Une série de fusillades ont fait au moins trois morts (deux hommes et une femme), lundi soir en plein centre de Vienne. Une quatrième personne, une femme, est décédée mardi des suites de ses blessures. Le maire de la ville a, par ailleurs, fait état de 15 personnes hospitalisées, dont 6 dans un état grave.
Les fusillades ont éclaté en tout début de soirée, à quelques heures de l’entrée en vigueur d’un reconfinement de l’Autriche pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Le drame s’est déroulé en plein cœur de la ville, près d’une importante synagogue et de l’Opéra. «Six différents lieux» ont été visés, a précisé la police.
Un des agresseurs, «un sympathisant de l’Etat islamique» selon le ministre de l’intérieur, a été abattu par la police, intervenue rapidement sur les lieux et dont l’un des membres a été blessé. «Au moins un suspect se trouve en fuite», a déclaré dans la nuit le ministre autrichien de l’Intérieur Karl Nehammer. A ses côtés, le directeur général de la Sécurité publique, Franz Ruf, a annoncé «un renforcement des contrôles aux frontières» et la mise en place de barrages dans la ville. Les attaques n’ont à ce stade pas été revendiquées, quelques jours après des attentats survenus en France.
L’armée déployée dans la capitale
Le ministre a appelé les habitants à faire montre de prudence et à rester chez eux. «Restez à la maison! Si vous êtes dehors, réfugiez-vous quelque part! Restez loin des lieux publics, n’utilisez pas les transports!», a lancé la police sur son compte Twitter.
Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de la capitale, et les enfants ont été dispensés d’école mardi.
Le chancelier Sebastian Kurz a vivement condamné ces attentats. «Nous ne nous laisserons jamais intimider par le terrorisme et nous combattrons ces attaques avec tous nos moyens», a-t-il affirmé.
Etat de choc à l’international
L’Union européenne a elle aussi fustigé «avec force» cette «horrible attaque», selon les mots du président du Conseil européen Charles Michel, évoquant «un acte lâche» qui «viole la vie et nos valeurs humaines». Pour sa part, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a écrit, également sur Twitter: «L’Europe est totalement solidaire de l’Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur.»
«Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien», a réagi de son côté le président français Emmanuel Macron. L’Allemagne, l’Australie, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne ou encore la Grèce ont aussi fait part de leur «choc» et de leur solidarité.
Cette nouvelle attaque, dans une ville où la criminalité est habituellement très faible, intervient dans un climat très tendu en Europe. En France, trois personnes ont été tuées jeudi dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice (sud-est) par un jeune Tunisien fraîchement arrivé en Europe.
L’Autriche avait été jusqu’ici été relativement épargnée par la vague d’attentats islamistes survenue en Europe ces dernières années. Les attentats au bilan le plus lourd en Autriche ont fait à chaque fois quatre morts: l’attaque du groupe palestinien Abu Nidal contre le comptoir de la compagnie aérienne israélienne El Al à l’aéroport de Vienne (1985), la bombe artisanale posée par le néonazi Franz Fuchs à Oberwart visant la communauté rom (1995), et les lettres piégées envoyées par le même Fuchs (1993-1997).
ATS