Vous pensez peut-être que la pandémie ou le risque de dépression économique sont les plus grands dangers qui guettent les États-Unis. Pas pour John Ratcliffe, le directeur du Renseignement national des États-Unis.
Selon lui, la Chine constitue le principal danger contre la démocratie et la liberté. Le principal danger « depuis la Seconde Guerre mondiale ». En d’autres termes, la menace chinoise est pire que la menace autrefois posée par l’Union soviétique. Selon Ratcliffe, la Chine tenterait « de dominer les États-Unis et le reste de la planète économiquement, militairement et technologiquement ».
En quoi ces propos sont-ils surprenants ?
Ratcliffe est un fidèle de Donald Trump. Il règne sur tous les services de renseignements américains. Il a accès à toutes les informations des services de renseignements. Fort de toutes ces informations, il a donc publié ce jeudi une lettre, dans le Wall Street Journal, pour mettre en garde les Américains. Cependant, Ratcliffe avait déjà déclaré en mai dernier, lors de son assermentation à ce poste, que la Chine constituait le principal ennemi des États-Unis. La lettre de Ratcliffe est d’autant plus surprenante que le Directeur du Renseignement national s’exprime rarement sur la place publique, et on comprend bien pourquoi. Par ailleurs, les démocrates et les républicains partagent à peu près la même vision sur la Chine, ce qui rend sa sortie encore plus étonnante.
Que dit Ratcliffe dans sa lettre ?
Ratcliffe révèle dans sa lettre un certain nombre de nouvelles informations sur les agissements de la Chine, en plus de donner des exemples concrets. Selon lui, la façon d’opérer de la Chine tient en trois mots : « voler, reproduire et remplacer ». Les vols de technologies coûteraient annuellement 500 milliards de dollars aux États-Unis. Ratcliffe donne, entre autres, l’exemple du directeur du département de chimie de l’Université Harvard, qui, jusqu’à récemment, se faisait payer 50 000 $ par mois par des agents chinois. Il dénonce les expériences du gouvernement chinois destinées à produire des soldats avec des capacités biologiques artificiellement augmentées. Le gouvernement chinois planterait aussi des vulnérabilités dans les appareils électroniques vendus par les compagnies chinoises. Enfin, Pékin orchestrerait de vastes campagnes de pression sur les élus américains.
Pourquoi publier cette lettre maintenant ?
C’est peut-être ici que se trouve la véritable raison pour laquelle Ratcliffe choisit de publier sa lettre : il cherche sincèrement à alerter les élus et les dirigeants économiques contre l’influence du gouvernement chinois. Par ailleurs, il est probablement inquiet que certaines personnes de l’administration Trump semblent chercher à négocier des accusations réduites pour la vice-présidente de Huawei, Meng Wanzhou. En effet, un arrangement qui aurait pour résultat de libérer madame Meng de sa prison au Canada ferait perdre à Joe Biden une carte de négociation avec la Chine. La rancœur de Trump pourrait expliquer cette soudaine générosité.
Que veut Joe Biden ?
L’approche envers la Chine esquissée par Biden conforte celle de Ratcliffe. Biden, contrairement à Trump, estime que les États-Unis sont trop faibles pour affronter seuls la Chine. Il veut donc construire une vaste alliance avec les alliés que les États-Unis possèdent encore.
La Chine peut-elle réellement l’emporter ?
Oui, la menace est réelle. Le gouvernement de Xi Jinping fait tout ce qu’il peut pour détacher les États-Unis de leurs alliés. Mais ce gouvernement dictatorial est arrogant, brouillon et très enraciné dans des croyances idéologiques qui remontent à la Révolution culturelle. C’est une de ses grandes faiblesses.