSO-3 sera lancé en octobre 2021. Ce trio couvrira plus de zones terrestres et multipliera le nombre de passages au même endroit.
Le programme français de satellites CSO est utilisé par les services de renseignements militaires belges - © Airbus
Un support pour les catastrophes ou grands événements
Ces images satellitaires doivent également répondre à des questions posées par les autorités belges. Elles doivent permettre une prise décision rapide pour des raisons civiles.
Lors de la Coupe du Monde au Brésil, les Affaires étrangères ont voulu se faire une idée claire d’où se trouvaient les hôpitaux, les voies d’évacuation, les aéroports pour évacuer ou soigner des citoyens belges s’ils étaient en difficulté sur place. L’ancien système satellite Helios a alors été utilisé.
Cet œil sur le monde peut également être utile lors d’une catastrophe comme un tremblement de terre.
"On va pouvoir prendre une image et déterminer avec nos analystes quelles sont les zones qui ont été affectées, endommagées ; quels sont les services qui ne peuvent plus être assurés sur place. On va trouver aussi les endroits où les ONG, B-Fast peut s’installer, là où il y a encore de l’eau et de l’électricité et de la place pour installer un hôpital de campagne" explique le Major Michael Fallay Commandant du centre géospatial du SGRS.