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lundi 25 janvier 2021

Rente, protection, renseignements : les avantages de l'ex-président Trump

 

Depuis le 20 janvier 2021 à midi, heure de la passation de pouvoir entre Donald Trump et Joe Biden, le magnat des affaires est redevenu un citoyen américain lambda - ou presque. Mais Trump se prépare à affronter une retraite loin d'être paisible : de nombreuses procédures judiciaires sont en cours, à commencer par l'impeachment.

Selon la loi en vigueur, le statut d'ex-président lui donne droit à une rente annuelle de 221.400 dollars, ainsi qu'à bien d'autres avantages. Mais si le 45e président des Etats-Unis est jugé coupable par le Sénat, ses droits pourraient bien finir en peau de chagrin.

Jusqu'à la fin des années cinquante, les ex-présidents repartaient les mains dans les poches après avoir quitté la Maison Blanche. Le Congrès a remédié à cette situation, devant l'embarras causé par Harry Truman et ses maigres revenus après avoir quitté la fonction suprême. En 1958, le « Former Presidents Act » (la loi sur les anciens présidents en VF) fixait la rente présidentielle à 25.000 dollars par an. A l'heure actuelle, elle est calquée sur le salaire d'un ministre, soit environ 221.000 dollars annuels.

La marque Trump a longtemps été associée à une exubérance de richesse, mais l'ex-président pourrait bientôt avoir réellement besoin de cette rente. Selon le New York Times, ses entreprises perdraient des contrats à tour de bras, en raison de l'image de plus en plus toxique de son propriétaire. Or, endetté à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars, le conglomérat Trump doit bientôt rembourser ses emprunts.

Un bureau et du personnel

Le « Former Presidents Act » finance aussi des locaux et une petite équipe pour les présidents n'ayant rempli qu'un seul mandat. Un ex-président peut choisir ses collaborateurs, et le budget total pour les ressources humaines est de 150.000 dollars par an pendant les 30 premiers mois post-Maison Blanche, et 96.000 dollars annuels par la suite.

La mise à disposition d'un bureau financé par le gouvernement pourrait potentiellement déclencher un conflit entre Trump et l'administration Biden. Au lieu d'établir un budget fixe pour les locaux, la loi prévoit que « l'Administrateur des Services Généraux doit pourvoir à chaque ancien président des locaux adaptés, meublés et équipés de façon appropriés, à déterminer par l'Administrateur, sur le sol américain, au choix de l'ex-président ». Par conséquent, Trump pourrait choisir d'établir ses nouveaux bureaux dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride , mais ce sera à l'Administrateur de déterminer si cet espace est « adapté ».

Des briefings de sécurité (sur la sellette)

Il est de coutume que les ex-présidents reçoivent des briefings liés aux renseignements. Susan Gordon, ancienne directrice adjointe du renseignement national, a expliqué dans les colonnes du Washington Post que le but de ces réunions est d'encourager à « perpétuer l'implication des ex-présidents dans le but de faire progresser les intérêts des Etats-Unis ».

Un ex-président n'est cependant pas obligé - par la loi - d'avoir accès à ces briefings. C'est plutôt une marque de courtoisie à leur égard. Compte tenu de la législation en vigueur, Susan Gordon plaide pour que le président Biden prive Trump de ces informations, en raison de son « profil de sécurité » exceptionnel. Trump « peut être particulièrement vulnérable auprès de personnes mal intentionnées », écrit-elle, et souligne aussi que ses « engagements commerciaux conséquents avec des entités étrangères » pourraient représenter un conflit d'intérêts.

Un service de protection

Les ex-présidents bénéficient aussi d'une garde rapprochée, chargée de leur sécurité personnelle. Ce sont l'United States Secret Service (USSS), sous la houlette du département de la Sécurité intérieure, qui assume ce rôle. Si un ex-président refuse cette protection, il peut recevoir jusqu'à 1 million de dollars (et 500.000 dollars pour son épouse), chaque année, pour ses dépenses liées à sa sécurité et ses déplacements.

En théorie, le ministère de la Sécurité intérieure peut refuser à Trump la protection de l'USSS. Le Congrès pourrait aussi voter un amendement pour l'empêcher d'en bénéficier.

Une allocation pour sa veuve

Si le 45e président décède avant son épouse, Melania Trump aura le droit à une allocation de 20.000 dollars par an, à condition qu'elle ne se remarie pas avant d'avoir 60 ans.La loi prévoit une allocation de ce genre pour la veuve de chaque ex-président. Donc, si les Trump divorcent, elle n'y aura pas le droit. Et si Donald Trump venait à se remarier, ce serait sa nouvelle épouse qui serait éligible aux versements.

A noter

Selon une analyse réalisée par la « National Taxpayers Union Foundation », depuis 2000, 56 millions de dollars en pensions et autres bénéfices ont été versés aux quatre ex-présidents encore en vie.

Neïla Beyler

lesechos.fr